De septembre à janvier 2023, un groupe d’étudiants ingénieurs de l’ESIX Normandie a étudié les systèmes d’alimentation et d’irrigation des orangeraies de Berkane, au nord-est du Maroc. L’objectif ? Trouver des alternatives plus économiques et écologiques aux systèmes actuels pour faire face à la sécheresse et au manque d’eau.
Faire le lien avec le Maroc
Antoine Perrier et huit de ses camarades ont choisi d’axer leur troisième année d’étude en génie des systèmes industriels sur les orangeraies du Maroc. Ce projet, encadré par leur professeur référent Mohammed Mouyane, lui-même originaire du Maroc, a été proposé par l’association Les Amis du Maroc en Cotentin.
L’orange et ses enjeux
L’orange est un fruit subtropical qui nécessite 1 200 mm de pluie par an pour s’épanouir pleinement. Avec les 200 mm de pluie qui tombent en moyenne chaque année au Maroc, il est donc crucial pour les orangeraies d’avoir une bonne irrigation en complément. Mais la sécheresse due au dérèglement climatique et les systèmes d’irrigation rudimentaires mettent en péril le bon fonctionnement de ces orangeraies. L’exportation d’oranges, et d’agrumes en général, occupe une grande partie de l’économie du Maroc, quinzième producteur mondial d’oranges. Sauver ces orangeraies est alors devenu urgent pour les habitants de Berkane.
Changer une installation rudimentaire
Le système d’irrigation actuel est obsolète et engendre trop de pertes : il doit donc être changé pour économiser et mieux répartir la ressource en eau. Côté énergie, la pompe est alimentée par un moteur thermique Renault à consommation de gaz butane, jugé polluant. Les étudiants, divisés en 3 groupes, étudient donc des solutions de remplacement. Le premier groupe s’occupe de la réhabilitation électrique et réfléchit à l’installation de panneaux solaires à la place du moteur thermique. Pour l’irrigation, le second groupe travaille sur un système de goutte à goutte pour économiser l’eau. Mais pour mettre en place tous ces changements, il faut des fonds : les coûts sont estimés entre 30 000 à 35 000 euros. Le troisième groupe s’occupe ainsi de rechercher des subventions. Le projet reste encore à l’étape d’étude, en attendant l’obtention de fonds nécessaires à la réalisation du projet. Il sera repris l’année prochaine par d’autres étudiants pour le faire évoluer.
Un vrai engagement
Trois élèves se sont rendus sur place, à Berkane, du 19 au 23 décembre aux côtés de l’association Les Amis du Maroc en Cotentin. « Ils avaient des informations qu’ils ne pouvaient pas nous apporter donc c’était plus simple pour nous d’être sur place » souligne Antoine Perrier, étudiant en 3e année génie des systèmes industriels à l’ESIX Normandie (site de Cherbourg). « Une fois sur les lieux, nous avons dû revoir notre projet. L’automatisation de l’orangeraie n’était pas possible car l’installation était trop rustique. Même si nous n’avons fait que de l’étude, le but est de pouvoir changer rapidement les choses dès que nous aurons les fonds suffisants ».
La sécheresse intense au Maroc a interpellé Antoine, les habitants n’ayant presque pas assez d’eau pour boire ou même se laver. « Ça fait prendre conscience des choses, d’autant plus que la France est touchée par des situations de sécheresse. Il faudrait prendre le problème à bras le corps et trouver des solutions ».