Le président de l’université de Caen Normandie, Lamri Adoui, s’est rendu le 15 mars dernier à la Commission Européenne à Bruxelles. Accompagné d’une délégation de l’université et de ses homologues européens, il a défendu devant des membres de la Commission le projet d’alliance Across European University.
Regroupant huit universités issues de huit pays différents, cette alliance, coordonnée par notre université, a pour objectif de créer une université européenne inclusive d’ici 2030. Le projet a officiellement été déposé auprès de la Commission le 23 mars. Si ce projet d’alliance est validé, il permettra d’obtenir neuf millions d’euros.
Les universités européennes, un pas de plus dans la création d’un espace européen de l’éducation
Lancée en décembre 2017 par la Commission européenne, l’initiative d’Universités européennes s’intègre dans le cadre d’un vaste projet de création et de structuration d’un espace européen de l’éducation. La mise en place d’une nouvelle génération de campus inter-universitaires à l’échelle européenne, articulée autour d’initiatives et de projets traitant des problématiques sociétales communes (transition écologique, intelligence artificielle…), vise à améliorer la qualité et l’attractivité de l’enseignement supérieur européen.
Cette nouvelle étape de l’intégration européenne vise à aller au-delà des traditionnels échanges d’étudiants, qui ont fait la renommée et le succès d’un programme comme Erasmus+.
Les universités européennes s’engagent ainsi à définir des stratégies communes à long terme, fortement intégrées dans les gouvernances de chacun, et permettant une réelle mise en commun de moyens.
Elles doivent également imaginer un nouveau modèle de campus européen, facilitant la mobilité de tous et pouvant garantir, à terme, qu’au moins 50% des étudiants, de la licence au doctorat, pourront bénéficier d’une mobilité, qu’elle soit physique, virtuelle ou hybride.
AcrossEU, un projet de transformation européenne à l’horizon 2030 axé autour des notions d’inclusion et de territoire(s)
L’alliance AcrossEU, coordonnée par l’université de Caen Normandie, souhaite dresser des ponts et briser les barrières entre les différentes universités partenaires en mettant en relation les étudiants, les enseignants-chercheurs, le personnel universitaire et les acteurs régionaux. La trajectoire fixée pour 2030 s’articule autour de quatre directives européennes :
- Défendre les valeurs européennes, avec la promotion et la défense des droits de l’homme et les valeurs européennes comme la paix, l’égalité des genres, l’inclusion, ou encore la diversité.
- Être moteur de changement, avec la création d’une nouvelle université européenne structurée et inclusive à l’horizon 2030.
- S’ouvrir sur la société, en stimulant la création de nouveaux savoirs, en facilitant l’éducation tout au long de la vie et en développant des coopérations actives entre la recherche scientifique et la société civile.
- Accompagner le développement régional en stimulant des projets de recherche et d’innovation conjoints, en développant les enseignements transdisciplinaires et en soutenant l’entrepreneuriat étudiant.
Dans son approche des échanges et de la mobilité, AcrossEU ne se contentera pas de faire converger – essentiellement virtuellement – les étudiants et les personnels d’un pays à un autre, mais déplacera également leurs perspectives d’un champ disciplinaire à un autre.
AcrossEU souhaite aussi contribuer activement au développement régional, notamment grâce au soutien des laboratoires de recherche et d’innovation, de la formation interdisciplinaire et de l’apprentissage tout au long de la vie (requalification et perfectionnement).
Si le projet est retenu par la Commission Européenne, la première tranche de financement sera utilisée pour développer un programme d’études ascendant, interdisciplinaire, avec des possibilités d’apprentissage par l’expérience, co-créé et mis en œuvre par tous les partenaires et qui posera progressivement les bases de programmes de doubles diplômes et de diplômes européens dans l’ensemble de l’Union Européenne.
Les membres de l’alliance AcrossEU
- l’université de Laponie (Université de Laponie et Université des sciences appliquées de Laponie – Finlande)
- l’université de Pardubice (République-Tchèque)
- l’università degli Studi di Siena (Italie)
- Ss. Cyril et Methodius University à Skopje (Macédoine du Nord)
- l’université d’Umeå (Suède)
- l’universidad de Valladolid (Espagne)
- l’université de Fribourg (Suisse), comme partenaire associé
Les universités partenaires ont comme point commun d’être fortement ancrées dans leur territoire régional et de partager les mêmes valeurs d’inclusion.
L’alliance AcrossEU en chiffres
- 8 pays
- 9 universités
- Plus de 160 000 étudiants
- Plus de 15 000 enseignants et personnels
- Et, à l’échelle des territoires concernés, une population civile de 10 millions d’habitants.
En savoir plus sur l’espace européen de l’éducation…
Les universités européennes s’inscrivent en continuité des grandes transformations de l’enseignement supérieur et de la recherche amorcées depuis la signature de la déclaration de Bologne en 1999.
La mise en place d’un schéma interchangeable entre systèmes d’enseignement supérieur, via notamment la mise en place du système Licence Master Doctorat, ainsi que d’une validation des formations par un système d’accumulation de crédits, transférables entre établissements et favorisant ainsi la mobilité des étudiants, enseignants et des chercheurs a permis la mise en place en 2010 à Budapest d’un espace européen de l’enseignement supérieur.
La mise en place d’universités européennes vise ainsi à structurer la nouvelle étape de l’intégration européenne, l’espace européen de l’éducation.
Le sommet social de Gôteborg en 2017 a notamment pu tracer une feuille de route pour aller vers “Une Europe dans laquelle aucune frontière n’empêcherait quiconque d’apprendre, d’étudier et de faire de la recherche. Un continent sur lequel passer du temps dans un autre État membre – pour étudier, pour apprendre ou pour travailler – est devenu habituel et où parler deux langues en plus de sa langue maternelle serait devenu la norme. Un continent sur lequel les gens auraient un sens aigu de leur identité en tant qu’Européens, ainsi que du patrimoine culturel de l’Europe et de sa diversité. “
Retrouvez ici les principales questions-réponses sur le processus de Bologne.