OBIECTION SIXIÉME.
Mais il y en a d’autres (à sçauoir d’autres pensées) qui contiennent de plus d’autres formes, par exemple, lorsque ie veux, que ie crains, que i’affirme, que ie nie, ie conçoy bien, à la verité tousiours quelque chose comme le sujet de l’action de mon esprit, mais i’adioute aussi quelque autre chose par cette action à l’Idée que i’ay de cette chose-là ; et de ce genre de pensées les vnes font apelées volontez, ou affections, et les autres iugemens.
Lorsque quelqu’vn veut, ou craint, il a bien, à la verité l’image de la chose qu’il craint, et de l’action Camusat – Le Petit, p. 236
Image haute résolution sur Gallica qu’il veut, mais qu’est ce que celuy qui veut, ou qui craint, embrasse de plus par sa pensée, cela n’est pas icy expliqué. Et quoy qu’à le bien prendre la crainte soit vne pensée, ie ne voy pas comment elle peut estre autre, que la pensée ou l’jdée de la chose que l’on craint. AT IX-1, 142 Car qu’est-ce autre chose que la crainte d’vn lion qui s’auance vers nous, sinon l’jdée de ce lion, et l’effect (qu’vne telle jdée engendre dans le cœur) par lequel celuy qui craint est porté à ce mouuement animal que nous apelons fuite. Maintenant ce mouuement de fuite n’est pas vne pensée, Et partant il reste que dans la crainte il n’y a point d’autre pensée, que celle qui consiste en la ressemblance de la chose que l’on craint ; le mesme se peut dire aussi de la volonté.
D’auantage l’affirmation et la negation ne se font point sans parole, et sans noms, d’où vient que les bestes ne peuuent rien affirmer, ny nier, non pas mesme par la pensée, et partant ne peuuent aussi faire aucun jugement ; et neantmoins la pensée peut estre semblable dans vn homme, et dans vne beste. Car quand nous affirmons qu’vn homme court, nous n’auons point d’autre pensée que celle qu’a vn chien qui voit courir son maistre, et partant l’affirmation, et la negation n’adioutent rien aux simples pensées, si ce n’est peut-estre la pensée que les noms, dont l’affirmation est composée, sont les noms de la chose mesme qui est en l’esprit de celuy qui affirme ; Et cela nest rien autre chose Camusat – Le Petit, p. 237
Image haute résolution sur Gallica que comprendre par la pensée la ressemblance de la chose, mais cette ressemblance deux fois.
Réponse.
Il est de soy tres-euident, que c’est autre chose de voir vn lion, et ensemble de le craindre, que de le voir seulement : Et tout de mesme que c’est autre chose de voir vn homme qui court, que d’assurer qu’on le void. Et ie ne remarque rien icy qui ait besoin de réponse, ou d’explication.