v. 491-710

La quête des « reliques », des clercs normands au Mont Gargan

 
Li buens evesques espleita
 
De son mostier tant que fait l’a [1].
 
Quant le vit fait, forment li plout,
 
Mais ce lei peise que nen out [2]
 495
De seint Michiel aucune rien.
 
Mais molt li avint de cest bien [3],
 
Quer une noit, quant se dormeit,
 
L’archangle vint la ou esteit [4].
 
Cen li a dit que il aprestast
 500
Dous de ses clers, sis enveast [5]
 
En Puille, au mont dreit de Gargaine,
 
Qui en l’issue est de Campaigne [6],
 
Des reliques la demandassent,
 
Cen qu’il aurunt en aportassent [7].
Le bon évêque s’activa à la construction de son église et la réalisa. Quand il la vit terminée, elle lui plut beaucoup, mais il regrettait de n’avoir rien qui vînt de saint Michel. Mais il reçut de ce dernier un grand bienfait [1]  : une nuit, alors qu’il dormait, l’archange vint auprès de lui et lui dit de préparer deux de ses clercs et de les envoyer dans les Pouilles, tout droit au Mont Gargano, aux confins de la Campanie, pour y demander des reliques et rapporter ce qu’ils obtiendraient.
 505
Quant seint Autbert out cen oï,
 
Del noinz de l’angle s’esjoï [8]  ;
 
A Damledeu grant graces rent,
 
Pois apresta hastivement [9]
A-f. 9v 
9vCels qui deveient aler la,
 510
Cum li angles li commanda [10].
 
Lor dras a fait costre et tallier ;
 
Molt se hasta de l’enveier [11].
 
Deniers ad quis tant cum il veit
 
Que sofiere pueent par dreit [12].
 515
Li soller sunt fait tuit faitiz ;
 
Huesels orent por les eviz [13].
 
Li brief sunt fait et seiellé :
 
Briément i sunt tuit recunté [14]
 
Li miracle de chief en chief ;
 520
Et estre cen si unt un brief [15]
 
Qui des reliques demandout,
 
Si cum li angles commandout [16].
Saint Aubert se réjouit du message de l’ange et rendit grâce au Seigneur. Puis il prépara en hâte ceux qui devaient se rendre là-bas, conformément à l’ordre de l’ange. Il leur fit tailler et coudre des vêtements, hâta leur mise en route, réunit une somme de deniers qui lui sembla légitimement suffisante. Voici les souliers prêts, de fort belle facture, des jambières [2] pour les marécages [3]. Prêtes et scellées, les missives relatant brièvement les miracles de bout en bout ; ils avaient encore une autre lettre qui contenait la demande de reliques, selon l’ordre de l’ange.
 
Quant apresté sunt li message,
 
D’une rien unt fait molt que sage [17]  :
 525
Quant de l’evesque dessevreirent,
 
Beneïçon li demandeirent [18],
 
Quer ne sourent si revendreient
 
Ou en la veie tuit morreient [19].
 
Molt dolcement les a besiez
 530
Li evesques, et puis seigniez [20].
 
Cil qui en vunt plorent forment
 
La ou departent de lor gent [21]  ;
 
Si refunt cil de l’autre part.
 
Au dessevreir out maint regart [22]  :
 535
Molt se saluent dolcement
 
La ou departent de lor gent [23].
Quand les messagers furent prêts, ils firent un geste plein de sagesse : au moment de quitter l’évêque, ils lui demandèrent sa bénédiction, ne sachant s’ils reviendraient ou s’ils mourraient tous en chemin. L’évêque les embrassa très affectueusement puis les bénit. Les voyageurs versèrent bien des larmes en quittant leurs compagnons, 
et les autres en firent autant de leur côté. Au moment de se séparer on se retourna bien des fois, on se salua très affectueusement en se quittant [4].
 
Quant a peine sunt desevrei,
 
Lor chemin ount tant cil esrei [24]
A-f. 10r 
10rQue il iessent d’Avrencheïn,
 540
D’Oiesmeis et d’Auge et de Liesvin [25]  ;
 
Cauz trespassent, un seic païs,
 
Et Veulguessin, cen m’est avis [26].
 
Normendie ont tote adossee
 
Quant l’eve d’Ipte ont trespassee [27].
 545
Passent Ponteise et Seint Denis,
 
Devers destre leissent Paris [28]  ;
 
Marne passent endreit Laingné ;
 
Par mié Brie s’en sunt alé [29]  ;
 
Dreit a Sezane sunt venu,
 550
Plaierre veient et Vertu [30].
Après cette séparation difficile, ils cheminèrent longuement, sortant ainsi de l’Avranchin, de l’Hiémois, du Pays d’Auge et du Lieuvin. Ils traversèrent le sec Pays de Caux, puis, je pense, le Vexin [5]. Ils tournèrent complètement le dos à la Normandie en passant l’Epte [6]  ; ils dépassèrent Pontoise et Saint-Denis, laissant Paris à main droite. Ils passèrent la Marne près de Lagny, et s’en allèrent à travers la Brie. Parvenus tout droit à Sézanne, ils furent en vue de Plaierre et de Vertu [7].
 
