Le Gras, p. 16
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ARTICLE XI.
Comment se font les mouvemens des
muscles.

Car la seule cause de tous les mouvemens des membres est, que quelques muscles s’acourcissent, et que leurs opposez s’alongent, ainsi qu’il a deja esté dit. Et la seule cause qui fait qu’un muscle s’acourcit plustost que son opposé, est qu’il vient tant soit peu plus d’esprits du cerveau vers luy que vers l’autre. Non pas que les esprits qui vienent immediatement du cerveau suffisent seuls pour mouvoir ces muscles, mais ils determinent les autres esprits, qui sont desia dans ces deux muscles, à sortir tous fort promptement de l’un d’eux, et passer dans l’autre : au moyen de quoy celuy d’ou ils sortent devient plus long et plus lasche ; AT XI, 336 et celuy dans lequel ils entrent, Le Gras, p. 17
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estant promptement enflé par eux, s’accourcit, et tire le membre auquel il est attaché. Ce qui est facile à concevoir, pourvû que l’on sçache qu’il n’y a que fort peu d’esprits animaux qui vienent continuellement du cerveau vers chaque muscle, mais qu’il y en a tousjours quantité d’autres enfermez dans le mesme muscle, qui s’y meuvent tres-viste, quelquefois en tournoyant seulement dans le lieu où ils sont, à sçavoir lors qu’ils ne trouvent point de passages ouverts pour en sortir, et quelquefois en coulant dans le muscle opposé. d’autant qu’il y a de petites ouvertures en chacun de ces muscles, par où ces esprits peuvent couler de l’un dans l’autre, et qui sont tellement disposées, que lors que les esprits qui vienent du cerveau vers l’un d’eux, ont tant soit peu plus de force que ceux qui vont vers l’autre, ils ouvrent toutes les entrées Le Gras, p. 18
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par où les esprits de l’autre muscle peuvent passer en cettuy-cy, et ferment en mesme temps toutes celles par où les esprits de cettuycy peuvent passer en l’autre : au moyen de quoy tous les esprits contenus auparavant en ces deux muscles, s’assemblent en l’un d’eux fort promptement, et ainsi l’enflent et l’accourcissent, pendant que l’autre s’allonge et se relasche.