Et si un jour il n’y avait plus d’électricité ? Que mangerons nous sur les campus en 2060 ? Comment écrire un dictionnaire au 21e siècle ? Et si nous parlions tous la langue des signes ? Pour cette 7e édition du TURFU Festival, les méninges des 2 000 participants étaient en ébullition !
Le TURFU Festival, organisé par le Dôme, AsUWish et l’université de Caen Normandie s’est tenu du 11 au 15 avril. Cet événement, rendez-vous inédit en France, mobilise les publics autour de projets de recherche participative, pour questionner l’innovation et contribuer à inventer la société de demain. Au programme : des ateliers et des rencontres autour d’actrices et d’acteurs de la recherche, de l’entrepreneuriat, des médias et des arts vivants.
De belles occasions de rencontres, d’échanges et de collaboration autour de la recherche et de la construction des savoirs !
Le TURFU Festival s’installe sur le campus 1 !
Le TURFU Festival, ce sont une cinquantaine d’ateliers, de rencontres, de concerts, pour imaginer, tester, fabriquer et débattre avec les publics. Un quart de la programmation était proposé par les chercheuses et chercheurs de l’université de Caen Normandie. Parmi ces ateliers, trois ont eu lieu sur le campus 1.
La Fabrique des synonymes : Arbre et plante sont-ils des synonymes ?
Indispensable, incontournable, essentiel, nécessaire… Avec ses 50 000 entrées, le dictionnaire électronique des synonymes du CRISCO s’est imposé comme une référence pour celles et ceux qui manient la plume chaque jour ! Outil en constante évolution, le dictionnaire reçoit régulièrement des suggestions d’ajout ou de suppression de la part de ses utilisateurs. Au cours de cet atelier, les participants ont examiné une vingtaine de ces propositions. Objectif : créer de nouveaux synonymes pour le dictionnaire. Mais comment déterminer si un mot est le synonyme d’un autre ? Comment les outils informatiques peuvent-ils aider le processus d’analyse ? Pour explorer l’univers fantastique de la recherche linguistique, les participants étaient accompagnés de Laurette Chardon, ingénieure de recherche au CRISCO et Jacques François, professeur de linguistique émérite.
Campus nourricier : Et pourquoi pas des moutons sur le campus ?
Le campus du futur sera-t-il nourricier et autosuffisant ? Avec des jardins partagés, des vergers, de l’élevage urbain, un approvisionnement inscrit dans les territoires ? L’atelier invitait les participants à débattre, réfléchir et devenir acteurs de l’évolution des campus. Au cœur de cet atelier : l’alimentation responsable, un sujet qui touche tout le monde, à la frontière de diverses problématiques actuelles, comme la précarité étudiante ou encore la biodiversité.
Cette journée a été proposée par la mission Campus 30 et animée par Christine Aubry, Giulia Giacchè et Clotilde Saurine de la Chaire Agricultures Urbaines. Elles ont notamment présenté les différentes techniques d’agriculture existantes, la diversité des plantes et ont évoqué les différentes contraintes liées à la configuration du Campus 1.
« L’après-midi, les participants ont été divisés en 2 groupes : ils ont dû imaginer un scénario pour 2030 et dessiner les actions sur un plan papier du Campus 1. Ils se sont rapidement pris au jeu ! Il y avait beaucoup de questions et un réel enthousiasme. Les deux groupes ont eu une approche différente : le premier s’est concentré sur des actions faisables à court terme, tandis que le deuxième groupe a été plus imaginatif et a proposé des actions moins conventionnelles. Certaines actions se retrouvent dans chacun des deux scénarios comme la plantation de framboisiers, de cassis, de groseilles à la place des haies ornementales, des plantations d’arbres fruitiers ou l’introduction de moutons sur les pelouses du campus. L’éco-pâturage pourrait être une manière originale et éco-responsable d’entretenir les espaces verts de notre campus !
Toutes les idées seront étudiées par la mission Campus 30, qui a comme objectif de construire un projet global prenant en compte les différentes contraintes du Campus 1, tout en répondant aux besoins de la communauté universitaire et des enjeux en matière de biodiversité notamment. L’idée est de développer des actions communes et non plus de développer des actions individuelles et indépendantes les unes des autres » précise Ameylie Bourasseau, technicienne Développement Durable, Mission Campus 30.
