Les Mercredis de la Sexualité sont des conférences-débat organisées par l’Assureips, l’association universitaire de recherche, d’enseignement, d’information pour la promotion de la santé sexuelle. Cette association, créée en 2014, regroupe de nombreux professionnels de santé, des psychologues et des enseignants. L’édition du mercredi 8 février portait sur le Chemsex, une pratique sexuelle dont l’engouement inquiète les professionnels de santé.
Qu’est-ce que le Chemsex, pratique sexuelle qui s’étend en France ?
Le Chemsex, ou chemical sex, correspond à l’usage de drogues psychoactives par voies orale, nasale ou rectale, dans le cadre d’un rapport sexuel. S’ajoute également la voie injectable dont les effets sont plus intenses et la prise de risques plus forte (effet dit slam). Le Chemsex prend son essor en 2010 en France, avec l’apparition de drogues cathinones de synthèse et autres NPS (nouveaux produits de synthèse). Le profil du consommateur type est très diversifié.
Quels sont les risques du Chemsex ?
Le chemsex est pratiqué pour augmenter le plaisir et les sensations. La conférence est l’occasion de rappeler les risques encourus. En premier lieu : la dépendance et l’apparition de comportements addictifs. Lorsque la consommation devient régulière, il est rare qu’elle se limite aux relations sexuelles : malgré la connaissance de ses conséquences nocives, l’envie de consommer prend souvent le dessus sur toutes les activités professionnelles, familiales et socioculturelles, ce qui peut conduire à l’isolement. On parle alors de trouble de l’usage de substance : ce risque s’élève à environ 63%. La consommation implique également des risques neurologiques, cardiovasculaires et psychiatriques. L’exposition aux infections sexuellement transmissibles est, par ailleurs, accrue dans ce contexte, car les consommateurs tendent à moins bien se protéger.
La santé sexuelle, une histoire de droits
D’après la définition de l’OMS, la santé sexuelle est « un état de bien-être physique, émotionnel, mental et sociétal relié à la sexualité. » Elle « exige une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences plaisantes et sécuritaires, sans coercition, discrimination et violence. » Au cours de ses nombreuses expériences professionnelles, Isabelle Asselin, présidente d’Assureipss et gynécologue de formation, s’est rendue compte que les déterminants de la santé étaient variables et s’est ainsi toujours intéressée à faire de l’éducation et de la prévention de la santé auprès d’un large public.
« Pour réaliser la santé sexuelle et la maintenir, il faut protéger les droits sexuels de chacun » indique l’OMS. Pour défendre ses droits sexuels et lutter contre les préjugés, Assureipss organise des conférences, des journées mondiales de la sexualité, des forums, des formations, du théâtre documenté mais aussi des collectes par le collectif Sangsationnel. À travers ces actions, « nous souhaitons montrer que c’est un sujet complexe et que même si chacun va faire son chemin de son côté, les informations reçues pourront aider à comprendre comment on s’est construit, nous aider à trier nos valeurs et à prendre tel ou tel chemin » souligne Isabelle.
Des rencontres formatrices pour les étudiants et les professionnels
L’éducation et la formation à la sexualité sont utiles à tout âge ! C’est pourquoi Les Mercredis de la Sexualité sont des conférences destinées aux étudiants mais aussi aux professionnels. Le but ici est d’améliorer l’apport en enseignement des étudiants — professionnels en devenir —dans chaque filière, mais aussi d’informer les professionnels déjà dans la vie active. On retrouve ainsi sur les bancs de l’amphithéâtre des étudiants de différentes filières tels que psychologie, maïeutique ou médecine mais aussi des doctorants en biologie, des sexologues, des infirmiers, médecins, pharmaciens et psychologues.
L’association ASSUREIPS organise ces rencontres deux fois par trimestre autour de thématiques variées — défense des droits vis-à-vis des violences sexuelles ou des mutilations génitales, information sur la contraception masculine, normalité sexuelle, infections sexuellement transmissibles… « L’idée est de faire de l’information tout public, partager nos connaissances avec tous les usagers pour que ce soit plus facile pour eux de comprendre les systèmes d’accès au soin et comment préserver son capital santé, tout en faisant monter en compétence les étudiants du secteur médico-socio-psycho-éducatif » confie Isabelle Asselin.