Malgré quelques progrès, les traitements actuels contre la maladie d’Alzheimer ciblent essentiellement les symptômes et restent limités dans leurs effets. Dans ce contexte, le repositionnement de médicaments déjà autorisés pour d’autres pathologies constitue une approche particulièrement intéressante, car elle permet de réduire le temps et les coûts nécessaires à la mise sur le marché d’un traitement. Cette stratégie pourrait accélérer l’accès à de nouvelles solutions thérapeutiques pour lutter contre la maladie d’Alzheimer.
Le bambutérol : un vieux traitement anti-asthmatique qui suscite aujourd’hui l’espoir
Des chercheurs du Centre d’études et de recherche sur le médicament de Normandie (CERMN), de l’Institut de génomique fonctionnelle (IGF) à Montpellier, de la société NeuroSys (Gardanne) et de la start-up Ronoma (issue des travaux du CERMN, spécialisée dans le développement de solutions thérapeutiques innovantes contre la maladie d’Alzheimer), ont mis en évidence le potentiel d’un vieux médicament anti-asthmatique dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer – le bambutérol. Ce composé pharmacologique est utilisé de longue date contre l’asthme. Leurs travaux ont été publiés en février 2025 dans la revue Communications Biology. « Nos résultats démontrent un fort potentiel du bambutérol dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer. La prochaine étape sera d’évaluer la faisabilité d’un essai clinique pour confirmer ces bénéfices chez l’Homme », explique Patrick Dallemagne, enseignant-chercheur en chimie médicinale et co-fondateur de la start-up Ronoma.
Une administration par voie nasale pour une meilleure efficacité cérébrale
Le bambutérol, administré par voie orale, franchit difficilement la barrière hémato-encéphalique : les chercheurs ont donc développé une formulation intranasale innovante qui permet de mieux cibler le cerveau. Les expériences montrent que cette approche permet au bambutérol d’atteindre rapidement les zones cérébrales visées, de préserver les neurones et de limiter les effets secondaires périphériques. Les résultats obtenus sont encourageants et les chercheurs espèrent désormais pouvoir mettre en place des essais cliniques dans un délai rapproché. En s’appuyant sur les données déjà existantes concernant la sécurité du bambutérol, ils espèrent raccourcir les délais de développement et proposer un nouveau traitement aux patients souffrant de la maladie d’Alzheimer.
Ces travaux ont été financés par Normandie Valorisation et l’Agence nationale de la recherche (ANR).
