L’Institut universitaire de France a dévoilé la liste des membres 2022, nommés pour une durée de cinq ans. Myriam Juan, maitresse de conférences en études cinématographiques, et Pierre Larrivée, professeur de linguistique française, font partie des nouveaux lauréats.
Myriam Juan · Histoire culturelle du cinéma
Historienne de formation, Myriam Juan est depuis 2015 maîtresse de conférences au sein du département des Arts du spectacle de l’université de Caen Normandie. « J’ai la chance d’avoir une activité scientifique au carrefour de deux champs de recherche sur le plan académique » précise-t-elle. Spécialiste de l’histoire culturelle du cinéma, elle a soutenu sa thèse en 2014 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sur le vedettariat cinématographique en France dans l’entre-deux-guerres.
« Ce qui m’intéresse avant tout dans le cinéma en tant que chercheuse, ce n’est pas tant sa dimension artistique que sa dimension sociale et culturelle, la manière dont le cinéma sous tous ses aspects (pas seulement les films) témoigne d’une époque. » Le projet déposé à l’Institut universitaire de France porte sur les femmes journalistes de cinéma en France jusqu’à la Seconde Guerre mondiale — projet qu’elle porte au sein du laboratoire LASLAR (UR 4256). « Il y a actuellement un mouvement historiographique autour de la contribution des femmes à l’histoire du cinéma : on redécouvre les réalisatrices et les collaboratrices de création. » Ce projet propose de mettre en avant les femmes qui ont joué un rôle de médiatrice de la culture cinématographique à travers la presse. « Je travaille bien entendu sur la critique, mais pas seulement car les spectateurs et spectatrices ne lisent pas exclusivement ce type de publication. Du reportage au studio à la biographie de star, je m’intéresse à tous les écrits qui attestent et nourrissent des représentations, des pratiques et des sociabilités. » L’objectif est de dresser les contours d’un groupe social — les femmes journalistes de cinéma — mais aussi de retracer quelques parcours individuels. « J’ai rencontré récemment la fille de Suzanne Chantal, qui a été journaliste de cinéma dans les années 1930 ; elle avait conservé quelques documents de sa mère, notamment des carnets datant de la fin de la décennie. J’espère pouvoir exhumer de nouvelles archives ! »
Les lauréats de l’Institut universitaire de France sont déchargés des 2/3 du service statutaire d’enseignement et disposent d’une enveloppe de crédits de recherche. « Une nomination à l’IUF, c’est du temps pour se consacrer à la recherche. C’est une grande chance et une belle opportunité. Le temps, c’est le luxe du métier d’enseignant-chercheur ! »
Pierre Larrivée · Évolution de la grammaire des langues
Pierre Larrivée est professeur de linguistique française à l’université de Caen Normandie depuis septembre 2011. Co-directeur du département des Sciences du langage de 2012 à 2014 et directeur du laboratoire CRISCO (UR 4255) de 2013 à 2017, Pierre Larrivée concentre ses activités de recherche sur le changement linguistique. « L’objectif est de tester une méthode permettant de mieux comprendre les causes de l’évolution de la grammaire des langues », précise-t-il.
Un corpus sera établi avec des textes en français de Normandie et en gascon. « Nous adoptons une approche comparative : en analysant la grammaire, nous essayons de déterminer les causes de l’évolution de ces deux variétés, très différentes. » Le corpus est constitué de textes non littéraires — des coutumiers, majoritairement — pour se rapprocher du parler ordinaire, à travers le temps. Ce projet, porté dans le cadre de la nomination à l’Institut universitaire de France, s’inscrit dans la continuité d’autres projets portés par Pierre Larrivée — dont le projet CONDÉ, financé par la Région Normandie, qui édifie une base de données réunissant six siècles de coutumiers normands ; et le projet MICLE, financé par l’Agence nationale de la recherche, qui adopte une approche comparative entre le français et vénitien anciens. « La nomination à l’Institut universitaire de France est un grand honneur. Elle constitue notamment l’opportunité d’approfondir des connaissances existantes sur l’histoire des langues romanes et de développer de nouveaux réseaux internationaux. »