Daniel Delahaye, du laboratoire LETG-GEOPHEN, est l’un des acteurs du projet Resp’Haies. Il s’agit de renforcer les connaissances sur les haies champêtres de nos paysages afin de produire de nouveaux outils et référentiels destinés aux gestionnaires du bocage, qui souhaitent planter à nouveau des haies, et en particulier les agriculteurs.
La haie bocagère est un élément remarquable du paysage rural du Grand Ouest de la France. La mécanisation des pratiques agricoles d’après-guerre puis les remembrements ont agrandi et recomposé les parcelles au détriment de la haie, en particulier en Normandie. Avec la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes (tempêtes, orages violents, pluies torrentielles…) le sujet est d’actualité. C’est pourquoi, depuis quelques années, l’Association française arbres champêtres & agroforesteries (Afac-Agroforesteries) mène notamment des initiatives localement pour préserver le système bocager existant, le restaurer, l’entretenir voire le replanter. Une aubaine, après avoir prêché dans le désert ? « Dans les faits, on ne sait pas grand-chose de l’impact des haies sur le micro climat, résume Daniel Delahaye, du laboratoire LETG-GEOPHEN, l’un des acteurs du projet Resp’Haies (Résilience & performances des exploitations agricoles liées aux haies). Les services écosystémiques liés aux haies (brise-vent, amélioration du rendement des cultures, protection des troupeaux et du bâti, limitation de l’érosion des sols, régulation des eaux, production de bois, habitats pour la biodiversité fonctionnelle…) sont souvent cités mais ont besoin d’être mieux étudiés. »
Faire de la haie, un allié indispensable
L’idée des chercheurs est qu’à terme les haies fassent l’objet d’une gestion adaptative par les agriculteurs pour optimiser ces services. Pour atteindre cet objectif, l’apport du GEOPHEN est important. « L’équipe analyse, par exemple, l’évolution des linéaires de haies et de ses conséquences sur la dynamique hydrosédimentaire, élabore un protocole de suivi de l’effet microclimatique des haies, grâce à l’imagerie aérienne », précise Daniel Delahaye. La diffusion des ressources produites permettra alors de faire monter en compétence le réseau des conseillers et des formateurs sur la haie et de faire émerger des dynamiques territoriales là où la haie est insuffisamment considérée. Grâce à ces résultats, Resp’Haies ambitionne que les haies deviennent un atelier essentiel à prendre en compte pour la conception et la conduite de systèmes de production diversifiés, économiquement performants, basés sur les principes de l’agroécologie et faisant face aux changements climatiques (dans ses dimensions d’atténuation et d’adaptation). Faire qu’enfin, la haie devienne un allié indispensable.
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