ARTICLE CXXXV.
Des Soupirs.

La cause des Soupirs, est fort differente de celle des larmes, encore qu’ils presupposent comme elles la AT XI, 428 Tristesse. Car au lieu qu’on est incité à pleurer quand les poumons sont pleins de sang ; on est incité à soupirer quand ils sont presque vuides, et que quelque imagination d’esperance ou de joye ouvre l’orifice de l’artere veneuse, que la Tristesse avoit étreci ; Pource qu’alors le peu de sang qui reste dans les poumons, tombant tout à coup dans le costé gauche du cœur par cette artere veneuse, et y estant poussé par le Desir de parvenir à cette Ioye, lequel agite en mesme temps tous les muscles du diaphragme et de la poitrine, l’air Le Gras, p. 179
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est poussé promptement par la bouche dans les poumons, pour y remplir la place que laisse ce sang. Et c’est cela qu’on nomme soupirer.