Tote France trespassee unt.
 
Par mié Borgoigne venu sunt [31]  ;
 
Au premier mont, si l’ont passé,
 
De l’autre part pois sunt entré
 555
En la conté de Moriaigne ;
 
Le lac trespassent de Losaine [32]  ;
 
A grant espleit ount amonteiz
 
Trestoz les monz et avaleiz [33]  ;
 
Quant des monz furent descendu,
 560
En Lonbardie sunt venu [34]  ;
 
Trespassent la isnelement,
 
Toscane aprof tot ensement [35]  ;
 
Parmié Rome s’en sunt alé,
 
Pois en Campaigne sunt entré [36].
 565
Donc ount esré tant par Campagne
 
Que il veient Monte Gargaine [37].
 
Lors mercient molt Damledeu
 
Quies a menez tres qu’a cel leu [38],
A-f. 10v 
10vEt seint Michiel tot ensement
Ils avaient traversé toute la France et étaient parvenus au milieu de la Bourgogne [8]  : au premier mont, ils le franchirent, puis, de l’autre côté, entrèrent dans le comté de Maurienne [9]. Ils dépassèrent [10] le lac de Lausanne, gravirent avec ardeur toutes les montagnes, puis les dévalèrent [11]  ; à la descente des montagnes, ils parvinrent en Lombardie [12]  ; ils la traversèrent rapidement, puis firent de même pour la Toscane [13]  ; ils passèrent par Rome puis pénétrèrent en Campanie. Au bout de leur itinéraire à travers la Campanie, ils aperçurent enfin le Mont Gargano [14]. Ils en remercièrent le Seigneur qui les avait menés en ce lieu et saint Michel également, qui les y avait guidés.
 570
Qui lor a fait aviement [39].
 
D’ilueques sunt alei avant,
 
Dreit al mostier vienent esrant [40]  ;
 
Dedenz en entrent liement,
 
Lor preieres funt belement [41]
 575
Devant l’autel, a genoillons.
 
Quant faites ont lor oreisons [42],
 
Sor piez s’esdrecent, si s’esturent,
 
Puis se signierent cum il durent [43]  ;
 
A l’autel sunt tuit aprismié,
 580
Devant se sunt ragenollié [44],
 
Lor offrendes mestent desus.
 
Quant beisié l’unt, si lievent sus [45],
 
Seignié se sunt, puis ount cliné
 
Parfundement, si sunt ralé [46]
 585
A lor bastons, la ou il ierent.
 
A cels qu’il trouvent demandeirent [47]
 
Ou ert dan abes, s’ert en aiese,
 
Quer requis l’ont a grant mesaise [48].
 
Volentiers od lui parlereient
 590
Priveement, si li dirreient [49]
 
Que il sunt illuec venu querre,
 
Quer message sunt d’autre terre [50].
De là, ils avancèrent et parvinrent rapidement à l’église où ils pénétrèrent, pleins d’allégresse ; ils firent leurs prières comme il convenait, à genoux devant l’autel. Quand ils eurent terminé leurs oraisons, ils se remirent debout et se signèrent dûment. Ils s’approchèrent alors tous de l’autel, devant lequel ils s’agenouillèrent à nouveau ; ils y mirent leurs offrandes [15]. Après y avoir posé leurs lèvres, ils se relevèrent, se signèrent, puis s’inclinèrent profondément ; ils retournèrent alors à l’endroit où étaient leurs bâtons et demandèrent à ceux qu’ils trouvèrent où était le seigneur abbé, s’il était à proximité [16], car ils étaient venus, avec bien des difficultés, pour le rencontrer. Ils souhaiteraient parler avec lui en privé et lui dire ce qu’ils étaient venus chercher en ce lieu, car ils étaient des messagers d’un autre pays.
 
« Seignors, funt cil, or vos souffreiz ;
 
Vn sol petit nos attendez [51]  :
 595
Ne vos peist pas que nos irons
 
Querre l’abei, si li dirrons [52]
 
Que vos volez od lui parler,
 
Puis, se li pleist, porreiz aler [53]
A-f. 11r 
11rParler od lui ou, se il velt,
 600
A vos vendra si com il selt [54]
 
Venir receivre autres messages
 
Comme prodom riches et sages ».
« Messieurs, leur répondirent-ils, veuillez patienter ; attendez-nous juste un peu. Souffrez que nous allions chercher l’abbé et que nous lui disions que vous voulez lui parler. Ensuite, s’il y consent, vous pourrez aller lui parler ou, s’il le veut bien, il viendra vers vous, comme il le fait habituellement pour accueillir d’autres messagers, en homme [17] plein de noblesse et de sagesse ».
 
