OBIECTION QVINZIÉME.
SVR LA SIXIÉME MEDITATION.
De l’Existence des choses materielles.

Car Dieu ne m’ayant donné aucune faculté pour connoitre que cela soit(à sçauoir que Dieu par luy-mesme ou par l’entremise de quelque creature plus noble que le corps, m’enuoye les jdées du corps) mais au contraire m’ayant donné vne grande inclination à croire qu’elles me sont enuoyées, ou qu’elles partent des choses corporelles, ie ne voy pas comment on pouroit l’excuser de tromperie, si en effect ces jdées partoient ; ou estoient produites par d’autres causes que par des choses corporelles ; et partant, il faut auouër qu’il y a des choses corporelles qui existent.

Camusat – Le Petit, p. 254
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C’est la commune opinion que les Medecins ne pechent point qui deçoiuent les malades pour leur propre santé, ny les peres qui trompent leurs enfans pour leur propre bien ; et que le mal de la tromperie ne consiste pas dans la fausseté des paroles, mais dans la malice de celuy qui trompe. Que Monsieur Des-Cartes prenne donc garde si cette proportion, Dieu ne nous peut iamais tromper, prise vniuersellement est vraye, car si elle n’est pas vraye ainsi vniuersellement prise, cette conclusion n’est pas bonne, donc il y a des choses corporelles qui existent.

Réponse.

AT IX-1, 152 Pour la verité de cette conclusion, il n’eit pas necessaire que nous ne puissions iamais estre trompez (car au contraire i’ay auoüé franchement que nous le sommes souuent) mais seulement que nous ne le soyons point, quand nostre erreur feroit paroirtre en Dieu vne volonté de deceuoir, laquelle ne peut estre en luy ; Et il y a encore icy vne consequence qui ne me semble pas estre bien deduite de ses principes.