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ARTICLE CVIII.
En la Haine.
Qvelquefois au contraire il venoit quelque suc estranger vers le cœur, qui n’estoit pas propre à entretenir la chaleur, ou mesme qui la pouvoit esteindre : ce qui estoit cause que les esprits, qui montoient du cœur au cerveau, excitoient en l’ame la passion de la Haine. Et en mesme temps aussi ces esprits alloient du cerveau vers les nerfs, qui pouvoient pousser du sang de la rate, et des petites venes du foye, vers le cœur, pour empescher ce suc nuisible d’y entrer ; et de plus vers ceux qui pouvoient repousser ce mesme suc vers les intestins, et vers l’estomac, ou aussi quelquefois obliger l’estomac à le vomir. D’où vient que ces mesmes mouvemens ont coustume d’accompagner Le Gras, p. 145
Image haute résolution sur Gallica la passion de la Haine. Et on peut voir à l’œil qu’il y a dans le foye quantité de venes, ou conduits, assez larges, par où le suc des viandes peut passer de la veine porte en la veine cave, et de là au cœur, sans s’arrester aucunement au foye; mais qu’il y en a aussi AT XI, 409 une infinité d’autres plus petites ou il peut s’arrester, et qui contienent tousjours du sang de reserve, ainsi que fait aussi la rate ; lequel sang estant plus grossier que celuy qui est dans les autres parties du corps, peut mieux servir d’aliment au feu qui est dans le cœur, quand l’estomac et les intestins manquent de luy en fournir.