Quant il furent d’iluec torné,
 
En est les pas trouvent l’abé [55]  ;
 605
Si li unt dit que pelerin
 
Qui nen esteient pas frarin [56]
 
Sunt el mostier, si l’attendeient,
 
Quer ovec lui parler voleient [57].
 
« Et donc sunt il ? – Nos ne savum,
 610
Ne demandei ne lor avum [58].
 
– Aleiz molt tost, sis m’ameneiz,
 
De grant dolçor les salueiz » [59].
 
Donc en sunt cil alei por cels :
 
Primes se sunt beisiez entr’els [60],
 615
Pois a l’abei condit les unt.
 
Quant le virent, salué l’unt [61],
 
Si refait il els ensement,
 
Comme seinz huens, molt humlement [62].
 
Devant lui sunt agenoilliez ;
 620
Trestoz lor bries li unt balliez [63]  :
 
Il leis a leiz et esguardez ;
 
Les messages a rapelez [64]  :
 
« Seignors, fait il, vos remaindreiz
 
Et ouvec nos herbegerez [65],
 625
Quer, se Dex pleist, nos n’avum rien
 
Qu’aveir poissiez, que n’eiés bien [66].
 
Mais or vos prié, par charité,
 
Que me conteiz la verité [67]
A-f. 11v 
11vDe ceste chose : comment vait ?
 630
Cist brief m’ont dit dont molt me hait [68] ».
 
Il lor demande la verté.
 
Et il li unt trestot conté [69]
 
De chief en chief, quer en memoire
 
Aveient bien tote l’estoire [70].
 635
Des que li abes out oï
 
Que cil distrent, molt s’esjoï [71] ;
 
Des que il sout qu’en Occident
 
Rout seint Michiel herbergement [72],
 
Damledeu ad lors gracié.
Une fois sortis, ils allèrent aussitôt trouver l’abbé et lui dirent que, dans le monastère, des pèlerins, qui n’étaient pas de basse condition [18], l’attendaient, avec l’intention de lui parler. « Et d’où sont-ils ? – Nous ne le savons pas, nous ne le leur avons pas demandé. – Dépêchez-vous, amenez-les moi et saluez-les avec beaucoup d’affection ». Ils repartirent alors vers les autres ; ils s’embrassèrent d’abord, puis ils les conduisirent auprès de l’abbé. Arrivés en sa présence, ils le saluèrent et, en saint homme qu’il était, il fit de même, très humblement [19]. Ils s’agenouillèrent devant lui et lui tendirent toutes leurs missives. Après les avoir lues [20] avec attention, il rappela les messagers : « Messieurs, dit-il, vous resterez ici et vous logerez avec nous. Car, s’il plaît à Dieu, il n’y a rien de ce que nous avons que vous ne puissiez avoir, que vous n’ayez effectivement. Mais je vous en prie, faites-moi l’amitié de me dire la vérité sur cette affaire : comment se déroule-t-elle ? Ces lettres m’ont donné des informations dont je me réjouis ». Il leur demanda de lui dire la vérité [21] et les autres la lui exposèrent dans tous ses détails, du fait qu’ils avaient toute l’histoire parfaitement en mémoire ; l’abbé se réjouit fort de ce qu’ils lui avaient dit. En apprenant que saint Michel avait encore une autre demeure en Occident, il rendit grâce au Seigneur Dieu.
 640
La nuit sunt cil bien herbergié [73].
 
En lendemein, en es lespas,
 
Lor fait muer trestoz lor dras [74].
Les messagers furent bien logés cette nuit-là. Et dès le lendemain, il s’empressa de faire changer tous leurs vêtements [22].
 
Vait a Sipont, cele cité ;
 
Sun evesque ad illuec trové [75]  ;
 645
Si li a dit et conté tot
 
Quant que cil dient mot a mot [76].
 
Li evesque en fut molt lié
 
Que Dex aveit apareillié [77]
 
Que li prevoz de paradis
 650
En plusors leus sereit requis [78]
 
Des pecheors qui par la terre
 
Ses oreisons ireient querre [79].
 
Li evesque l’abei preout
 
Et dolcement li commandout
 655
De l’enorer les messagiers
 
Quer molt les deveit aveir chiers [80].
 
