Le Gras, p. (46)
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RESPONSE
A la seconde lettre.

MONSIEVR,

Ie suis fort innocent de l’artifice, dont vous voulez croyre que j’ay usé, pour empescher que la grande lettre que vous m’aviez escrite l’an passé ne soit publiée. Ie n’ay eu aucun besoin d’en user. Car outre que je ne croy nullement qu’elle pûst produire l’effect que vous AT XI, 326 pretendez, je ne suis pas si enclin à l’oysiveté, que la crainte du travail auquel je serois obligé pour examiner plusieurs experiences, si j’avois receu du public la commodité de les faire, puisse prevaloir au desir que j’ay de m’instruire, et de mettre par escrit quelque chose qui soit utile aux autres hommes. Ie ne puis pas si bien m’excuser de la negligence dont vous me blasmez. Car j’avoüe que j’ay esté plus long temps à revoir le petit traité que je vous envoye, que je n’avois esté cy-devant à le composer, et que neantmoins je n’y ay adjousté que peu de choses, et n’ay rien changé au discours, lequel est si simple et si bref, qu’il fera connoistre que mon dessein n’a pas esté d’expliquer les Passions en Orateur, ny mesme en Philosophe Le Gras, p. (47)
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moral, mais seulement en Physicien. Ainsi je prevoy que ce traité n’aura pas meilleure fortune que mes autres escrits ; et bien que son titre convie peut estre davantage de personnes à le lire, il n’y aura neantmoins que ceux qui prendront la peine de l’examiner avez soin, ausquels il puisse satisfaire. Tel qu’il est, je le mets entre vos mains, etc.

D’Egmont, le 14 d’Aoust, 1649.

Le Gras, p. (48)
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