Clerselier II, 148

A MONSIEUR DESCARTES.

LETTRE XIX. Version.

MONSIEUR,
Nous n’avons pas plutost receu les lettres que vous avez pris la peine de nous écrire d’Egmond le quatriéme de ce mois, que nous avons donné iour au Recteur de l’Academie, et aux Professeurs en Theologie et Philosophie, et aussi aux Recteurs du College de Theologie, pour comparoistre devant nous ; Et mesme nous leur avons deffendu tres-expressément à tous, et à chacun d’eux en particulier, de faire doresnavant aucune mention de vous, ny de vos opinions, dans leurs leçons, disputes, ou autres exercices Academiques, et leur avons ordonné de s’en taire entierement. En quoy ayant satisfait, comme nous pensons, autant que nous avons pû à vostre desir, nous ne doutons point que de vostre costé vous ne correspondiez au nostre. C’est pourquoy nous vous prions aussi de tout nostre pouvoir, de vous abstenir de parler et d’agiter davantage cette Question que vous dites avoir esté impugnée par les Professeurs de nostre Academie, par un Regent de nostre College, et par nos Theologiens, de peur des inconveniens, qui en pourroient arriver de part et d’autre, que nous jugeons estre de nostre devoir, et du bien de la Republique de prevenir ; Enfin nous prions Dieu qu’il veüille vous conduire par son Esprit, et vous conserver en santé.

Donné à Leyde le 13. des Kalendes de Iuin 1647.

Par les Curateurs de l’Academie, et les Consuls de la Ville de Leyde. Par leur Secretaire Iean de Wevelichoven.