Camusat – Le Petit, p. 205
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AT IX-1, 124

RAISONS QUI PROVVENT
l’existence de Dieu, et la distinction qui est entre l’Esprit et le Corps humain, disposées d’vne façon Geometrique.

Definitions.

I. Par le nom de pensée, ie comprens tout ce qui est tellement en nous, que nous en sommes immédiatement connoissans. Ainsi toutes les operations de la volonté, de l’entendement, de l’imagination, et des sens sont des pensées. Mais i’ay adjousté immediatement pour exclure les choses qui suiuent et dépendent de nos pensées, par exemple, le mouuement volontaire a bien à la verité la volonté pour son principe, mais luy-mesme neantmoins n’est pas vne pensée.

II. Par le nom d’Idée, i’entens cette forme de chacune de nos pensées, par la perception immediate de laquelle nous auons connoissance de ces mesmes pensées. En telle sorte que ie ne puis rien exprimer par Camusat – Le Petit, p. 206
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des paroles, lorsque i’entens ce que ie dis, que de cela mesme il ne soit certain que i’ay en moy l’idée de la chose qui est signifiée par mes paroles. Et ainsi ie n’apelle pas du nom d’idée les seules images qui sont dépeintes en la fantaisie : au contraire ie ne les appelle point icy de ce nom, en tant qu’elles sont en la fantaisie corporelle, c’est à dire en tant qu’elles sont dépeintes en quelques parties du cerueau, mais seulement en tant qu’elles informent l’esprit mesme, qui s’aplique à cette partie du cerueau.

III. Par la realité objectiue d’vne Idée, i’entens l’entité ou l’estre de la chose representée par l’idée, en tant que cette entité est dans l’idée : et de la mesme façon on peut dire vne perfection objectiue, ou vn artifice objectif etc. Car tout ce que nous conceuons comme estant dans les objets des idées, tout cela est objectiuement, ou par representation, dans les idées mesmes.

AT IX-1, 125 IV. Les mesmes choses sont dites estre formellement dans les objets des idées, quand elles sont en eux telles que nous les conceuons ; et elles font dites y estre eminemment quand elles n’y sont pas à la verité telles, mais qu’elles sont si grandes, qu’elles peuuent supléer à ce defaut par leur excellence.

V. Toute chose, dans laquelle reside immediatement, comme dans son sujet, ou par laquelle existe quelque chose que nous conceuons, c’est à dire quelque proprieté, qualité, ou attribut, dont nous auons en nous vne réelle idée, s’appelle Substance. Car nous Camusat – Le Petit, p. 207
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n’auons point d’autre idée de la substance precisément prise, sinon qu’elle est vne chose dans laquelle existe formellement, ou eminemment, ce que nous conceuons, ou ce qui est objectiuement dans quelqu’vne de nos idées ; d’autant que la lumiere naturelle nous enseigne que le neant ne peut auoir aucun attribut réel.

VI. La substance, dans laquelle reside immediatement la pensée, est icy apellée Esprit. Et toutesfois ce nom est équiuoque, en ce qu’on l’attribuë aussi quelquesfois au vent, et aux liqueurs fort subtiles : mais ie n’en sçache point de plus propre.

VII. La substance, qui est le sujet immediat de l’extension, et des accidens qui presuposent l’extension, comme de la figure, de la situation, du mouuement local, etc. s’apelle Corps : Mais de sçauoir si la substance qui est apellée Esprit, est la mesme que celle que nous apellons Corps, ou bien si elles sont deux substances diuerses, et separées, c’est ce qui sera examiné cy aprés.

VIII. La substance, que nous entendons estre souuerainement parfaite, et dans laquelle nous ne conceuons rien qui enferme quelque defaut, ou limitation de perfection, s’apelle Dieu.

IX. Quand nous disons que quelque attribut est contenu dans la nature, ou dans le concept d’vne chose, c’est de mesme que si nous disions que cét attribut est vray de cette chose, et qu’on peut assurer qu’il est en elle.

