MADAME,
Puisque vostre Altesse desire sçavoir qu’elle est ma resolution touchant le voyage de Suede, ie luy diray que ie persiste dans lale dessein d’y aller, en cas que la Reyne continuë à témoigner qu’elle veut que i’y aille, AT V, 360 et M. Chanut nostre R. en ce païs-là estant passé icy il y a huit iours, pour aller en France, m’a parlé si avantageusement de cette merveilleuse Reine, que le chemin ne me semble plus si long ny si fascheux qu’il faisoit auparavant ; mais ie ne partiray point que ie n’aye receu encore une fois des nouvelles de ce païs-là, et ie tascheray d’attendre le retour de M. Chanut pour faire le voyage avec luy, pource que Clerselier I, 144 j’espere qu’on le renuoyera en Suede. Au reste, ie m’estimerois extremement heureux, si lors que i’y seray, i’estois capable de rendre quelque service à vostre Altesse. Ie ne manqueray pas d’en rechercher avec soin les occasions, et ne craindray point d’écrire ouvertement tout ce que i’auray fait ou pensé sur ce sujet, à cause que ne pouvant avoir aucune intention qui soit préjudiciable à ceux pour qui ie seray obligé d’avoir du respect, et tenant pour maxime, que les voyes iustes et honnestes sont les plus utiles et les plus sures, encore que les lettres que i’écriray fussent vües, i’espere qu’elles ne pourront estre mal interpretées, ny tomber entre les mains de personnes qui soient si injustes, que de trouver mauvais que ie m’acquitte de mon devoir, et fasse profession ouverte d’estre, etc.