ARTICLE XXVI.
Que les imaginations, qui ne depen
dent que du mouvement fortuit des
esprits, peuvent estre d’aussi veritables
passions, que les perceptions qui
dépendent des nerfs.

Il reste icy à remarquer, que toutes les mesmes choses que l’ame Le Gras, p. 39
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aperçoit par l’entremise des nerfs, luy peuvent aussi estre représentées par le cours fortuit des esprits ; sans qu’il y ait autre difference, sinon que les impressions qui vienent dans le cerveau par les nerfs, ont coustume d’estre plus vives et plus expresses, que celles que les esprits y excitent. ce qui m’a fait dire en l’art. 21. que celles-cy sont comme l’ombre ou la peinture des autres. Il faut aussi remarquer qu’il arrive quelquefois, que cette peinture est si semblable à la chose qu’elle represente, qu’on peut y estre trompé touchant les perceptions qui se rapportent aux objets qui sont hors de nous, ou bien celles qui se rapportent à quelques parties de nostre corps, mais qu’on ne peut pas l’estre en mesme façon touchant les passions, d’autant qu’elles sont si proches et si interieures à nostre ame, qu’il est impossible qu’elle les sente sans qu’elles soient veritablement Le Gras, p. 40
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telles qu’elle les sent. Ainsi souvent lorsque l’on dort, et mesme quelquefois AT XI, 349 estant éveillé on imagine si fortement certaines choses, qu’on pense les voir devant soy, ou les sentir en son corps, bien qu’elles n’y soient aucunement : Mais encore qu’on soit endormi, et qu’on resve ; on ne sçauroit se sentir triste ou emeu de quelque autre passion, qu’il ne soit tres-vray que l’ame a en soy cette passion.