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Margaux Boisgontier, lors de la marche nationale contre les violences faites aux femmes (novembre 2023) ©Typhaine Machard

Margaux Boisgontier, une doctorante engagée

Margaux Boisgontier, doctorante en géographie au laboratoire ESO-Caen, étudie les violences conjugales dans les espaces ruraux. Ses recherches s’inscrivent dans la droite ligne de ses travaux menés en master 2, pour lesquels elle a été distinguée, en 2023, du prix de l’Institut du Genre.

Violences conjugales en contexte rural : des problématiques spécifiques

Après sa licence Géographie & aménagement à l’université de Caen Normandie, Margaux s’oriente naturellement vers le master parcours Territoires en transition avec une question en tête : en quoi vivre dans un espace rural rend la question des violences conjugales plus complexe ? Les liens entre espaces et sociétés la passionnent tout particulièrement : ce thème de recherche va s’imposer pour son mémoire de master puis, désormais, pour sa thèse de doctorat. « En 2021, lorsque j’ai commencé les recherches pour mon mémoire, il y avait alors peu de travaux en France qui traitaient à la fois de violences conjugales et de géographie… et encore moins de travaux qui traitaient spécifiquement des espaces ruraux », précise-t-elle.

Margaux mène alors une enquête de terrain dans les départements de la Manche et de l’Orne, qui se caractérisent par leur faible densité de population. Elle mène des entretiens auprès de différentes personnes engagées dans des associations, dans des collectifs militants et dans des institutions publiques – et ce pour recueillir un large spectre de témoignages. Cette première phase contribue à la construction d’une solide base de données de terrain.

« Le traitement des violences conjugales est toujours une question complexe, souligne Margaux. Mais l’espace rural présente des problématiques spécifiques – problème de mobilité, isolement, peur du qu’en-dira-t-on, absence d’équipements et de services publics etc. – susceptibles de constituer des facteurs aggravants. »

Le prix de master de l’Institut du genre : un soutien à la recherche sur le genre et les sexualités

C’est en 2023 que Margaux Boisgontier reçoit le prix de master de l’Institut du genre. Chaque année, cet institut de recherche met en lumière les travaux de quatre étudiants et étudiantes en master de toutes disciplines, au terme d’un processus de sélection.

Doté de 500 euros, ce prix est une reconnaissance et un encouragement à poursuivre les travaux de recherche… et offre, aussi, de la visibilité. « J’ai été contactée par des professionnels de terrain, mais aussi par une collectivité territoriale qui lance des groupes de travail sur les violences conjugales en ruralité. Une grosse structure nationale m’a également contactée. Les sollicitations sont venues rapidement » ajoute-t-elle. Preuve, s’il en est, des attentes des professionnels de terrain et de la qualité des travaux de la doctorante.  

Acquérir des connaissances et les transformer en applications concrètes

Aujourd’hui en deuxième année de thèse, Margaux élargit son champ d’études ainsi que sa méthodologie de recherche avec une enquête lancée au niveau national, complété par des entretiens plus approfondis auprès de victimes de violences conjugales. Son approche vise à comprendre le “parcours de sortie” des victimes, c’est-à-dire comment elles mobilisent les ressources disponibles en milieu rural pour sortir des violences. « L’enquête est menée auprès des professionnel·les, pour évaluer leurs attentes et leurs besoins en termes d’accompagnement. C’est un dispositif de recherche-action qui vise à répondre à des problématiques rencontrées sur le terrain. »

Objectif, à terme : proposer des ressources pour les professionnel·les et des dispositifs de prévention véritablement adaptés aux espaces ruraux. Margaux voit dans cette recherche une façon de lutter activement contre les violences conjugales et espère que ses travaux contribueront à renforcer les dispositifs d’aide pour les victimes. « Ce qui ressort de tout ça, c’est qu’il faut être passionnée par ce qu’on fait. Ce qui me motive aussi c’est de vouloir lutter contre ces violences-là. La recherche peut aussi permettre de faire bouger les lignes sur des sujets que l’on considère profondément injustes. » conclut-elle.