
La mémoire est une chose bien singulière, voire assez incompréhensible pour le commun des mortels, faite de réseaux neuronaux distincts (bien qu’interconnectés), ne possédant a priori même pas de centre… Ce qu’il y a de plus simple à comprendre, en revanche, ce sont quelques bons réflexes pour lui permettre de fonctionner correctement.
Adopter les bons réflexes
« La mémoire intervient en bout de chaîne. Elle est la résultante de bien des choses qui se jouent avant », pose Francis Eustache, coauteur du livre « Les nouveaux chemins de la mémoire », qui vient de paraître aux éditions Alpha - neuropsychologue, chercheur français en neuropsychologie à Caen Normandie et Directeur d’études à l’EPHE – PSL.
Pour bien se souvenir et doper ses capacités d’apprentissage, la première chose à faire est de… dormir. « On apprend la journée, mais c’est au cours de la nuit qu’on consolide en bonne partie les informations reçues », indique celui qui est aussi enseignant-chercheur aux universités de Caen Normandie (Calvados) et PSL (Paris Sciences et Lettres). Se coucher tard de manière trop fréquente nuit directement aux apprentissages. Si le temps de sommeil idéal dépend de chaque personne, la durée recommandée tourne plutôt autour de huit heures journalières.
Protéger son sommeil passe aussi par une utilisation raisonnée des écrans. Non pas qu’ils soient néfastes en soi – encore que la stimulation nerveuse n’est pas recommandée pour s’endormir – mais par le type de lumière qu’ils émettent. « Cette lumière donne au cerveau une information similaire à celle du lever du soleil. Pensant que le matin arrive, vous entrez dans un sommeil trop léger, insuffisamment réparateur. Vous bénéficiez alors mal des différents cycles, dont chacun est pourtant utile à la consolidation des informations », détaille Francis Eustache.
L’expert suggère d’adopter une habitude qui vous fera peut-être sursauter mais qu’il faut bien vous partager : couper tout écran à l’heure du dîner.
L’hygiène de vie au cœur d’une bonne concentration
Autre pilule difficile à avaler pour certains étudiants, il est bel et bien démontré que la consommation d’alcool nuit à la mémoire. « C’est même très clair ! », rajoute le professeur Eustache, lequel vous supplie de croire qu’il ne veut faire la morale à personne, mais vous demande d’en avoir conscience. Cela vaut aussi évidemment pour les drogues, à bannir pour bien des raisons, dont celle-ci. Une bonne hygiène de vie étant par ailleurs synonyme d’une alimentation équilibrée.
Donnez du sens aux matières
Une autre manière de bien ancrer les apprentissages est de prendre du recul. Plutôt que de bachoter un chapitre après l’autre, tentez de faire des liens entre le début et la fin, de les connecter avec d’autres sources d’information rencontrées dans les livres, les médias, etc. « Les informations auxquelles on parvient à donner du sens relèvent de l’apprentissage profond, au contraire du superficiel », confirme l’enseignant-chercheur. On vous l’a sans doute déjà dit, attendre l’approche des examens pour se mettre à travailler n’est pas la meilleure option.
D’autre part, échanger avec quelqu’un d’autre au sujet d’une matière s’avère extrêmement payant, selon les spécialistes. Cela permet de se confronter à une autre manière de la comprendre, soulever des objections, nourrir des trous que vous pourriez avoir… En bref, d’observer une discipline sous toutes ses faces, pour mieux s’en rappeler par la suite.
Stimuler sa mémoire
Comme tout le monde, vous avez dû croiser ici et là des exercices magiques pour stimuler la mémoire ou booster la concentration. Sauf trouble psychique particulier, vous n’en avez pas besoin. Ce serait même plutôt le contraire… Si on conseille bien à certaines personnes âgées de stimuler leur cerveau par des exercices, les jeunes devraient plutôt craindre l’hyperstimulation. Les distractions incessantes. Les alertes de leur smartphone alors qu’ils sont plongés dans un cours compliqué, etc.
Pour une bonne attention, l’idéal est de disposer d’un lieu dédié à vos études, ce qui n’est certes pas toujours simple dans un petit appartement ou une colocation. Un lieu où vous pouvez instaurer le calme et qui sera toujours le même pour que votre esprit l’associe à la concentration. Certains experts recommandent par ailleurs d’éviter de travailler dans son lit et d’opter pour une position active (vous pencher sur les cours et non l’inverse).
De l’amour, si possible
Autre aspect, un bon climat affectif semble également une clé de bonne performance de notre cerveau. « Ne plus avoir sa famille près de soi n’est pas anodin, pour de nombreux jeunes qui arrivent en études », illustre Francis Eustache.
Car, si on a parfois besoin de silence et de solitude pour travailler efficacement, on a aussi besoin de relations sociales, de ses proches, qui apportent équilibre et sérénité. L’affection aide, par exemple, à affronter les situations stressantes, lesquelles nuisent directement à la mémoire.
Objectifs et récompenses
Plutôt que de trembler en contemplant le mur de travail qui vous attend, découpez vos séances en vous fixant chaque fois un petit objectif. Lorsqu’il est atteint, octroyez-vous vous une récompense. Pas une bière, vous l’aurez compris. Plutôt une pause, où vous bougerez un peu et respirerez de l’air frais pour régénérer l’outil de travail qu’est votre cerveau. Une pause ne durant pas deux heures, poursuivez bientôt votre séance en vous fixant un nouvel objectif.
À ceux qui ont parfois le vaporeux sentiment de rêvasser devant leurs cours, l’université de Laval (Mayenne) donne sur son site internet un petit conseil. « Lorsque vous vous apercevez que vous êtes « dans la lune », levez-vous et terminez votre rêve debout. Par la suite, retournez au travail. Si vous faites cet effort toutes les fois où vous rêvassez, ce problème diminuera », prédit-elle. Dans le cas de pensées négatives ou d’un souci particulier, l’idée serait déjà de régler le problème qui vous ronge.
Apprendre à lire
Faut-il lire une leçon avant le cours ou après ? Question existentielle, à laquelle on avait jadis tendance à répondre « après », puisqu’il fallait de toute façon attendre que le professeur la déclame pour la noter. Maintenant que chacun dispose des supports de cours, on s’oriente plutôt vers la méthode anglo-saxonne. À savoir : je lis la leçon avant, puis je creuse en cours avec le professeur, avec plus d’interaction pour poser des questions et aborder les points difficiles, et davantage de mise en pratique. Puis de relire tout en détail après.
Quant à la lecture proprement dite, une bonne idée est de commencer par un survol. On lit le titre et les sous-titres, pour se faire une vision globale de la structure du texte, sa longueur, les passages qui semblent importants. Cela aide notre cerveau à appréhender l’ensemble et faire le lien entre différents éléments. Une feuille à côté pour prendre des notes ou marquer des points à vérifier plus tard est également utile. Pour finir, et sans rentrer dans une querelle d’experts, il semblerait que le « stabilotage » intempestif ne soit plus au goût du jour. Un texte ne devrait être souligné qu’à petites touches. Mais après tout, à vous de trouver votre recette.
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