Direction Alençon le mardi 16 avril 2024 pour une nouvelle séance Midi Labo, à la rencontre de chercheurs qui imaginent, développent et conçoivent de nouveaux matériaux composites biosourcés, à base de fibres végétales. Le rendez-vous est fixé à 12h30 : l’équipe PM2E, pour “Propriétés des matériaux pour les économies d’énergie”, nous ouvre ses portes, le temps d’une pause-déjeuner pas tout à fait comme les autres !
Une équipe du CIMAP, au cœur du campus d’Alençon-Damigny
Le CIMAP, fondé en 2008, est un laboratoire de recherche en physique axé sur deux thèmes principaux – la matière excitée & les défauts, et les matériaux & l’optique. « Le CIMAP a trois missions : la recherche, l’enseignement et l’accueil des chercheurs qui viennent chaque année du monde entier profiter du GANIL, le Grand accélérateur national d’ions lourds, situé à Caen », précise Alexandre Vivet, professeur en génie mécanique et responsable de l’équipe PM2E. Pami les 80 membres permanents, une dizaine mènent leurs activités de recherche sur le site d’Alençon-Damigny, au cœur de l’IUT Grand Ouest Normandie. Un de leurs objets de recherche ? Le lin – ou plus largement, les fibres végétales. L’enjeu ? La production de savoirs et de connaissances, au bénéfice de la société. « La transition énergétique est un défi majeur, qu’il nous faut relever. Nos activités de recherche visent à développer des matériaux composites biosourcés, pour réduire les impacts environnementaux des matériaux qui vont servir à fabriquer les objets du quotidien, et pour réduire notre dépendance aux matériaux à base de pétrole. »
Le lin, une culture agricole aux potentiels multiples
La Normandie est leader mondial de la production de lin. « Le lin est exploité depuis des milliers d’années, souligne Alexandre Vivet. Et pour cause : rien ne se perd dans la plante. Ce qui nous intéresse plus spécifiquement, ce sont les fibres qu’elle contient. Associées à de la résine, on obtient un matériau composite léger, rigide et résistant, capable de rivaliser avec les fibres de carbone et les fibres de verre… qui, elles, demandent beaucoup d’énergie et de pétrole à produire. Les équipementiers sportifs, ouverts à l’innovation, commencent donc à s’y intéresser. » Mais comment passe-t-on d’une tige de lin à une raquette de tennis ? « C’est précisément notre travail de chercheur ! Et les questions sont nombreuses, pour obtenir un matériau performant répondant aux besoins de l’équipementier sportif : Qu’est-ce qu’une bonne fibre de lin ? Si je file ou si je tisse différemment, comment la fibre va-t-elle être transformée ? Quelles propriétés vais-je engendrer si les fibres sont mouillées ? Dans quelle résine vais-je les placer ? À quelle température ? Pendant combien de temps ? Nous amenons du savoir tout au long de la chaîne de fabrication. » Pour bien comprendre les caractéristiques de ces matériaux, les chercheurs disposent de diverses salles de manips où les échantillons sont préparés, analysés, et surtout malmenés, afin de saisir pourquoi, comment et dans quelles conditions ils finissent par se détériorer.
« La recherche : une lente et patiente construction du savoir »
« Nous passons beaucoup de temps à croiser les résultats. Les échanges, les discussions, sont une part essentielle du travail. La recherche, c’est une lente et patiente construction du savoir. » La prochaine étape consiste à étudier d’autres plantes riches en fibres – noix de coco, feuilles de palmier, alfa, ou plus communément, les ronces et les orties. « Produire des matériaux biosourcés, c’est évidemment essentiel, mais si on ne développe que le lin, alors la culture du lin se fera au détriment d’autres cultures agricoles… ce qui aura un impact sur l’alimentation. L’enjeu est de valoriser des plantes non exploitées. »
13h30 : place au déjeuner ! Les discussions se poursuivent autour d’un panier-repas. Rendez-vous à la rentrée 2024 pour de nouvelles séances Midi Labo !