X. Deux substances sont dites estre distinguées réellement, quand chacune d’elles peut exister sans l’autre.

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Demandes.

Ie demande premierement, que les Lecteurs considerent combien foibles sont les raisons qui leur ont fait iusques icy adjouster foy à leurs sens, et combien sont incertains tous les iugemens qu’ils ont depuis apuyez sur eux ; et qu’ils repassent si long temps et si souuent cette consideration en leur esprit, qu’enfin ils acquierent l’habitude AT IX-1, 126 de ne se plus confier si fort en leurs sens ; Car i’estime que cela est necessaire pour se rendre capable de connoistre la verité des choses Metaphysiques, lesquelles ne dépendent point des sens.

En second lieu, Ie demande qu’ils considerent leur propre esprit, et tous ceux de ses attributs dont ils reconnoistront ne pouuoir en aucune façon douter, encore mesme qu’ils suposassent que tout ce qu’ils ont iamais receu par les sens fust entierement faux ; et qu’ils ne cessent point de le considerer, que premierement ils n’ayent acquis l’vsage de le conceuoir distinctement, et de croire qu’il est plus aisé à connoistre que toutes les choses corporelles.

En troisiéme lieu. Qu’ils examinent diligemment les propositions qui n’ont pas besoin de preuue pour estre connuës, et dont chacun trouue les notions en soy-mesme, comme sont celles-cy. Qu’vne mesme chose ne peut pas estre et n’estre point tout ensemble. Que le rien ne peut pas estre la cause efficiente d’aucune chose : et Camusat – Le Petit, p. 209
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autres semblables ; et qu’ainsi ils exercent cette clairtéclarté de l’entendement qui leur a esté donnée par la nature, mais que les perceptions des sens ont accoutumé de troubler, et d’obscurcir ; qu’ils l’exercent, dis-je, toute pure, et deliurée de leurs prejugez ; Car par ce moyen la verité des axiomes suiuans leur sera fort euidente.

En quatriéme lieu. Qu’ils examinent les idées de ces natures, qui contiennent en elles vn assemblage de plusieurs attributs ensemble, comme est la nature du triangle, celle du quarré, ou de quelque autre figure ; Comme aussi la nature de l’esprit, la nature du corps, et par dessus toutes la nature de Dieu, ou d’vn estre souuerainement parfait. Et qu’ils prennent garde qu’on peut assurer auec verité, que toutes ces choses-là sont en elles, que nous conceuons clairement y estre contenuës. Par exemple, parce que dans la nature du triangle rectiligne il est contenu que ses trois angles sont égaux à deux droits ; et que dans la nature du corps, ou d’vne chose étenduë, la diuisibilité y est comprise, (car nous ne conceuons point de chose étenduë si petite, que nous ne la puissions diuiser au moins par la pensée) Il est vray de dire que les trois angles de tout triangle rectiligne sont égaux à deux droits, et que tout corps est diuisible.

En cinquiéme lieu. Ie demande qu’ils s’arrestent longtemps à contempler la nature de l’estre souuerainement parfait : Et entr’autres choses, qu’ils considerent que dans les idées de toutes les autres natures, Camusat – Le Petit, p. 210
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l’existence possible se trouue bien contenuë ; mais que dans l’idée de Dieu non seulement l’existence possible y est contenuë, mais de plus la necessaire. Car de cela seul, et sans aucun raisonnement, ils connoistront que Dieu cxiste ; et il ne leur sera pas moins clair et AT IX-1, 127 euident sans autre preuue, qu’il leur est manifeste que deux est vn nombre pair, et que trois est vn nombre impair, et choses semblables. Car il y a des choses qui sont ainsi connuës sans preuues par quelques-vns, que d’autres n’entendent que par vn long discours, et raisonnement.

