ARTICLE XLIV.
Que chaque volonté est naturellement
jointe à quelque mouvement de la
glande ; mais que par industrie ou
par habitude on la peut joindre à
d’autres.

Toutefois ce n’est pas tousjours la volonté d’exciter en nous quelque mouvement, ou quelque autre effect, qui peut faire que nous l’excitons : mais cela change selon que la nature ou l’habitude ont diversement joint chaque mouvement de la glande à chaque pensée. Ainsi, par exemple, si on veut disposer ses yeux à regarder un objet fort eloigné, cette volonté fait que AT XI, 362 leur prunelle s’eslargit ; Le Gras, p. 63
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et si on les veut disposer à regarder un objet fort proche, cette volonté fait qu’elle s’estrecit. Mais si on pense seulement à eslargir la prunelle, on a beau en avoir la volonté, on ne l’eslargit point pour cela : d’autant que la nature n’a pas joint le mouvement de la glande, qui sert à pousser les esprits vers le nerf optique en la façon qui est requise pour eslargir ou estrécir la prunelle, avec la volonté de l’eslargir ou estrecir, mais bien avec celle de regarder des objets esloignez ou proches. Et lors qu’en parlant nous ne pensons qu’au sens de ce que nous voulons dire, cela fait que nous remüons la langue et les levres beaucoup plus promptement et beaucoup mieux, que si nous pensions à les remuër en toutes les façons qui sont requises pour proferer les mesmes paroles. D’autant que l’habitude, que nous avons acquise en apprenant Le Gras, p. 64
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à parler, a fait que nous avons joint l’action de l’ame, qui par l’entremise de la glande peut mouvoir la langue et les levres, avec la signification des paroles, qui suivent de ces mouvemens, plustost qu’avec les mouvemens mesmes.