Por cen lor face mielz assez
 
Quer de long sunt illuec alez  306  [81] ;
A-f. 12r 
12rEnsorquetot et si lor dont
 660
De seint Michiel de cen qu’il unt [82]  :
 
Del roge paille que laissa
 
Desus l’autel quant dedia [83],
 
Il et li angles, le mostier
 
Et del marbre qu’il ont molt chier [84],
 665
Sor quei li angles tint ses piez
 
Quant li mostier fut dediez [85].
Il se rendit dans la ville de Siponto [23] et alla trouver son évêque pour lui exposer mot pour mot ce que disaient les messagers. L’évêque en fut très heureux, car Dieu avait prévu que le préposé à la garde du paradis serait invoqué en différents lieux par les pécheurs qui, à travers toute la terre, iraient le prier [24]. L’évêque priait l’abbé et lui ordonnait amicalement d’entourer d’honneurs les messagers [25]  : il devait les chérir particulièrement. Il lui fallait les traiter le mieux possible, parce qu’ils avaient fait un long déplacement jusque chez eux [26]  ; et surtout il devait partager avec eux ce qui leur venait de saint Michel : le manteau rouge que ce dernier avait laissé sur l’autel quand il avait, avec l’ange, procédé à la dédicace de l’église [27], et le bloc de marbre, si cher à leur cœur, sur lequel l’ange avait posé les pieds lors de la dédicace [28].
 
Pois qu’il orent assez parlei,
 
Pris a congié et demandei [86].
 
Li buens abes de seinte vie
 670
Si est alei a s’abeïe [87]
Après cette longue discussion, le bon et vertueux abbé prit congé et s’en vint à son abbaye.
 
Li messagier ont sejorné ;
 
A grant plenté lor ad trové [88]
 
Cen que il sout que buen lor fut
 
Et que par dreit faire lor dut [89].
 675
Quant cil ourent assez estei,
 
Si a li abes aprestei [90]
 
Les reliques honestement
 
Que il ont quis tant longuement [91]  :
 
De cel seint drap un poi i a
 680
Que sor l’autel l’angles leissa [92]
 
Quant li mostiers fut dedieiz,
 
Et de cel marbre ou tint ses piez [93]  :
 
Encore i sunt apareissant
 
Li leu des piez, cum d’un enfant [94].
Les messagers s’attardèrent quelque temps. Il trouva pour eux en abondance tout ce qui, il le savait, leur faisait plaisir et dont il devait légitimement s’acquitter à leur égard. Quand ils estimèrent être restés assez longtemps, l’abbé prépara solennellement les reliques [29] qu’ils étaient venus chercher de si loin : il y avait un morceau de ce saint vêtement que l’ange avait laissé sur l’autel au moment de la dédicace de l’église abbatiale, et un autre de ce bloc de marbre où il avait posé ses pieds : on y distingue encore actuellement l’emplacement des pieds, de la taille de ceux d’un enfant.
 685
Quant cil ourent le seintuaire,
 
Dist lor li abes debonaire [95]  :
 
« Seignors, por Deu, or vos preions
 
Que des or mais nos entramons [96]  :
A-f. 12v 
12vBien devun estre d’une amor
 690
Quant tuit servum a un seignor [97]. 
 
– Si ferom nos mais, se Dex plaist »,
 
Respondent cil quant il se taist [98].
Quand ils furent en possession du reliquaire, le noble abbé leur dit : « Messieurs, au nom de Dieu, nous vous en prions, aimons-nous désormais les uns les autres. Une même affection s’impose à nous, puisque nous servons tous un même seigneur. Quand il se tut, les autres répondirent : – Ainsi ferons-nous désormais, si Dieu le veut ».
 
Congié ont pris, si s’en revunt
 
En lor païs quant trestot ont [99]
 695
Quant que il ourent demandei,
 
Et estre cen sunt sojornei [100].
 
Mais en maint leu ou sunt venu,
 
Cen dit l’escrit que ai veü [101],
 
Damledeu fist moltes vertuz
 700
Por seint Michiel qui est sis druz [102].
 
Maint beil miracle veü unt,
 
En plusors leus ou venu sunt [103],
 
Li porteor del seintuaire,
 
Tant cum il furent el repaire [104].
 705
Douze en i out qui escriz sunt
 
De douze cels qui veü unt [105]  ;
 
Assez i out d’autre plusors
 
Que je ne sei raconter vos [106],
 
Quer je nel liez ne nes oï
 710
Ne mais eissi cum jen vos di [107].
Ils prirent congé et repartirent dans leur pays, après avoir obtenu tout ce qu’ils avaient demandé et avoir prolongé leur séjour. Mais à plusieurs endroits, sur leur passage (c’est ce que dit le document que j’ai vu), Notre Seigneur manifesta plusieurs fois sa puissance en faveur de saint Michel, son fidèle ami. Les porteurs du reliquaire virent plus d’un beau miracle dans plusieurs lieux où ils passèrent, sur le chemin du retour. Il y en eut douze qui sont consignés par écrit, et qui concernent douze aveugles [30] qui se sont mis à voir. Il y en eut bien d’autres en grand nombre, que je ne puis vous raconter, n’ayant à leur sujet rien lu ni entendu de plus que ce que je vous en dis.