En sixiéme lieu. Que considerant auec soin tous les exemples d’vne claire et distincte perception, et tous ceux dont la perception est obscure et confuse, desquels i’ay parlé dans mes Meditations, ils s’accoutument à distinguer les choses qui sont clairement connuës, de celles qui sont obscures : car cela s’aprend mieux par des exemples, que par des règles ; et ie pense qu’on n’en peut donner aucun exemple, dont ie n’aye touché quelque chose.

En septiéme lieu. Ie demande que les lecteurs prenans garde qu’ils n’ont iamais reconnu aucune fausseté dans les choses qu’ils ont clairement conceuës, et qu’au contraire ils n’ont iamais rencontré, sinon par hazard, aucune verité dans les choses qu’ils n’ont conceuës qu’auec obscurité : Ils considerent que ce seroit vne chose entierement déraisonnable, si pour quelques prejugez des sens, ou pour quelques supositions faites à plaisir, et fondées sur quelque Camusat – Le Petit, p. 211
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chose d’obscur, et d’inconnu, ils reuoquoient en doute les choses que l’entendement conçoit clairement et distinctement : Au moyen de quoy ils admettront facilement les Axiomes suiuans pour vrays, et indubitables ; Bien que j’auouë que plusieurs d’entr’eux eussent pû estre mieux expliquez, et eussent deu estre plutost proposez comme des theorèmes, que comme des Axiomes, si i’eusse voulu estre plus exact.

Axiomes ou Notions communes.

I. Il n’y a aucune chose existante de laquelle on ne puisse demander quelle est la cause pourquoy elle existe. Car cela mesme se peut demander de Dieu ; non qu’il ait besoin d’aucune cause pour exister, mais parce que l’immensité mesme de sa nature est la cause, ou la raison pour laquelle il n’a besoin d’aucune cause pour exister.

II. Le temps present ne dépend point de celuy qui l’a immediatement precedé, c’est pourquoy il n’est pas besoin d’vne moindre cause pour conseruer vne chose, que pour la produire la premiere fois.

III. Aucune chose, ny aucune perfection de cette chose actuellement existante, ne peut auoir le Neant, ou vne chose non existante, pour la cause de son existence.

Camusat – Le Petit, p. 212
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AT IX-1, 128 IV. Toute la realité, ou perfection qui est dans vne chose, se rencontre formellement, ou eminemment, dans sa cause premiere, et totale.

V. D’où il suit aussi que la realité objectiue de nos idées requiert vne cause, dans laquelle cette mesme realité soit contenuë non seulement objectiuement, mais mesme formellement, ou eminemment. Et il faut remarquer que cét Axiome doit si necessairement estre admis, que de luy seul dépend la connoissance de toutes les choses tant sensibles, qu’insensibles : Car d’où sçauons-nous, par exemple, que le Ciel existe, est-ce parce que nous le voyons ? Mais cette vision ne touche point l’esprit, sinon en tant qu’elle est vne idée : vne idée, dis-je, inherente en l’esprit mesme, et non pas vne image dépeinte en la fantaisie ; et à l’occasion de cette idée nous ne pouuons pas iuger que le ciel existe, si ce n’est que nous suposions que toute idée doit auoir vne cause de sa realité objectiue, qui soit réellement existente ; laquelle cause nous iugeons que c’est le ciel mesme, et ainsi des autres.

VI. Il y a diuers degrez de realité, ou d’entité : Car la substance a plus de realité que l’accident ou le mode, et la substance infinie que la finie ; C’est pourquoy aussi il y a plus de realité objectiue dans l’idée de la substance, que dans celle de l’accident, et dans l’idée de la substance infinie, que dans l’idée de la substance finie.

VII. La volonté se porte volontairement, et ibrement, Camusat – Le Petit, p. 213
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(car cela est de son essence) mais neantmoins infailliblement, au bien qui luy est clairement connu : C’est pourquoy si elle vient à connoistre quelques perfections qu’elle n’ait pas, elle se les donnera aussi-tost, si elles sont en sa puissance : car elle connoistra que ce luy est vn plus grand bien de les auoir, que de ne les auoir pas.

