Dépourvue de faculté dentaire, la Normandie est la région la moins dotée de France métropolitaine en chirurgiens-dentistes. Dès la rentrée 2022, Caen accueillera enfin des étudiants en odontologie. Jean Castex, le Premier ministre, l’a annoncé le 2 décembre 2021. De quoi motiver de futurs chirurgiens-dentistes, encore trop peu nombreux dans notre région.
Une… deux formations ouvrent en Normandie
La Normandie était une des 4 régions de France ne disposant toujours pas de faculté d’odontologie. Mais c’était avant… « Le Premier ministre a donné son feu vert à l’ouverture d’une faculté dentaire en septembre prochain, rappelle le professeur Emmanuel Touzé, neurologue, le doyen de l’UFR Santé de l’université de Caen Normandie, depuis 2016. Pour réduire les inégalités territoriales d’offre de soins dentaires, l’université de Caen Normandie a été choisie par le gouvernement. » Cette nouvelle formation d’odontologie sera dispensée dès la rentrée 2022 et intégrera ainsi le parcours LAS (Licence Accès Santé). À noter que Rouen intègrera également un parcours odontologie à son offre de formation, aux côtés des sites universitaires de Amiens, Dijon, Besançon, Grenoble, Poitiers et Tours.
Réduire les inégalités médicales
Avec une densité de 41 chirurgiens-dentistes pour 100 000 habitants, la Normandie est la région la moins dotée de France métropolitaine (moyenne nationale à 63). « Au niveau national, les subdivisions sans faculté d’odontologie présentent toutes la caractéristique d’avoir une densité plus faible que celles ayant une formation », détaille Emmanuel Touzé qui est également président de l’Observatoire national de la démographie des professionnels de santé (ONDPS).
L’ONDPS a récemment publié un rapport intitulé « Démographie des chirurgiens-dentistes : état des lieux et perspectives » pour évaluer la situation. « Publié en novembre dernier, il s’agissait de prendre en compte des éléments démographiques et non démographiques pour estimer au mieux la ressource humaine nécessaire pour répondre aux besoins de santé à échéance 2030-2040. Ces travaux ont contribué à la préparation de la première conférence nationale sur ce thème. »
Pour notre territoire, il était indispensable et urgent d’organiser une formation universitaire en odontologie. Par conséquent, l’objectif quinquennal pluriannuel a été fixé à 230, soit 46 étudiants formés par an, pour la subdivision de Caen (Calvados, Manche, Orne).
Retenir les chirurgiens-dentistes
L’étude de l’ONDPS souligne que le taux de fidélité à la région de formation est de 70 % en moyenne à l’échelle nationale et il est de 61 % à la subdivision de formation. Les étudiants s’installent très préférentiellement dans la zone géographique de leur formation initiale.
Ainsi, sur les étudiants normands qui allaient se former à Rennes, Paris, Lille, ou Reims une proportion insuffisante de jeunes diplômés revenait s’installer en Normandie. L’analyse montre que la proportion d’étudiants issus des facultés d’odontologie partenaires est même minoritaire et que plus de 40 % des nouveaux installés sont diplômés à l’étranger.
L’ouverture d’une formation en odontologie à l’université doit donc permettre d’en garder (c’est l’idée) à la fin de leur cursus universitaire un grand nombre dans la région puisque cette formation sera accompagnée d’un renforcement de l’offre publique de soins dentaires dans les établissements de santé du territoire (notamment Caen, Cherbourg, Alençon). À terme, l’offre de soins proposée à la population sur le territoire normand doit s’améliorer.
Différents acteurs impliqués
L’annonce du gouvernement est le résultat d’un travail collectif mené depuis de longs mois conjointement entre l’ARS, la Région, les universités de Caen et de Rouen et les professionnels du secteur, notamment l’Ordre des chirurgiens-dentistes.