~

1   Grande initiale dans B : Le bons euesque espleta ; mestier ; fet.

2    fet ; pleut Mes se lui poise.

3    saint michel ; Mes mout ; de ce bien.

4    Larchangre.

5   A : si senueast ; B : E il li dist quil la prestast ; ces clers et en voiast.

6    dreit au mont gargagne ; en lessue.

7   504 absent dans B.

8    Quant saint aubert ot ce oi Des moz de langre.

9    A dame deu graces en rent Puis.

10   A : li archangles ; B : Ceuls qui devoient ; Ou li angres.

11    feit coutre ; mout se haste des en voier.

12    Deniers tant (a quis omis) ; Que soufere lor peut (A : puent).

13    Li souliers sont tuit fetiz Heuse orent.

14    Li bries sunt feit et sele ; i fut tot raconte.

15    etre ce si vit.

16    li angre.

17   Grande initiale absente dans B.

18    ont molt feit que ; desseurerent.

19   A : renuendreient ; B : ne sorent se reuendreient Ou en la uoient tuit moreient.

20    mout doucement ; seignez.

21    Cil sen vunt plorant.

22    Si refont cil ; Au desseurer ot.

23    mout ; docement.

24    on cil tant errei.

25    Deu meine.

26    Vunt trespassant vn sec pais Et ueuguesin se mest.

27    ont toute ; leue diepe.

28    Passe ponteise et saint denis ; lessent.

29    leignie ; Par mi.

30    sezaine ; Plairre voient.

31    Toute france trespasse ont ; Parmi.

32    puis ; morienne ; losenne.

33    sont amontez ; les monz et aualez.

34    des mons ; descenduz En lanbardie sont venuz.

35    inelement Tosquane apres.

36    Parmi rome.

37    sunt erre ; que vienent au mont de gargagne.

38    dame deu Qui les mena tres qua.

39    saint michel ; a fait.

40    Dilleuques sont alez ; errant.

41    lieement ; font.

42   A : orent ; B : agenollons ; fetes orent.

43    Puis se seignierent come idurent.

44    aprisme ; agenolle.

45   A : mestet ; B : Lor offrende metent ; biese lont ; lieue.

46    si ont ; Parfondement.

47    il erent A ceus qui treuuent demanderent.

48    li abbes cil ert en aiese ; mesaiese.

49   A : dirreent ; B : o lui paleroient Priuement si li diroient.

50    Quil sunt illeuc ; Quer messages sont.

51    font il or uous sofrez ; nous atendez.

52    Ne nous peist pas quer nous iron Querre labbe silidiron.

53    vous voulez ; paler ; sil li plest.

54    Paler alui ; veut A uous ; si com il seut.

55    dilleuc ; Isnelepas treuuent labbe.

56    Et li ont ; nesteient.

57    eu mostier ; latendoient ; paler voleient.

58    donc ; sauon ; demande ; auon.

59    Alez mot ; ses mamenez ; doulcor ; saluez.

60   A : Primes sunt beisiez ; B : Donc en cil alez a ceuls Prines se sont beisez entre euls.

61    a labbe conduiz les ont ; lont.

62    eus ; Con sains hons mot humblement.

63    agenoilliez ; le bries.

64    Il les a leuz et esgardez.

65    feit il ; Et ouec nous herbergerez.

66    plest ; nous nauon ; puissez que neiez.

67    Mes or uous prei ; contez.

68    coment vet Ces bries mont ; donc me het.

69   A : la uerite ; B : la urite Et il li ont.

70    en memore Auoient ; toste lestore.

71    des que li abbe out oy ; mot ses ioy.

72   A : Roout ; B : Des quil sot ; Rout saint michel.

73    Dame deu ; hebergie.

74    isnelepas ; feit.

75    Vait assipons ; a illeuc.

76    Quanque.

77    li euesques ; mot lie.

78    aparllie ; preuost.

79    Des pecheors par.

80    De lienorier.

81    mieuz ; Quer loign sont illeuc.

82    De saint michel de se quil ont.

83    Deu roge paile que il lessa.

84    li angres ; quil ot.

85    Sor quil li angre ; le mostier.

86    parle ; Prins a ; demande.

87   Grande initiale absente dans B : Li bons abbez de sainte vie Si est alle a sabaie.

88    Li messagiers.

89    Ce que il sout que bon lor fut ; fere.

90    orent ; li abbes.

91    Qui lont quis tant longuemet.

92    saint drap ; Que sus lautel langres lessa.

93   A : out tint ; B : le mostier ; dediez ; ou tint.

94    issunt appareissant ; des piez dun esfant.

95   Grande initiale également dans B : Quant cil orent li saintuere ; li abbes debonere

96    Que des or mes nous.

97    deuon ; toz seron.

98    Si sere nous mes se dex plest ; test.

99    prins si cen reuont.

