Benoit Laurent, professeur de biochimie et de génomique fonctionnelle à l’université de Sherbrooke (Canada), est l’invité de l’UFR Santé et de l’unité de recherche Anticipe du 9 au 20 septembre 2024. Sa spécialité : la recherche sur le vieillissement du cerveau et la mise au point d’organoïdes cérébraux – des structures 3D capables de mimer le fonctionnement complexe d’un cerveau humain, pour mieux l’étudier.
Les organoïdes, au programme de la visite de Benoit Laurent en France
À Caen, l’unité de recherche Anticipe travaille sur les cancers de l’ovaire depuis plus de trente ans. Ces cancers se caractérisent par de fréquentes rechutes, les tumeurs se montrant particulièrement résistantes face aux traitements conventionnels. Mais par quels mécanismes les tumeurs parviennent-elles à résister aux traitements ? Comment contrer ces mécanismes ? Depuis peu, la communauté scientifique s’oriente vers les organoïdes tumoraux – ou tumoroïdes – pour identifier les risques de rechute et prédire les réponses aux traitements. « Les tumoroïdes sont des modèles de culture 3D de tissus cancéreux, dérivé des tumeurs de patients et reproduisant les caractéristiques de ces dernières », précise Elie Besserer-Offroy, chercheur en pharmacologie et cancérologie à Anticipe. « Les tumoroïdes sont mis au point à Caen grâce au savoir-faire de la plateforme Orgapred. C’est sur ces tumoroïdes que sont testées des thérapies anticancéreuses, conventionnelles ou ciblées, pour vérifier leur efficacité. L’enjeu, à terme, est de proposer des protocoles thérapeutiques personnalisés et adaptés à la spécificité de chaque tumeur. »
Croiser les expertises et les savoir-faire
Si les tumoroïdes constituent d’excellents outils pour la recherche clinique, les tumeurs cancéreuses, elles, interagissent avec les cellules saines environnantes dans le corps humain – des interactions qui peuvent contribuer à l’échec de traitements thérapeutiques. D’où la nécessité de mettre au point des tumoroïdes encore plus sophistiqués, reflétant davantage la complexité du vivant. À l’Université de Sherbrooke, le professeur Benoit Laurent s’intéresse également de près aux organoïdes, mais pour étudier le vieillissement normal du cerveau. « La plateforme de différenciation de cellules souches et d’ingénierie tissulaire STEMUS, dont il est le directeur, permet de générer des organoïdes cérébraux à partir de cellules souches induites de patients. Ses recherches sont complémentaires de celles menées à Caen sur les tumeurs cancéreuses. L’objectif de cette collaboration est de croiser les expertises et les savoir-faire pour parvenir à mettre au point des organoïdes tumoraux ayant des caractéristiques et des fonctions plus proches des tumeurs retrouvées chez les patients. »
Université de Sherbrooke & université de Caen Normandie : une collaboration renforcée
L’Université de Sherbrooke et l’université de Caen Normandie ont consolidé leur rapprochement en 2024 au sein du laboratoire partenaire international RECITAL, qui propose une programmation de recherche commune se focalisant sur les approches thérapeutiques ciblées dans les cancers localement agressifs. « Le projet scientifique s’est notamment construit sur la base d’échanges de chercheurs et d’étudiants & étudiantes », indique Elie Besserer-Offroy. L’unité de recherche Anticipe a accueilli cet été un étudiant de l’Université de Sherbrooke pour un séjour de recherche de trois mois. Début septembre, c’est l’un des doctorants d’Anticipe qui est, à son tour, parti au Canada. Le professeur Benoit Laurent profitera de son séjour à Caen pour aller à la rencontre des chercheurs et, peut-être, initier de nouvelles collaborations. Mais aussi pour aller à la rencontre des étudiants et des étudiantes. « Nous avons une mission universitaire, la formation des étudiants nous tient particulièrement à cœur. C’est pourquoi Benoit Laurent interviendra dans le cadre du master Biologie-Santé. » Une belle opportunité de poursuivre les échanges autour de ces modèles 3D, qui constituent une avancée majeure dans la recherche en biologie et en médecine.
