L’archéoanthropologie funéraire est la spécialité du service d’archéoanthropologie du Centre Michel de Boüard-Craham. Ce dernier a pour objectif la connaissance des populations anciennes à partir des données archéologiques et biologiques. Réalisée par des vivants, l’inhumation du défunt permet d’en savoir plus sur les morts et sur les vivants de la société à laquelle ils se rattachent.
L’étude des sépultures des périodes historiques raconte l’histoire des morts. C’est le travail du service d’archéoanthropologie du Centre Michel de Boüard-Craham. « L’étude du défunt commence par l’analyse des os après nettoyage, afin d’estimer le sexe, l’âge au décès, la stature et les éventuelles pathologies, explique Cécile Chapelain de Seréville-Niel, archéoanthropologue et responsable de ce service. Si l’étude de la tombe permet d’approcher la façon dont les vivants ont accompagné leurs morts, celle des squelettes tente de savoir qui étaient les défunts. Dans une certaine mesure, leurs restes osseux reflètent la vie qu’ils ont vécu ».
Une ostéothèque de 11 500 squelettes utilisée par des chercheurs
Les recherches et les publications menées par ce service du CRAHAM concernent à la fois la fouille et l’étude des espaces sépulcraux de populations rurales ou urbaines des périodes antique, médiévale et moderne, de la région Normandie principalement. « En plus des fouilles programmées ou préventives, nous sommes parfois appelés par la police scientifique ou la DRAC lorsqu’un corps est retrouvé. Dernièrement, près de Caen, nous avons étudié deux soldats allemands tués en 1944 », indique l’archéoanthropologue. Son service étudie plusieurs populations archéologiques, dont celles du site de Saint-Pierre de Thaon (Calvados) ou de Saint-Dizier « Les Crassées » (Haute-Marne). Il intervient aussi sur celles liées à des épidémies anciennes comme les lépreux de Saint-Thomas d’Aizier (Eure) ou les pestiférés de l’Aître Saint-Maclou à Rouen (Seine-Maritime) dans le cadre de chantiers-écoles.
Outre les activités de terrain et de post-fouille en laboratoire, le service dispose de plateformes techniques en cémentochronologie et en histologie, d’une bibliothèque spécialisée et d’une ostéothèque de 11 500 squelettes qui est régulièrement utilisée par des chercheurs. « Dernièrement, une collègue italienne a eu besoin de prélever des restes de tartre sur les dents afin de connaître le régime alimentaire de certains individus. » Vous l’aurez compris, l’art de faire parler les morts est dans l’ADN de Cécile Chapelain de Seréville-Niel.