100    Quanque il orent demande Et il se furent se iorne.

101    Mes ; Ce dist lescrit com ie leu.

102    Damedeu fist maintes vertuz Por saint michel est son druz.

103    bel miracle veu ont ; lieus

104    deu saintuerre ; eu repeire.

105    en i ot ; ceuls veu vnt.

106    i ot.

107    neu leis ne nai oi Nemes ainsi com ie.

~

1    Cest peut avoir pour référent saint Michel et signifier « de sa part » ou la phrase précédente tout entière et avoir le sens d’« en récompense de cela ».

2    Huesels, dérivé de huese, « botte, guêtre » (du germanique hosa « jambière ») : « jambière ou botte lacée protégeant les jambes contre la pluie et la boue » (FEW XVI, 228 a, hosa). Cf. Colette Lamy-Lassalle, « Les enseignes de pèlerinage au Mont Saint-Michel », in Millénaire monastique du Mont Saint-Michel, t. III, Culte de saint Michel et pèlerinages au Mont, Marcel Baudot (dir.), Paris, P. Lethielleux, 1971, p. 277.

3    Eviz, substantif masculin pluriel, est un hapax (nécessité par la rime ?), que sa base ev- et le contexte permettent d’analyser comme un dérivé du substantif eve, du latin aqua, « eau ». Godefroy III, 671 c, qui cite cette unique occurrence du Roman, le traduit par « lieux pleins d’eau », suivi en cela par le FEW I, 115 a, aqua. Le FEW (ibid.) mentionne aussi la forme wallonne ewis « aqueux » (des fruits et des légumes), ainsi que iauiche à Boulogne, iawiche dans la Vallée d’Yères ; Godefroy cite, avec un suffixe différent, l’adjectif féminin evace, « imprégnée d’eau » (la terre […] mole et evace, dans la Chronique de Saint-Denis, ms. Sainte-Gen. f. 118c). L’ancien français avait aussi les adjectifs evage, « aquatique, pluvieux », du latin aquaticus, et eveus « qui retient la pluie », de aquosus.

4    Cf., à propos de cette attitude, Jean Subrenat, « L’attitude des hommes en face du voyage d’après quelques textes littéraires », in Voyage, quête, pèlerinage dans la littérature et la civilisation médiévales [actes du colloque d’Aix-en-Provence, 1976], Aix-en-Provence, Édition CUERMA (Senefiance ; 2), 1976, p. 395-412.

5    Il s’agit d’anciens pagi gallo-romains devenus des vicomtés ou des évêchés, et tous situés en Normandie. Cf. François Neveux, La Normandie des ducs aux rois, Xe-XIIe siècle, Rennes, Éditions Ouest-France, 1998, p. 310 et 317 et Jean Moreau, Dictionnaire de géographie historique de la Gaule et de la France, Paris, Picard, 1972. Cf. aussi, pour la première partie de l’itinéraire, Claude Bouhier, « Les chemins montais dans les anciens diocèses d’Avranches et de Coutances », in Millénaire monastique du Mont Saint-Michel, t. III, p. 256-257.

6    L’Epte : affluent de la Seine et limite entre le Vexin normand et le Vexin français.

7    Pontoise, Val-d’Oise, chef-lieu de canton, Briva Isare au VIIIe siècle (du gaulois briva, « pont ») : « pont sur l’Oise ». On remarquera la forme de l’ouest d’oïl Ponteise donnée à ce toponyme par l’auteur (ou par les copistes ?) ; Saint-Denis, Seine-Saint-Denis, chef-lieu d’arrondissement ; Lagny-sur-Marne, Seine-et-Marne, chef-lieu de canton ; Sézanne, Marne, chef-lieu de canton ; Vertu(s), Marne, chef-lieu de canton ; Plaierre probablement Pleurs, Marne : cf. Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, Genève, Droz, 1990-1991 (3 vol.), t. I, 1990, p. 2770 : « Pleurs, Marne, Plaiotrum, 1052, Plagiotrum, 1125, de Plairro, 1133, Pleeurre, 1273… », peut-être du latin plebs « peuple » + -ó-durum : « forteresse du peuple ». Consulter, pour l’itinéraire suggéré par ces toponymes, Jean Mesqui, Les routes dans la Brie et la Champagne occidentale : histoire et techniques, Paris, Revue générale des routes et des aérodromes, 1980, carte p. 143 : « Le cycle des foires de Champagne ». Voir aussi Catherine Bougy, « D’un Mont à l’autre : le voyage de deux émissaires de saint Aubert du Mont-Saint-Michel au Monte Gargano », in Vincent Juhel (dir.), Chemins et pèlerins [actes des rencontres historiques d’Ardevon, 2002], publiés dans la Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, t. 80, 2003, p. 125-150.

8    Pour la localisation du royaume de Bourgogne, entré dans le Saint-Empire en 1032 et du duché de Bourgogne, dépendant du royaume de France, cf. Jean Sellier, Atlas historique des provinces et régions de France, Paris, La Découverte – Syros, 1997, carte p. 138.

