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Un dictionnaire en ligne redonne un visage aux victimes du nazisme en Normandie

  • Dernière modification de la publication :17 avril 2025
  • Post category: Recherche

C’est un projet sans précédent qui a vu le jour en avril 2025. Fruit d’une collaboration avec la Fondation pour la mémoire de la déportation, le dictionnaire des victimes du nazisme en Normandie compte aujourd’hui 5 387 notices biographiques d’enfants, de femmes et d’hommes ayant subi la répression nazie. Enrichi de nombreuses analyses historiques, ce dictionnaire en ligne se veut à la fois outil de recherche, ressource pédagogique et œuvre mémorielle. Rencontre avec Françoise Passera, ingénieure d’études au laboratoire Histemé.

5 400 victimes et un point commun : la Normandie

« Le dictionnaire des victimes du nazisme en Normandie retrace les parcours de vie de près de 5 400 personnes – le chiffre évolue au fil de nos recherches – ayant subi les politiques répressives mises en œuvre par le Troisième Reich en France, au cours de la Seconde Guerre mondiale. Leurs profils sont variés – résistants, maquisards, travailleurs volontaires, prisonniers de guerre, juifs, communistes. Mais toutes et tous ont pour point commun d’avoir été domiciliés, arrêtés et/ou exécutés dans l’un des cinq départements de la région Normandie.

On retrouve par exemple le profil d’un réfugié espagnol arrivé en France en 1939 dans le contexte de la guerre civile, après la prise du pouvoir par le général Franco : il rejoint un camp d’internement dans le sud de la France avant de s’installer dans l’Eure en remplacement des soldats mobilisés sur le front. On retrouve également des femmes résistantes, ayant participé à des réseaux d’évasion et ayant hébergé des aviateurs alliés à leur domicile. Mais aussi des familles juives déportées vers les camps d’extermination ou encore des hommes pris en otages dans le cadre d’actions de représailles. Autant d’histoires singulières et de trajectoires de vie bouleversées. Ce dictionnaire redonne un visage à chacune et à chacun, et rend ainsi l’histoire plus sensible. »

Un éclairage sur les politiques répressives du commandement militaire allemand en France

« Chacune des victimes identifiées dispose d’une notice comprenant tous les éléments connus de son parcours. Cette plateforme, en accès libre et gratuit, dispose de nombreux critères de recherche pour retrouver des profils spécifiques – ce qui en fait un formidable outil pédagogique pour les équipes enseignantes. Ces données biographiques, mais aussi statistiques et cartographiques, permettent de mieux cerner les spécificités des départements normands, au regard des politiques de contrôle, de répression et de persécution des « années noires » étudiées, dans le cadre national, par Gaël Eismann, responsable scientifique du projet. Un article de synthèse est désormais disponible sur le site. »

Un travail d’histoire et de mémoire en constante évolution

« Ces notices s’appuient principalement sur les archives du Service historique de la Défense, à Caen, mais aussi sur les archives départementales. Elles sont le fruit d’un long travail de recherche opéré par le laboratoire Histemé et la Fondation pour la mémoire de la déportation. Plus de 70 historiens, universitaires, archivistes, enseignants et membres d’associations mémorielles ont contribué à la rédaction – en particulier de nombreux anciens étudiants et étudiantes de l’université de Caen Normandie. Nous espérons désormais enrichir ces notices avec des archives personnelles que pourraient nous fournir des familles. Notre ambition, c’est véritablement de nourrir ce dictionnaire en continu, pour faire vivre ce travail d’histoire et de mémoire. Se souvenir du passé n’est jamais vain : c’est participer à notre connaissance du monde actuel. C’est aussi rappeler que les régimes autoritaires ne sont porteurs que de violence et d’injustice. »

À ce jour, les recherches ont permis d’identifier 5 387 victimes

  • 3 693 déportés (dont 704 victimes de persécutions)
  • 311 fusillés à la suite d’une condamnation à mort ou au titre d’otages
  • 893 tués en action ou exécutés sommaires
  • 467 arrêtés sur le territoire du Reich
  • 23 morts durant leur détention en France

Parmi elles, plus de 3 400 ont perdu la vie au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Ce projet a bénéficié du soutien financier du ministère des Armées, de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et des Conseils départementaux normands.