La Nuit du Droit est, chaque année, l’occasion d’appréhender les grands principes du droit, au travers d’événements gratuits, organisés partout en France. À l’université de Caen Normandie, c’est le procès de Paul Touvier, condamné en 1994 pour complicité de crime contre l’humanité durant l’Occupation, qui a fait l’objet d’échanges et de débats, le jeudi 3 octobre 2024.
Le procès de Paul Touvier, 30 ans après
Le 20 avril 2024, le ministère de la Justice annonçait l’ouverture anticipée des archives relatives au procès de Paul Touvier, chef de la milice de Lyon durant l’Occupation, premier Français reconnu coupable de crime contre l’humanité, en 1994. 30 ans après ce verdict retentissant, le procès va désormais pouvoir bénéficier d’un nouveau travail d’histoire et de mémoire.
Le sujet de la 6e édition de la Nuit du Droit était donc tout trouvé, pour l’UFR Droit, AES et Administration publique et la Cour d’appel de Caen, organisateurs de l’événement. « Déjà en mai 2024, un colloque s’est tenu au Mémorial de Caen sur la thématique “Guerre et paix : juger pour reconstruire” », précise Théo Scherer, maître de conférences en droit privé et sciences criminelles. « Ce colloque était l’occasion d’évoquer l’œuvre de justice après la Seconde Guerre mondiale – les réparations, la reconstruction, la mémoire. La Nuit du Droit 2024 s’inscrit dans cette continuité logique. »
À l’issue de la présentation de l’affaire Touvier et de la projection des films d’archives, la discussion s’est élargie pour évoquer les images d’audience, du régime juridique restreignant leur diffusion aux enjeux de leur médiatisation.
Les grands principes du droit, accessible à toutes et tous
Au fil de la soirée, universitaires et professionnels du droit ont croisé les points de vue et les regards, pour apporter leur expertise sur l’affaire Touvier sur les plans juridique, historique et médiatique. Ouverte à un très large public, la Nuit du Droit s’inscrit dans une démarche plus large de vulgarisation et de sensibilisation. « L’un des objectifs de cette soirée était de faire découvrir au public des images inédites, auxquelles on a peu accès. Ce que la télévision nous montre, et ce que les gens ont généralement en tête, ce sont les audiences aux États-Unis, qui sont loin de notre modèle français. Nous voulions donc apporter au public les images du procès – des photos ou le film d’archives. Les images du procès Touvier sont rares : elles n’avaient jusqu’à présent été diffusées au public que dans le cadre d’une exposition temporaire – “Filmer les procès, un enjeu social“. On a obtenu l’autorisation des Archives nationales de la diffuser. C’était vraiment ce qui comptait pour nous : montrer au public les images de l’audience, les commenter, les expliquer », souligne Theo Scherer.
La Nuit du Droit à Caen a su conjuguer mémoire historique et vulgarisation juridique. En choisissant de traiter l’affaire Touvier, l’Université et ses partenaires ont permis au public, venu nombreux, de plonger dans une affaire judiciaire marquante, tout en rappelant l’importance de l’histoire. L’événement a rempli son double objectif : faire découvrir le droit au plus grand nombre et sensibiliser sur les enjeux mémoriels et juridiques.
La Nuit du Droit, créé à l’initiative du Conseil constitutionnel, célèbre chaque année l’anniversaire de l’adoption de la Constitution de 1958. À cette occasion, les acteurs du droit – celles et ceux qui le créent, l’enseignent, l’appliquent – invitent le public à des temps d’échanges et de débats, pour mieux connaitre le droit, ses principes, ses institutions et ses métiers.
À Caen, cet évènement est organisé par la Faculté de Droit, AES et Administration publique de l’université de Caen Normandie, en partenariat avec la Cour d’appel de Caen et l’Association française pour l’histoire de la justice (AFHJ).