Les étudiants et étudiantes de l’université de Caen Normandie sont invités à rejoindre un programme européen de formation dédié à l’entrepreneuriat durable : EU2SE, pour “European upskilling of students for sustainable entrepreneurship”. Mais pourquoi ce programme ? Quels sont les enseignements proposés ? Quels sont les pays impliqués ? Réponses avec Haïfa Naffakhi, maitre de conférences en sciences de gestion, et Clotilde Nicolle, chargée de projets au Carré International.
Comment est né le programme EU2SE ?
Clotilde Nicolle. Ce projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie de l’université de développer les mobilités à l’international. Chaque année, le programme Erasmus+ lance des appels d’offres pour soutenir des actions de formation à l’échelle européenne, sur une durée de deux à trois ans. Nous nous sommes rapprochées de nos partenaires du réseau AcrossEU, avec qui nous entretenons des relations privilégiées, pour leur proposer de déposer un projet commun, autour de l’entrepreneuriat durable. Les universités de Lapland UAS (Finlande), Ss. Cyril and Methodius de Skopje (Macédoine du Nord) et Valladolid (Espagne) ont alors décidé de nous rejoindre.
Haïfa Naffakhi. C’est Clotilde qui est venue me présenter cette opportunité. Les délais étaient très serrés : nous avions seulement trois mois pour monter ce projet avec nos partenaires. D’autant que le dossier, d’une centaine de pages, exige une grande précision : il faut expliquer le concept, détailler les objectifs, fixer le calendrier de chaque action. Le montage a nécessité beaucoup d’échanges et beaucoup de réunions en visio – avec quelques incompréhensions aussi, parfois, sur les manières de fonctionner des uns et des autres… mais c’est la richesse des échanges interculturels ! Notre projet a été accepté, ce qui est une excellente nouvelle, d’autant que les dossiers de ce type sont rarement sélectionnés la première fois.
Comment ce programme va-t-il se dérouler ?
Haïfa Naffakhi. La phase de sélection des candidats et candidates est actuellement en cours, jusqu’au 10 janvier 2025. Dix étudiants et étudiantes de toute discipline, de la licence 3 au doctorat, seront retenus dans chacune des quatre universités partenaires. Le programme se déroulera durant six semaines, en mars et avril 2025, à raison de cinq heures de formation en ligne par semaine. L’idée est de les initier à l’innovation et à l’entrepreneuriat, en leur donnant l’opportunité de travailler en équipe avec des étudiants de différentes nationalités et de différentes disciplines. Il s’agira surtout de les initier à des outils, des méthodes et des approches utilisés en entrepreneuriat, tout en abordant également quelques notions clés – développement durable, cybersécurité, prototypage… La thématique phare de cette année 2025 sera “lntelligent food packaging and green technologies” – ou “Emballages alimentaires intelligents et technologies vertes”.
À l’issue de ces cinq semaines de formation, ils se retrouveront toutes et tous en Macédoine du Nord, pour concevoir une solution à la problématique posée liée au gaspillage alimentaire. Le projet sera reconduit en 2026 autour de la thématique du soin et de la santé : ce sera au tour de l’université de Caen Normandie d’accueillir la 2e promotion du programme EU2SE.
Clotilde Nicolle. Ce qui est recherché avec ce type de projet, c’est l’échange interculturel sur de courtes périodes. Le constat est sans appel : la mobilité à l’international n’attire pas assez d’étudiants et d’étudiantes. Raisons financières, faible niveau d’anglais, difficultés à se projeter… Les freins sont multiples. Avec ce type de mobilité courte, structurée et encadrée, les étudiants et étudiantes ont tout à y gagner !
Est-il possible, pour la communauté enseignante, de déposer d’autres programmes de ce type ? Quel accompagnement le Carre international propose-t-il ?
Clotilde Nicolle. Si des collègues enseignants souhaitent déposer un projet… ma porte est grande ouverte ! La Commission européenne publie un appel d’offres chaque année et les thématiques sont pleinement ouvertes à l’imagination des enseignants et enseignantes. Ce qui est valorisé, c’est la volonté de construire un réseau et d’apporter de nouvelles méthodologies de travail au travers de mobilités hybrides. Ces projets sont de véritables opportunités d’ouverture à l’international : depuis le lancement du programme EU2SE, nous avons reçu des propositions de la part de nos partenaires pour participer à de nouveaux projets.
Haïfa Naffakhi. L’anglais est souvent un frein à l’investissement des collègues enseignants-chercheurs dans ce type de programme. De fait, le dossier Erasmus+ doit être rédigé en anglais qui reste, aussi, la langue commune à l’ensemble de nos partenaires. Le Carré international propose des cours pour développer sa maitrise de l’anglais et pour internationaliser les parcours de formation. J’en ai bénéficié pour ma part, ce qui me permet d’être aujourd’hui plus à l’aise avec l’anglais conversationnel et professionnel. C’est une chance !