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1 Grande initiale également dans B : Apres que fet de ce memoire Reperer plest amestioire.
2 E si direi de saint aubert ; li vint ou iert.
3 Aurenches vint une nuit : leit.
4 Illeuc li uint angres de ciel ; cuit ; saint michel.
5 les uella e puis ; lendemain.
6 commensast.
7 le nor ; saint michel ; poste ; eu ciel.
8 Quer preuost ; paradis.
9 Grande initiale également dans B : Quant saint aubert out entendu.
10 Trestout lemist ; Tant quil li auint a vn seir.
11 sert ; grant ; langre.
12 de sonme esuelle.
13 Et si reconmande ; Ce que dit ot.
14 Dont se pourpensa saint aubert Que ce dex veut ; sert.
15 de ce que langre dit li a ; foiz.
16 181 absent dans B : Quer dieable adeceu .
17 hermites : gens de grans merites.
18 diseient Que nus hons creire deueient.
19 Esperit treis ; Sil ert leaus.
20 ice ; etre.
21 Puis auint quil ce dormeit : cum il souleit.
22 Si angre uint si li sembla Isnelement si le bouta.
23 Dun de ses deiz enmi le front Encor i pert. feit en ront.
24 Icel pertus que il i fist Quant le bouta et ce le dist.
25 A : faire . et ; B : sans demouree Le moustier fere et.
26 En sus ; quil la esteit.
27 Meneiz i fu en larerrecin.
28 206 absent dans B.
29 ot dit ; se nala ; dota.
30 uouleit ; fust fet.
31 Grande initiale également dans B : En lendemain matin leua les chanoines a ce manda.
32 a semble.
33 Quil li fut feit eu front de sus.
34 Quil face hatiuement.
35 deu ; conmande : admoneste.
36 en courret ; sil nesteit feit.
37 eu chief.
38 A : Fainz autbert ; B : Saint aubert.
39 ice montra.
40 228-233 absents dans B.
41 si la montei (ou monta, avec correction de ei en a ?) ; emblei.
42 Cil quil laueit illeuc mucie.
43 Pour ce lout feit ; le peistre.
44 pourpenseiz ; bien fust troue.
45 Mout fut sage ; A cez fut plus quil leseigna.
46 ot feit.
47 Li euesque la uoie vit Si comme langre li ot dit.
48 Au proudom quil lauet perdu.
49 Quer li angre.
50 Et abatre eatrenchier Ce que nuiseit a commensier.
51 Celle iglese que fere deit Checun de euls euvre a son endreit.
52 li leu ; ont en mei.
53 A : poest fors ; B : peuent hors ; engin.
54 Saint aubert ; esmoie Mes dame deu la consellie.
55 Pres dileuc ha vne villete Yez ; mout.
56 Bain imaigniet un paisant Qui desfanz ert assez manant.
57 Douze fiz out grans et petiz O lui esteient tuit alez.
58 langre.
59 les esfans la piere ; tout a ouurer.
60 Fere nen vout demonrement Lendemain lieue tempruement.
61 Puis print ses fiz si sunt aleiz La ou li out deu commande.
62 recorda A saint aubert ce que oy a.
63 hons ot cen oy ; 279 absent dans B.
64 A : Au grant perron a poiez ; B : Donc vint bain si cest seigniez Au grant perron sont apoinez.
65 Lui e ses fiz ci vunt boutant Mes il ne meut ne poy ne grant.
66 Mout se parpeinent deu bouter Mes il neu peuent (A : ne puent).
67 Boutent de ca boutent ; Mes onc ; croula.
68 Donc si reprennent li vilain Mes quan que il font.
69 angoesse ; suant ; Mes ; neent.
70 Hurtent et boutent et haloient Mes pour nient se traualloient.
71 A : semmonnent ; B : li vns lautre sermonneit.
72 Grande initiale également dans B : Quant saint aubert veu (vers incomplet).
73 Ne nul engin que euls aient feit ; uenu tout dreit.
74 A : ouranz . ~ (ponctuation) ; B : feit il ; esfans Nemes ces onze ici ouurans.
75 A : emberz est . li seint ; B : vn soul petit ; embers est ; le saint.
76 Si taist ; por li ; fiz ; augent.
77 Aporte le ; sil peuple ici.
78 Sicon aubert lout comandei Lesfant li ont tost aportei
79 O tout le bers ; aporte.
80 ueit ; si esfant ; La pierre ont prins en sozleuant.
