Écrits sur la paix
Introduction générale par Carole Dornier
Castel de Saint-Pierre rédigea son Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe au moment où les belligérants de la guerre de Succession d’Espagne faisaient des propositions de paix qui aboutiront aux traités d’Utrecht et de Rastatt. Il publia en 1713, sous l’adresse d’Utrecht, chez Antoine Schouten, la version la plus achevée d’un projet destiné au maintien d’une paix durable sur le continent. Montrant l’inefficacité du modèle de l’équilibre des puissances, il plaide pour une fédération des États d’Europe. Les souverainetés européennes pourraient signer un traité d’union et tenir un congrès perpétuel afin de former une société permanente. Un tribunal d’arbitrage permettrait de régler les conflits. Cet écrit novateur lui vaudra, avec une certaine célébrité, une réputation tenace d’utopiste. Après 1717, date de parution du troisième tome du Projet de paix, l’abbé publiera, dans des conjonctures de pourparlers qu’il juge favorables à la promotion de son projet, divers écrits qui reprennent l’essentiel de ses propositions ou en développent certains aspects comme son Projet sur l’extirpation des corsaires de Barbarie. C’est bien une conception de la puissance des États par l’expansion territoriale qui est disqualifiée, la condamnation de la politique guerrière de Louis XIV condamnée, ainsi que les rêves d’empire conçu sur le modèle de Rome ou de l’Espagne. Les conditions de la paix sont le socle sur lequel édifier le système en faveur de la prospérité européenne que l’abbé de Saint-Pierre appelle de ses vœux dans l’ensemble de ses projets politiques.