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“Patrimoine & Microscopie” : l’exposition qui dévoile les trésors de notre patrimoine scientifique

  • Dernière modification de la publication :18 octobre 2024
  • Post category: Recherche/Université

En médecine, botanique, mycologie, zoologie ou géologie, les progrès des connaissances ont, la plupart du temps, été liés aux avancements technologiques de la microscopie – outil d’investigation par excellence. La nouvelle exposition de Résitech, “Patrimoine et microscopie en Normandie”, présente les instruments les plus remarquables issues des collections des universités de Caen Normandie et Rouen Normandie, et des partenaires du réseau. Deux questions à Jean-Philippe Rioult, maître de conférences en botanique et mycologie (ABTE), et à Jean-Marc Routoure, professeur d’électronique (GREYC).

Quelle est la spécificité des microscopes présentés au sein de l’exposition ?

Jean-Philippe Rioult. Cette exposition, c’est un parcours dans le temps, du XIXe siècle à nos jours : elle met en lumière l’évolution des techniques scientifiques – préparation, observation, interprétation des échantillons – et, au-delà de l’instrument, la diversité des thématiques, des disciplines et des usages. Plus d’une vingtaine de microscopes sont présentés. On retrouve notamment des microscopes anciens en laiton, comme les modèles de 1880 ayant servi à Alexandre Bigot, professeur de géologie et paléontologie à la faculté des sciences de Caen – leur sauvetage, dans le contexte des bombardements de la Bataille de Normandie, en 1944, est exceptionnel. Ou encore les premiers microscopes électroniques à transmission, qui ont ouvert la voie aux observations à l’échelle de l’atome.

Jean-Marc Routoure. Cette exposition présente des instruments de microscopie électronique – une nouvelle génération de microscopes commercialisé dans les années 1950, qui s’appuie sur des faisceaux d’électrons, pour observer et analyser la matière à l’échelle de la molécule et de l’atome. L’université de Caen Normandie avait acquis un microscope électronique à transmission dès les années 1960 par l’intermédiaire du Professeur Jean Jacquet, pour mener des recherches en microbiologie. Il ne reste que deux exemplaires connus de cet instrument : l’un au musée Philips à Eindhoven et l’autre ici, présenté dans cette exposition !

En quoi ces instruments sont-ils emblématiques des recherches menées à l’université de Caen Normandie ?

Jean-Marc Routoure. Derrière chaque instrument se révèlent les recherches effectuées dans les laboratoires de l’université. Les microscopes électroniques évoquent par exemple les matériaux supra-conducteurs synthétisés au CRISMAT dans le milieu des années 80. L’université possède aujourd’hui 2 plateformes de microscopie : sur le campus 1 (CMAbio3) pour les sciences du vivant et sur le campus 2 pour les sciences des matériaux. L’aligneur de masque exposé a été utilisé au GREYC dans les années 80 et rappelle les liens étroits entre l’université et l’industrie caennaise de la micro-électronique. Le laboratoire commun IPDN (CNRS, Ensicaen, UNICAEN et l’entreprise Murata) est aujourd’hui le descendant des liens évoqués par cet instrument.

Jean-Philippe Rioult. Nous pouvons constater que, dans de nombreuses disciplines (botanique, mycologie, biologie et microbiologie, zoologie, géologie ou encore en médecine), les avancées techniques de la microscopie optique, puis de la microscopie électronique sont liées à la progression des connaissances. Ces instruments ont été depuis complétés par d’autres outils, comme la biologie moléculaire dans les sciences du vivant. Toutes ces techniques ont accompagné les recherches, pluridisciplinaires, de l’université de Caen Normandie. En géologie, elles ont amélioré la connaissance des roches régionales, nationales et internationales. En paléontologie, elles ont servi à l’étude de la microfaune et de la paléobotanique. En mycologie, elles ont permis d’identifier des espèces nouvelles liées au changement climatique, de mettre en évidence des spores de champignons toxiques et d’identifier des spores de mérules dans l’atmosphère responsables d’affections respiratoires. Mais il y aurait encore tant à dire sur ce qu’a apporté – et ce qu’apporte encore ! – la microscopie.

L’exposition “Patrimoine et microscopie : regarder l’invisible en Normandie “ est à découvrir à la bibliothèque Rosalind Franklin, sur le campus 2 de Caen jusqu’au 31 octobre 2024.

À propos du réseau Résitech

L’université de Caen Normandie est membre du réseau Résitech, impulsé par l’INSA Rouen. Objectifs : rechercher, inventorier, documenter, valoriser le patrimoine scientifique, industriel et technique des établissements d’enseignement supérieur et de recherche de Normandie. Près de 1 000 instruments ont été repérés à ce jour. Résitech s’inscrit dans un réseau national porté par le Musée des arts et métiers : la mission nationale de sauvegarde du patrimoine scientifique et technique contemporain (la mission PATSTEC). L’exposition “Patrimoine et microscopie : regarder l’invisible en Normandie “, a été réalisée avec le concours de Jean-Philippe Rioult, Pierre Savaton, Didier Goux et Jean-Marc Routoure.