MONSIEUR,
Ie ne receus vostre derniere que Lundy matin, une heure apres avoir envoyé celle que ie vous écrivis AT IV, 679 Dimanche au soir, ce qui est cause que ie n’y adjoûtay point mon systeme pour faire un instrument de Musique qui soit parfait ; car ie ne pensois pas que vous le voulussiez encore voir ; et ie sçay bien que vous n’en avez aucun besoin pour l’Espinette que vous voulez faire faire à Mademoiselle vostre fille ; Car pour l’âge où elle est, il ne faut chercher que les choses les plus faciles, et ce systeme est beaucoup plus difficile que le vulgaire. Clerselier III, 588 Mais vous en pourrez aisément iuger, car le voicy.
A sçavoir, au lieu qu’on a coustume de diviser l’octave en douze parties, pour les instrumens ordinaires, il faut icy la diviser en dix-huit ; Comme par exemple, aux Espinettes les marches d’une octave sont ainsi disposées, etc. et elles le devroient estre ainsi, etc.
Et les sons de ces marches doivent avoir entr’eux mesme proportion que les nombres icy mis ; En sorte que si la corde qui fait le son C estoit divisée en 3600 parties égales, 3456 de ses parties donneroient AT IV, 680 le son c, et 3375 le son c. et 3240 le son D, et ainsi des autres. Et c’est suivant cela qu’il faut accorder cette Espinette. Et on s’en peut servir pour joüer toutes les mesmes pieces qu’on joüe sur les autres, sans qu’il soit besoin d’y rien changer, sinon qu’il faut prendre garde que quand on veut se servir de la feinte c avec A ou E, il faut prendre le premier c ; et que quand on s’en sert avec F, il faut toucher le second c. Et qu’il faut toucher le premier D avec A ou F, et D. avec G ou ; et d avec , et d. avec G ; et f avec A, et f. avec ; et g avec E, et g. avec F ou C ; et enfin b avec F, et b. avec G ; Ce qui s’entend pour les pieces qu’on joüe en B quarré ; Et pour celles qu’on joüe en B mol, il ne faut que mettre F au lieu de C ; G et G. au lieu de D et D. et ainsi de suitte. Et ce que i’ay dit icy d’une octave, se doit entendre de tout le Clavier, dans lequel toutes les octaves doivent estre divisées l’une comme l’autre.
Ie suis,