Robin de Flores, chercheur en neuroimagerie au sein de l’équipe Neuropresage, est lauréat du prix Joël Ménard 2024, décerné par la Fondation Alzheimer. Ce prix distingue ses recherches en faveur d’une meilleure compréhension des mécanismes de la maladie d’Alzheimer, qui touche aujourd’hui près de 900 000 personnes en France.
Quels sont les enjeux de vos recherches ?
Je cherche à identifier précisément les mécanismes en jeu dans la maladie d’Alzheimer. Qu’est-ce qui facilite la dégénérescence des neurones ? Comment les lésions se propagent-elles dans le cerveau au cours de la maladie ? L’imagerie ultra haute-résolution est une technique particulièrement précieuse en ce sens, car elle permet de révéler ce qui se passe dans notre cerveau. C’est cette approche que j’utilise pour étudier deux régions cérébrales spécifiques, atteintes très tôt dans la maladie d’Alzheimer – l’hippocampe, siège de la mémoire, situé dans le lobe temporal médian, et le locus cœruleus, situé dans le tronc cérébral. Comprendre ce qui se passe très tôt, dans les prémices de la maladie, c’est la clé pour améliorer la prise en charge des patients et augmenter nos chances de guérir la maladie.
Comment êtes-vous venu à la neuroimagerie ?
Je me suis toujours intéressé à l’imagerie ! J’ai d’ailleurs un parcours atypique, à rebours de mes collègues qui, habituellement, passent plutôt par des cursus de médecine, de biologie ou de psychologie. Pour ma part, j’ai fait un DUT Mesures physiques puis une licence professionnelle Acquisition et traitement d’images à l’université de Caen Normandie. C’est vraiment la technique qui m’a attiré en premier lieu et c’est dans un deuxième temps que je me suis orienté vers un master Biologie. J’ai poursuivi avec une thèse encadrée par Gaël Chételat, aujourd’hui directrice de l’équipe Neuropresage. Je me suis ensuite envolé pour les États-Unis, à Philadelphie, le temps d’un contrat post-doctoral de deux ans, pour travailler au sein d’une équipe très à la pointe sur la neuroimagerie dans la maladie d’Alzheimer. J’ai notamment acquis des compétences sur l’approche ex vivo – peu utilisée en France –, réalisée sur des cerveaux issus de dons à la science. Cette approche, je l’ai ramenée avec moi, à mon retour au centre Cyceron, en 2020. C’est une vraie plus-value pour notre équipe et pour nos recherches.
Que signifie le prix Joël Ménard, pour vous et pour vos recherches ?
Ma candidature a été retenue par un jury international, composé de scientifiques dont j’apprécie et admire beaucoup le travail – c’est donc un grand honneur pour moi. Ce prix, qui est remis tous les ans par la Fondation Alzheimer, va faire rayonner nos travaux de recherche en France – je dis bien nos travaux car, même si ce prix est personnel, c’est bien une dynamique d’équipe qu’il vient récompenser. Cette distinction est encourageante pour nos recherches sur le long terme. L’idée est de continuer à construire une équipe autour de mes projets pour leur donner plus d’ampleur et voir plus loin ici, à Caen.