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1 Littéralement : « ceux qui n’ont pas connaissance de l’état de clerc », c’est-à-dire : « qui ne possèdent pas le savoir des clercs » ; l’instruction étant au Moyen Âge dispensée par l’Église et, de ce fait, répandue chez ceux qui en faisaient partie, le substantif clerc désigne un ecclésiastique ou un lettré ou encore un écolier, et le substantif clergie a soit le sens d’« état ecclésiastique » soit celui d’« instruction, savoir ». Ici, l’auteur oppose les pèlerins instruits qui connaissent le latin et sont capables de lire les textes originaux à ceux pour qui il faut les traduire. Cf. la définition que donne du mot clerc Jean Batany, « Les clercs et la langue romane : une boutade renardienne au XIVe siècle », Médiévales, 45, automne 2003, p. 85-98 : « On est clerc quand on a fait des études dans un milieu ecclésiastique et en latin » (p. 92).
2 L’adjectif romien n’est pas attesté en ancien français. Les dictionnaires de français médiéval mentionnent romieu(s), « pèlerin vers Rome » (FEW X, 458 b, *romeus). Il s’agit probablement d’une erreur du copiste.
3 Convent, du latin conuentus « réunion », désigne une « maison où vivent en communauté, sous une même règle, des religieux ou des religieuses », puis l’« ensemble de ceux ou de celles qui composent une communauté religieuse » (TLF VI, 389 ab). Ce sens de « communauté » est attesté aux v. 14, 2155, 2286, 2329 et 4099.
4 Probablement Saint-Pair-sur-Mer, arrondissement d’Avranches, canton de Granville, Manche.
5 Du latin quaternum, « feuille pliée en quatre ». En codicologie, un cahier est un groupe de feuillets résultant du pliage d’une feuille de
parchemin ou de papier ou de l’assemblage de plusieurs feuilles pliées.
6 Romanz : « récit en langue vulgaire », par opposition à la langue latine ; le terme désigne aussi la langue vulgaire par rapport au latin. Cf. FEW X, 453 b, romanice, adv. « en roman », c’est-à-dire « en langue vulgaire », par rapport au latin, d’où ici « en français ».
7 Cf. dom Jean Laporte, « Les séries abbatiale et priorale du Mont », in Millénaire monastique du Mont Saint-Michel, t. I, Histoire et vie monastique, dom Jean Laporte (dir.), Paris, P. Lethielleux, 1966, p. 274 : « Robert Ier de Torigni, moine et prieur claustral du Bec, originaire d’une famille cotentine voisine de la terre de Domjean. Élu par le couvent avec l’approbation royale le 27 mai 1154, confirmé par le roi le 24 juin et béni le 22 juillet. Mort le 24 juin 1186 ».
8 Trouver, du latin tardif tropare, « inventer des tropes », des figures de style, puis « inventer des airs, des poèmes », a en ancien français et en français moderne le sens de « découvrir ce que l’on cherche », mais aussi de « découvrir quelque chose ou quelqu’un par hasard ». Il ne s’agit pas ici de la découverte de l’église, mais de l’invention de sa réalisation, de l’idée qui a présidé à sa construction.
Au v. 20 : Fu cist romanz fait et trové, nous avons traduit trové par « conçu ».
9 Cf. dans l’apparat critique la leçon du manuscrit B pour ce prologue, sensiblement différent de celui qui figure dans A. Voir aussi dans notre introduction l’étude des deux manuscrits et notre traduction du prologue de B, p. 42 sq.