Le Centre d’études et de recherche sur le médicament de Normandie publie dans la prestigieuse revue Angewandte Chemie, revue internationale de référence en chimie.
L’imagerie médicale, parce qu’elle permet d’observer le fonctionnement et les dysfonctionnements du corps humain, a considérablement amélioré la prise en charge de nombreuses maladies. Sans effets secondaires, sans danger, sans douleur, l’imagerie par résonance magnétique (ou IRM) est la plus prisée des techniques d’imagerie. Associé à un agent de contraste injecté chez le patient, l’examen par IRM produit des images précises des tissus et des organes, sur lesquelles les médecins repèrent d’éventuels anomalies et traumatismes. Pour autant, ces techniques ne détectent pas tous les types de lésions et les développements se poursuivent pour augmenter toujours plus la sensibilité des techniques d’imagerie.
L’une des pistes concerne le xénon — un gaz soluble, biodégradable, capable de circuler librement dans le corps humain, sans provoquer de dommages. Pour être détecté efficacement en IRM, ce gaz doit préalablement être hyperpolarisé grâce à un faisceau laser. Cette approche est déjà utilisée, dans certains hôpitaux, pour l’imagerie des poumons : en faisant respirer du xénon hyperpolarisé à un patient, il devient alors possible de suivre très nettement sa trajectoire dans les bronches et les poumons. Mais comment lui permettre d’atteindre directement un autre tissu ou un autre organe, comme le cerveau ? Cette technique, prometteuse, n’en est encore qu’à ses débuts.
Améliorer la qualité des diagnostics par imagerie médicale est précisément l’un des axes de recherche du Centre d’études et de recherche sur le médicament de Normandie (CERMN · UR 4258). Le groupe « Méthodologies de synthèse et de radiochimie » a synthétisé une molécule dite « cryptophane », capable de renfermer du xénon… mais aussi de l’azote. « C’est une première, » souligne Thomas Cailly, maitre de conférences en chimie et co-auteur de l’étude publiée dans la revue Angewandte Chemie. « Nous avons introduit un atome d’azote dans une molécule cryptophane capable d’encapsuler du xénon, ce qui lui confère des propriétés très intéressantes. La molécule est en effet plus soluble et peut donc être plus facilement injectée. L’azote facilite également le ciblage : on pourrait y accrocher un ligand qui pourrait ainsi atteindre directement sa cible dans le corps humain. L’azote répond donc à plusieurs difficultés : cette molécule cryptophane constitue un excellent candidat pour la conception d’un nouvel outil diagnostique pour l’imagerie médicale. » Et une nouvelle piste pour améliorer le dépistage de maladies du système nerveux central.
L’étude, coordonnée au CERMN (UR 4258) par Emmanuelle Dubost (MCU), associe le Laboratoire Catalyse & Spectrochimie (LCS · UMR 6506) et l’Institut BB@C (Blood and Brain @Caen Normandie).