La Normandie, théâtre des opérations du Débarquement durant la Seconde Guerre mondiale, s’apprête à commémorer le 80e anniversaire du D-Day. Le 6 juin 2024, de nombreuses cérémonies rendront hommage à ceux qui se sont sacrifiés pour la liberté. Un projet inédit, baptisé l’opération Mirror, s’engage pour faire vivre la mémoire de cet évènement. 34 jeunes, âgés entre 18 et 28 ans, ont été sélectionnés pour porter la Flamme de la Nation, de Paris à Southampton (Royaume-Uni). La flamme sera ensuite acheminée à bord du Queen Mary 2, à destination des États-Unis, pour être déposée au cimetière militaire américain d’Arlington. Carla, étudiante à l’université, s’apprête à vivre cette expérience.
Portrait d’une passionnée
Carla, étudiante en L2 LLCER parcours Anglais, est âgée de 20 ans. Bilingue en anglais et passionnée d’histoire, c’est avec enthousiasme qu’elle prépare ce voyage. « J’ai fait une saison l’été dernier à l’Office de tourisme de Caen, raconte-t-elle. Une collègue, qui savait que j’étais intéressée par cette période historique, m’a envoyé un article qui résumait l’opération Mirror : c’est donc naturellement que j’ai tenté ma chance en novembre dernier. J’étais en amphi lorsque j’ai reçu le mail de réponse ! J’étais très heureuse d’avoir été sélectionnée. »
Le XXe siècle et la Seconde Guerre mondiale sont les périodes de prédilection de Carla. Baignée depuis l’enfance dans l’ambiance des reconstitutions et des commémorations, elle s’intéresse de très près au Débarquement et à la Résistance. « Je fais de la reconstitution civile et je participe aussi à des cérémonies dans la Manche, à Carentan, et à Sainte-Mère-Église.
Une expérience symbolique et éducative
La dimension symbolique du projet a motivé la candidature de l’étudiante. « Nous allons porter la flamme et remercier physiquement les vétérans. Ce sont toujours eux qui se déplacent, pour une fois nous pouvons y aller, nous, dans l’autre sens. C’est un message significatif ». L’initiative de mettre les jeunes générations au premier plan constitue la particularité de ce projet. « C’est beau de nous donner l’opportunité de raviver les liens entre les nations et les peuples qui ont combattu ensemble pour la liberté, et de nous permettre de les remercier de manière concrète, matérielle et fraternelle », explique Carla. Mais l’intérêt de cette expérience réside aussi dans son aspect éducatif. « J’ai envie d’en apprendre davantage sur la période, le fait d’être entre jeunes développe cette soif de connaissance partagée. Je vais aussi en parler autour de moi, démontrer que nous pouvons, nous aussi, transmettre la mémoire. »
La Flamme de la Nation sera prélevée le 8 mai sur la tombe du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe, à Paris. Le départ aura lieu le lendemain à Saint-Symphorien-le-Château, où a été posée et inaugurée, en 1946, la toute première borne de la Voie de la Liberté – ce tracé qui matérialise l’avancée des troupes de la 3e armée du général Patton, de Sainte-Mère-Église à Bastogne (Belgique). Une cérémonie aura lieu à chaque étape de l’itinéraire. Le voyage de Carla, qui accompagnera la flamme jusqu’en Angleterre, durera 10 jours. Avant de traverser la Manche, elle sillonnera, avec tous les autres jeunes, les communes qui tracent la Voie de la liberté.
« Il faut faire vivre la mémoire »
Carla a hâte de vivre cette expérience inédite. « Je connais un petit peu mes futurs compagnons de route. Tout le groupe du Calvados s’était retrouvé pour une réunion au Sénat. L’ambiance va être géniale » À Portsmouth, tout le convoi sera accueilli par la Royal Navy. « Il y aura peut-être des membres de la famille royale. » L’opération Mirror s’inscrit ainsi dans les projets mémoriels qui entendent transmettre la mémoire de la Seconde Guerre mondiale et du Débarquement. « Nous permettre ce genre d’expérience, c’est aussi envoyer un signal fort à la jeunesse. » Si les jeunes sélectionnés sont toutes et tous originaires de lieux marqués par le souvenir de cette époque, la symbolique s’adresse à chacune et à chacun. « Nous voulons dire à notre génération qu’il faut faire vivre la mémoire et qu’il est possible de s’engager pour la commémorer », conclut Carla.