81 roulee Roulant vait tant que arestee.
82 eu val ; tres bien ipert.
83 Aucuns lapelent le tumbel ; miracle grant.
84 et oura bien la uertu dei Qui o vn berz a ce ostei.
85 A : poient ; B : Que esmouer ne pouet Tot le peuple qui i esteit.
86 Quant lautre fut dileuc ostee.
87 A et B : aoe (pour areé ?).
88 Grande initiale absente dans B : Li bon bain et si enfant Sen vont.
89 saint aubert ; Trestout sen fieu.
90 A : destant que detant (exponctué) ; B : ditant que le monstier Seipt foiz par an.
91 A : Deniers . pain . uin . et poissons ; B : E sen aureit ses liureisons ; Donnes (ou Dorines ?) pain vin et peissons.
92 Le bons bains ; De saint aubert recut.
93 tiennent ; Tot ; abel ueeir.
94 Pour ; toute ; Ert lor fieu franc en lor uie.
95 Junchier deiuent dedens le cuer Et la cerche et reire cuer.
96 le refetor ; trestout.
97 et la neif de li monstier Ice nest pas.
98 unt omis.
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1 Aprof, adverbe, préposition et conjonction, du latin ad prope « ensuite, après », est synonyme de apres, du latin ad pressum, « auprès » qui s’est imposé dès l’ancien français. Le copiste de B ne connaît que la forme apres.
2 La forme demi-savante angles, du latin d’origine grecque angelus, est courante dans la version A du Roman. Angres présente un phénomène phonétique d’échange entre les consonnes liquides l et r, plus souvent attesté en Normandie dans les textes des XVIIe et XVIIIe siècles, mais qui est aussi un phénomène du français populaire. Cf. à ce propos René Lepelley, Le parler normand du Val de Saire (Manche), Caen, Musée de Normandie (Cahier des Annales de Normandie ; n° 7), 1974, § 221 p. 84. L’occurrence unique de cette forme dans le manuscrit A est peut-être le fait du copiste. En revanche, celui de B emploie souvent angres.
3 À propos de la rime noit : liet, cf. notre introduction « Traits dialectaux normands », p. 65 sq.
4 Prevost est de pareïs : cf. Revelatio, I, 1 : paradisy praepositus.
5 Esprit : « être immatériel », qu’il soit ange, démon ou fantôme. Cf. Chroniques latines…, Pierre Bouet et Olivier Desbordes (éd.), Revelatio IV, 1, … spiritus prophetarum non semper est prophetis subiectus… : « l’esprit des prophètes n’est pas toujours soumis aux prophètes », reprise sous forme négative d’une phrase de « l’apôtre » Paul (Épître de saint Paul aux Corinthiens, 1 Co 14, 32), spiritus prophetarum prophetis subiecti sunt : « les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes », où spiritus a un autre sens
6 Pertus, du latin pertusiu(m), « trou », en français central pertuis, est attesté aux v. 197, 215 et 224. Cf. notre introduction, « Traits dialectaux normands », p. 65 sq.
7 Cf. Revelatio IV, 2 : Interea tercia admonitione venerandus episcopus pulsatur austerius… Marcel Lelégard note dans « Saint Aubert », p. 49, que si, « dans l’esprit de l’auteur, pulsatur note une « impulsion d’ordre moral et intellectuel », […] pour les moines du XIe siècle, ce verbe est employé comme équivalent de percutitur, et il s’agit d’une « percussion physique » ». La version de la Revelatio dans le ms. 210, 7v intègre ce détail : … pulsatur hausterius, apparente in eiusdem presulis capite usque in hodiernum diem in testimonio foramine… Emmanuel Poulle, dans « Le crâne de saint Aubert entre mythe et histoire », Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, t. 76, 1999, p. 167-177, produit l’avis d’experts en anthropologie selon lesquels le crâne découvert au début du XIe siècle serait celui d’un homme d’une soixantaine d’années, et serait à dater de l’époque médiévale plutôt que du néolithique.