9    Cf. Stéphane Sinclair, Atlas de géographie historique de la France et de la Gaule, Paris, SEDES, 1985, carte p. 60 : « Les débuts du comté de Maurienne ».

10    Trespasser peut ici signifier « dépasser » ou « traverser ». Cf. à propos de cette partie de l’itinéraire, Vital Chomel et Jean Ebersolt, Cinq siècles de circulation internationale vue de Jougne. Un péage jurassien du XIIIe au XVIIIe siècle, Paris, Armand Colin, t. II, 1951, et plus particulièrement l’introduction de Lucien Febvre (p. 9-11), qui suggère un itinéraire par le col de Jougne et le Grand-Saint-Bernard.

11    Cf. sur ce sujet Jean Favier, Dictionnaire de la France médiévale, Paris, Fayard, 1993, p. 289-290 (s.v. col).

12    Cf., à propos de cet itinéraire, les v. 2995-3042 de la troisième partie du Roman de Rou de Wace (éd. Glyn S. Burgess, p. 168) : Robert le Magnifique, sur la route de Jérusalem, emprunte un itinéraire qui passe par Langres, Besançon, la Bourgogne, le Grand-Saint-Bernard, la Lombardie et Rome.

13    Cf. Renato Stoppani, « Rappels, messages et symboles du pèlerinage le long de la Via Francigena en Toscane », in Xavier Kawa-Topor, Pierre Lançon, Pascale Rols-Féral et al.,Trésors et routes de pèlerinages dans l’Europe médiévale, Conques, Centre européen d’art et de civilisation médiévale, 1994, p. 71-75 ; carte p. 72 : « L’itinéraire de la Via Francigena en Toscane ».

14    Cf. Armando Petrucci, « Aspetti del culto e del pellegrinaggio di S. Michele Archangelo sul Monte Gargano », in Pellegrinaggi e culto dei santi in Europa fino alla Prima Crociata, Todi, Presso l’Academia Tudertina, 1963, p. 168 : « … pellegrini […] giungevano di solito a Montesantangelo andando da Roma a Benevento per Capua o Montecassino e poi salendo la montagna di Siponto… ».

15    Cf. infra v. 3840-3848.

16    Aises a généralement en ancien français le sens d’« aise, aisance, agrément, confort, bien-être, plaisir », (TL I, 258, aise), mais il s’agit ici de la locution en aise, dont un des sens attestés est bien celui de « près, à proximité », indiqué par TLF III, 162-163 enaise : « il li esteit toz tens enaise » (Eneas 7149) : « il était toujours près d’elle ». Nous avons donc traduit en aise par « à proximité », considérant la locution adverbiale comme la transposition du latin médiéval in aiace, « dans le voisinage » (cité par le TLF III, 395 b, aise), proche du sens de l’étymon adjacens (FEW I, 31 b) « qui se trouve dans les environs », « environs ».

17    Prodom (prodome, v. 1687, produen, v. 2281, prosdons 3948) : « homme de bien ». Comme prod, preus « courageux », il a pour étymon le latin tardif et vulgaire prodis, prode « utile », issu de l’interprétation comme un adjectif du préfixe prod dans le verbe prodesse : « être utile ». Prodom a d’abord eu le même sens que preus : « utile au combat », puis pris la valeur morale qui est celle de ses nombreuses occurrences dans le Roman du Mont Saint-Michel.

18    Frarin, dérivé de frater « frère » est un adjectif évaluant une situation économique : « pauvre, misérable » ou psychologique : « malheureux » ou encore portant un jugement de valeur : « vil, lâche, abject ». Il pourrait aussi être un substantif : « mendiant » (FEW III, 765 b, frater) ou « petit moine, moinillon » (Algirdas Julien Greimas, Dictionnaire de l’ancien français, Paris, Larousse, 1992 [1re édition 1979]). Très fréquent aux XIIe-XIIIe siècles, il sort ensuite totalement d’usage.

19    Cf. La Règle de saint Benoît, Adalbert de Vogüé et Jean Neufville (éd.), Paris, Éditions du Cerf (Sources chrétiennes ; 181-186), 1971-1972, ch. LIII, 1-11, p. 610-615 : Omnes superuenientes hospites tamquam Christus suscipiantur […] Ut ergo nuntiatus fuerit hospis, occurratur ei a priore uel a fratribus cum omni officio caritatis […]. In ipsa autem salutatione omnis exhibeatur humilitas omnibus uenientibus siue discedentibus hospitibus : inclinato capite uel prostrato omni corpore in terra, Christus in eis adoretur qui et suscipitur : « Tous les hôtes qui se présentent doivent être reçus comme le Christ […]. Lors donc qu’un hôte sera annoncé, le supérieur et les frères iront à sa rencontre avec toutes les politesses de la charité […]. En saluant, on donnera toutes les marques d’humilité à tous les hôtes qui arrivent ou qui partent. La tête inclinée, le corps prosterné par terre, on adorera en eux le Christ que l’on reçoit ».