VIII. Ce qui peut faire le plus, ou le plus difficile, peut aussi faire le moins, ou le plus aisé.

IX. C’est vne chose plus grande et plus difficile de créer ou conseruer vne substance, que de créer ou conseruer ses attributs, ou proprietez ; Mais ce n’est pas vne chose plus grande, ou plus difficile, de créer vne chose que de la conseruer, ainsi qu’il a des-ja esté dit.

X. Dans l’idée, ou le concept de chaque chose, l’existence y est contenuë, parce que nous ne pouuons rien conceuoir que sous la forme d’vne chose qui existe ; mais auec cette difference, que dans le concept d’vne chose limitée, l’existence possible ou contingente est seulement contenuë, et dans le concept d’vn estre souuerainement parfait, la parfaite et necessaire y est comprise.

Camusat – Le Petit, p. 214
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AT IX-1, 129

PROPOSITION PREMIERE.
L’existence de Dieu se connoist de la seule consideration de sa nature.

Demonstration.

Dire que quelque attribut est contenu dans la nature, ou dans le concept d’vne chose, c’est le mesme que de dire que cét attribut est vray de cette chose, et qu’on peut assurer qu’il est en elle, (par la definition neufiéme).

Or est-il que l’existence necessaire est contenuë dans la nature, ou dans le concept de Dieu, (par l’Axiome dixième).

Doncques il est vray de dire que l’existence necessaire est en Dieu, ou bien que Dieu existe.

Et ce syllogisme est le mesme dont ie me suis seruy en ma réponse au sixiéme article de ces objections : et sa conclusion peut estre connuë sans preuue par ceux qui sont libres de tous prejugez, comme il a esté dit en la cinquiéme demande. Mais parce qu’il n’est pas aisé de paruenir à vne si grande clairtéclarté d’esprit, nous tascherons de prouuer la mesme chose par d’autres voyes.

Camusat – Le Petit, p. 215
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PROPOSITION SECONDE.
L’existence de Dieu est démontrée par ses effets, de cela seul que son idée est en nous.

Demonstration.

La realité objectiue de chacune de nos idées requiert vne cause dans laquelle cette mesme realité soit contenuë, non pas objectiuement, mais formellement, ou eminemment, (par l’Axiome cinquiéme).

Or est-il que nous auons en nous l’idée de Dieu, (par la definition deuxiéme, et huitiéme) et que la realité objectiue de cette idée n’est point contenuë en nous, ny formellement, ny eminemment, (par l’Axiome sixiéme) et qu’elle ne peut estre contenuë dans aucun autre, que dans Dieu mesme, (par la definition huitieme).

Doncques cette idée de Dieu qui est en nous, demande Dieu pour sa cause ; Et par consequent Dieu existe, (par l’Axiome troisiéme).

Camusat – Le Petit, p. 216
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AT IX-1, 130

PROPOSITION TROISIÉME
L’existence de Dieu est encore démontrée de ce que nous-mesmes, qui auons en nous son idée, nous existons.

Démonstration.

Si i’auois la puissance de me conseruer moy-mesme, i’aurois aussi à plus sorte raison le pouuoir de me donner toutes les perfections qui me manquent, (par l’Axiome 8 et 9.) Car ces perfections ne sont que des attributs de la substance, et moy ie suis vne substance ;.

Mais ie n’ay pas la puissance de me donner toutes ces perfections, car autrement ie les possederois des-ja, (par l’Axiome 7.).

Doncques ie n’ay pas la puissance de me conseruer moy-mesme.

En aprés, ie ne puis exister sans estre conserué tant que i’existe, soit par moy-mesme, suposé que i’en aye le pouuoir, soit par vn autre qui ait cette puissance, (par l’Axiome 1. et 2.).