Grenier scientifique : Et si un trésor scientifique se cachait dans votre grenier ?
Sur le modèle de l’émission « Affaire conclue » sur France Télévisions, les participants sont venus présenter les trésors de leur grenier afin de découvrir leur réelle valeur scientifique !
Des membres du réseau RESITECH et des enseignants-chercheurs étaient présents pour décrypter les histoires scientifiques qui se cachent derrière les objets apportés. Ancêtres de l’appareil photo, du disque dur ou des appareils de mesure numérique, ces objets issus des collections universitaires, ont dévoilé leurs secrets et témoignent d’un temps révolu, qui a depuis laissé une large place au numérique.
Au cours de l’atelier, une machine a particulièrement intrigué les participants et les animateurs. Après de nombreuses recherches, ils ont finalement découvert son utilité ! Contrairement à ce qu’ils pensaient au départ, il ne s’agissait pas d’une machine à découper les bobines de film, mais d’une machine à border les cartes des géographes !
Cet atelier met en lumière les réflexions actuelles sur l’importance du patrimoine scientifique, qui ont conduit à la création en mai 2008 du réseau RESITECH.
Grands témoins : encore de belles rencontres pour cette édition 2023 !
8 grands témoins étaient également à l’affiche de cette nouvelle édition dont, côté université, Cécile Dolbeau-Bandin, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication (CERREV), et Christelle Jozet-Alves, maître de conférences en éthologie (ETHOS).
La France contre les robots : « informés de tout et condamnés ainsi à ne rien comprendre »
Dans son ouvrage La France contre les robots publié en 1947, Georges Bernanos s’inquiète de l’impact des avancées technologiques sur la société. Aujourd’hui, les robots représentent à la fois un progrès et une source d’inquiétude. La lecture de ce texte par le comédien Jean-Baptiste Sastre et deux étudiants appelés parmi le public ont rendu le spectacle interactif et participatif. La lecture de passages du livre a interrogé le public sur la place des robots dans notre société et a suscité de nombreuses réactions et questionnements.
À l’issue de la prestation, Cécile Dolbeau-Bandin était invitée à parler de ses recherches et observations et a notamment évoqué le domaine de la santé.
« À la suite de la présentation de Jean-Baptiste Sastre, je suis intervenue pour présenter mes recherches. J’ai observé le robot Paro auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer dans un service de gériatrie. J’ai essayé de voir l’impact du robot sur le travail du personnel soignant mais aussi dans la relation avec le patient, ce que ça a apporté de positif comme de négatif. Le public avait beaucoup de questions en particulier sur l’IA, j’ai constaté une peur vis-à-vis des robots, de leurs évolutions, de l’emprise qu’ils pourraient avoir sur nous, j’étais là pour apporter des réponses » explique-t-elle.
Regard sur le vivant et le bien-être animal : Les céphalopodes ont-ils une mémoire ?
Les seiches, les poulpes et les autres céphalopodes sont-ils capables de se souvenir du passé ? Peuvent-ils imaginer ce que l’avenir leur réserve ? Peuvent-ils participer à un atelier du TURFU ?
Christelle Jozet-Alves mène des recherches sur les capacités cognitives des céphalopodes, autour de trois axes principaux : la latéralité visuelle chez ces espèces, leurs capacités d’apprentissage spatial et leur mémoire épisodique. Elle a notamment montré que des seiches pouvaient guider leur recherche alimentaire en combinant des informations de type « quoi-quand-où ». Elle fait partie du laboratoire d’Éthologie animale et humaine de Caen, au sein de l’équipe de neuroéthologie cognitive des céphalopodes.
L’édition 2023 en chiffres
La 7e édition du TURFU Festival a rassemblé pas moins de 2000 participants autour de 100 ateliers en Normandie et en France. Les participants ont eu l’opportunité d’échanger avec 95 experts dans des domaines variés.
Un festival reconduit l’année prochaine, of course !