20    En ancien français, la forme originelle du participe passé du verbe lire, issue du latin lĕ ́ctus est liz (avec simplification de la triphtongue [íei] consécutive à la palatalisation en [j] du c devant consonne). La forme leiz attestée ici et au v. 999 (voir infra) présente peut-être une évolution dialectale propre à l’Ouest (mais aussi à l’Est). Cf. Pierre Fouché, Phonétique historique du français, Paris, Klincksieck, 1958, t. II, Les Voyelles, p. 327, « Triphtongue à dernier élément palatal », Remarque VIII : « À l’Ouest, íei, après avoir passé à yei (API [jei]) a perdu son premier élément et a abouti à -ei -e ; cf. lectuleit, -let […]. Ce traitement est aussi propre à l’Est. Cependant, à l’Ouest, on en trouve un autre, exactement opposé : yei a pu y devenir ye : cf. lectuliet… ». Le traitement du participe en liez, attesté dans les textes archaïques normands, figure dans le Roman au v. 1075. Cf. également liez, « (je) lus », au v. 709.

21    Verté, attesté au xiie s., convient ici à la métrique. La forme [vέtto] actuellement attestée dans le Val de Saire (nord de la Manche) et signalée par René Lepelley, atteste l’amuissement du i prétonique interne de veritáte(m), avec une assimilation ultérieure du r au t.

22    Cf. Marguerite Rossi, « L’accueil aux voyageurs d’après quelques chansons de geste des XIIe et XIIIe siècles », in Voyage, quête, pèlerinage dans la littérature et la civilisation médiévales, p. 381-394.

23    Siponto, siège de l’évêché, aujourd’hui Macedonia.

24    Querre ses oraisons, littéralement « chercher ses prières », est à rapprocher de aler en oroison (Wace, Vie de saint Nicolas, v. 948), partir as oreison « partir en pèlerinage » (FEW VII, 385 b, oratio).

25    Dans l’enorer, on ne peut interpréter le l initial comme un « datif éthique », au sens d’« honorer pour lui », car devant un infinitif il aurait la forme tonique lui et ne pourrait s’élider. Seuls s’élident en ancien français les pronoms atones le et li (ce dernier fréquemment devant en, très rarement devant un autre mot). On considérera donc le syntagme l’enorer comme un infinitif substantivé. Ce dernier, d’usage fréquent en ancien français, peut recevoir aussi bien des compléments verbaux (ici les messagers est complément d’objet direct de l’enorer) que des compléments de substantif.

26    Quer est substitué ici à un que complétif, annoncé dans la proposition régissante par le démonstratif cen : por cen… quer est mis pour por cen… que : « pour cette raison, à savoir que ».

27    Allusion au Liber de apparitione sancti Michaelis in Monte Gargano, Lectio VII : l’archange apparut en songe à l’évêque de Siponto et lui dit : « Non est, inquit, vobis opus hanc quam aedificavi dedicare basilicam. Ipse enim qui condidi etiam dedicavi » : « Vous n’avez pas besoin de dédicacer le sanctuaire que j’ai édifié. Moi qui l’ai fondé, je l’ai aussi dédicacé » (texte établi et traduit par Pierre Bouet et Olivier Desbordes). Pour marquer son passage, l’archange avait imprimé la trace de son pied sur le marbre du sol et recouvert un autel de son manteau rouge.

28    Cf. François Neveux, « Les reliques du Mont-Saint-Michel », in Pierre Bouet, Giorgio Otranto et André Vauchez (dir.), Culte et pèlerinages à saint Michel en Occident. Les trois Monts dédiés à l’archange, [actes du colloque international de Cerisy-la-Salle, 2000], Rome, École française de Rome (Collection de l’École française de Rome ; n° 316), 2003, p. 245-269 : « Ces reliques insignes étaient toujours conservées en 1396 (date de l’inventaire des reliques sans doute réalisé à l’initiative de l’abbé Pierre Le Roy). Elles furent enchâssées au XVe siècle dans deux nouveaux reliquaires, en 1413 pour le voile et en 1459 pour le marbre » (p. 251).

29    Il s’agit de pignora, « preuves matérielles de la présence de l’archange » dans ce lieu, puisqu’il ne peut y avoir à proprement parler de reliques, de « restes du corps » d’un archange ; cf. le titre de la 6e partie de la Revelatio : Qualiter a Gargano sacra sunt pignora deportata.

30    Cels : graphie corrigée du substantif ceus, « aveugles », du latin cæcos, de même sens. Le copiste a considéré ceus comme une graphie plus récente du démonstratif cels, « ceux ».