Or est-il que i’existe, et toutesfois ie n’ay pas la puissance de me conseruer moy-mesme, comme ie viens de prouuer.

Doncques ie suis conserué par vn autre.

De plus, celuy par qui ie suis conserué a en soy formellement, ou eminemment, tout ce qui est en moy, (par l’Axiome 4.).

Camusat – Le Petit, p. 217
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Or est-il que i’ay en moy l’idée, ou la notion de plusieurs perfections qui me manquent, et ensemble l’idée d’vn Dieu, (par la définition 2. et 8.).

Doncques la notion de ces mesmes perfections est aussi en celuy par qui ie suis conserué.

Enfin, celuy-là mesme par qui ie suis conserué ne peut auoir la notion d’aucunes perfections qui luy manquent, c’est à dire qu’il n’ait point en soy formellement, ou eminemment, (par l’Axiome 7.) Car ayant la puissance de me conseruer, comme il a esté dit maintenant, il auroit à plus forte raison le pouuoir de se les donner luy-mesme, s’il ne les auoit pas, (par l’Axiome 8. et 9.).

Or est il qu’il a la notion de toutes les perfections que ie reconnois me manquer, et que ie conçoy ne pouuoir estre qu’en Dieu seul, comme ie viens de prouuer.

Doncques il les a des-ja toutes en soy formellement, ou eminemment ; Et ainsi il est Dieu.

AT IX-1, 131

COROLLAIRE.
Dieu a creé le Ciel et la Terre, et tout ce qui y est contenu : Et outre cela il peut faire toutes les choses que nous conceuons clairement, en la manière que nous les conceuons.

Démonstration.

Toutes ces choses suiuent clairement de la proposition precedente. Car nous y auons prouué l’existence de Dieu, parce qu’il est necessaire qu’il Camusat – Le Petit, p. 218
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y ait vn estre qui existe, dans lequel toutes les perfections, dont il y a en nous quelque idée, soient contenuës formellement, ou eminemment.

Or est il que nous auons en nous l’idée d’vne puissance si grande, que par celuy-là seul en qui elle se retrouue, non seulement le Ciel et la terre, etc. doiuent auoir esté creez, mais aussi toutes les autres choses que nous connoissons comme possibles.

Doncques en prouuant l’existence de Dieu, nous auons aussi prouué de luy toutes ces choses.

PROPOSITION QVATRIÉME.
L’Esprit et le Corps sont réellement distincts.

Démonstration.

Tout ce que nous conceuons clairement peut estre fait par Dieu en la maniere que nous le conceuons, (par le Corollaire precedent.).

Mais nous conceuons clairement l’esprit, c’est à dire vne substance qui pense, sans le corps, c’est à dire sans vne substance étenduë, (par la demande 2.) et d’autre part nous conceuons aussi clairement le corps sans l’esprit, (ainsi que chacun accorde facilement.).

Doncques au moins par la toute-puissance de Dieu, l’esprit peut estre sans le corps, et le corps sans l’esprit.

Maintenant les substances qui peuuent estre l’vne Camusat – Le Petit, p. 219
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sans l’autre sont réellement distinctes, (par la definition 10.).

AT IX-1, 132 Or est il que l’esprit et le corps sont des substances, (par les definitions 5. 6. et 7.) qui peuuent estre l’vne sans l’autre (comme ie le viens de prouuer.).

Doncques, l’esprit et le corps sont réellement distincts.

Et il faut remarquer que ie me suis icy seruy de la toute-puissance de Dieu pour en tirer ma preuue, non qu’il soit besoin de quelque puissance extraordinaire pour separer l’esprit d’auec le corps, mais pource que n’ayant traité que de Dieu seul dans les propositions precedentes, ie ne la pouuois tirer d’ailleurs que de luy. Et il n’importe aucunement par quelle puissance deux choses soient separées, pour que nous connoissions qu’elles sont réellement distinctes.