ARTICLE CXVII.
Comment on rougit souvant
estant triste.

Mais il arrive souvant qu’on ne palit point estant triste, et qu’au contraire on devient rouge. Ce qui doit estre attribué aux autres passions qui se joignent à la Tristesse, à sçavoir, à l’Amour, ou Le Gras, p. 155
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au Desir, et quelquefois aussi à la Haine. Car ces passions eschauffant ou agitant le sang qui vient du foye, des intestins, et des autres parties interieures, le poussent vers le cœur, et de là par la grande artere vers les veines du visage, sans que la Tristesse qui serre de part et d’autre les orifices du cœur le puisse empescher, excepté lors qu’elle est fort excessive. Mais encore AT XI, 415 qu’elle ne soit que mediocre, elle empesche aysement que le sang ainsi venu dans les venes du visage ne descende vers le cœur, pendant que l’Amour, le Desir, ou la Haine y en poussent d’autre des parties interieures. C’est pourquoy ce sang estant arresté autour de la face, il la rend rouge; Et mesme plus rouge que pendant la Ioye, à cause que la couleur du sang paroist d’autant mieux qu’il coule moins viste, et aussi à cause qu’il s’en peut ainsi assembler davantage Le Gras, p. 156
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dans les veines de la face, que lors que les orifices du cœur sont plus ouverts. Cecy paroist principalement en la Honte, laquelle est composée de l’Amour de soy-mesme, et d’un Desir pressant d’éviter l’infamie presente ; ce qui fait venir le sang des parties interieures vers le cœur, puis de là par les arteres vers la face ; Et avec cela d’une mediocre Tristesse, qui empéche ce sang de retourner vers le cœur. Le mesme paroist aussi ordinairement lors qu’on pleure ; car, comme je diray cy apres, c’est l’Amour jointe à la Tristesse qui cause la plus part des larmes. Et le mesme paroist en la colere, ou souvant un prompt Desir de vengeance est meslé avec l’Amour, la Haine et la Tristesse.