8 Chemin, du gaulois camminus : « voie qu’on parcourt pour aller d’un lieu à un autre » (FEW II, 2, 144 b). L’épisode est résumé en ces termes dans le manuscrit Avranches, BM, 212, f. 46v : … en iceluy lieu estoit un toreau que ung larron y avoit mené, que ce que il trouveroit que le toreau avoit marchié, que il vouloit son esglise estre d’iceluy grant.
9 Cf. TLF V, 507 a, chanoine : « Dignitaire ecclésiastique faisant partie d’une cathédrale, d’une collégiale, ou de certaines basiliques, tenu à l’office du chœur et jouissant parfois d’une prébende » ; de canonicus, latin d’origine grecque « fait suivant les règles », d’où « conforme à la règle d’un ordre religieux », puis « appartenant régulièrement à un diocèse, à une église » et « prêtre, clerc appartenant régulièrement au clergé d’une église » (ive s.), d’où « chanoine » (viiie s.).
10 Le s long minuscule placé par le copiste de A au début du vers pour préparer l’enluminure de la majuscule initiale a été confondu avec un f, d’où la graphie Fainz autbert.
11 Vooge, en français moderne vouge, substantif d’origine gauloise, désigne une serpe à long manche.
12 Le copiste de A a compris le pronom il comme un singulier, d’où la forme de P3 poest ; à comparer avec B : peuent, forme de P6.
13 Itier : Iz ou Itier, actuellement Montitier, se trouve dans la baie, à quelques kilomètres au sud-est du Mont ; cf. Chroniques latines…, Pierre Bouet et Olivier Desbordes (éd.), Revelatio IV, 3, p. 97 : … visio apparuitcuidam homini, nomine Baino,in villa quae dicitur Itius… Bain, dissyllabique dans A, est considéré comme monosyllabique par le copiste de B, qui, de ce fait, remplace le passé simple monosyllabique mest par un imparfait dissyllabique, maigniet.
14 Tout, P3 du verbe toldre ou tolir au présent de l’indicatif : « enlever, saisir, supprimer, empêcher ».
15 Temprunment, adverbe en -ment plus souvent attesté sous la forme temprement, « de bonne heure, bientôt », est formé à partir de tempsprin, ou temprun, littéralement « temps premier », qui désigne généralement le printemps, mais que l’on peut comprendre ici comme « à la première heure ». Temprun est attesté en Normandie continentale, à Saint-Sauveur-le-Vicomte, et temprim à Jersey (FEW XIII, 1, 189 b, tempus).
16 Nous avons considéré que apoiez, qui rime avec seigniez, au cas sujet singulier, est aussi un cas sujet singulier, conforme à la morphosyntaxe du XIe siècle et avons restitué : Au grant perron s’est apoiez. Lui et ses filz si vunt botant…
17 Cha, « çà » (du latin *eccehac) : cf. notre introduction, « Traits dialectaux normands », p. 65 sq.
18 La tension des ouvriers est autant psychologique que physique : leur tâche est pénible et l’enjeu de leurs efforts est considérable, puisque du déblaiement des deux rochers dépend la construction du sanctuaire.
19 Haler, emprunt du XIIe siècle au germanique occidental *halôn, « amener, aller chercher », appartient à l’origine au lexique de la marine et signifie « tirer avec un cordage ». Il est toujours usité en ce sens en français.
20 Le copiste de A interprète la forme li uns, avec le s de flexion du cas sujet, comme un pluriel, d’où la forme verbale semonnent. B est plus proche de la finale originelle en -eit, garantie par la rime avec endreit ; mais le copiste de B a lu sermonneit de sermonner et non semonneit de semondre. C’est cette dernière leçon qu’il convient de retenir, en écartant sermonneit, verbe en -er, dont l’imparfait aurait la forme sermonout ou sermonot qui ne pourrait rimer avec endreit.
21 Cf. FEW III, 69 b, dicere : les deux impératifs di (dire) et va (aller) constituent l’interjection diva, courante en ancien français au sens général de « eh bien ! » et conservée en français à la fois dans dia et dans (oui) da. Cf. infra, v. 3103.
22 Emberz : le n final de la préposition en est assimilé par la consonne labiale b initiale de berz ; cf. les v. 814, 1591, 2222, 2232, 2316.
23 La rime esteit (v. 324) garantit la leçon poieit que nous retenons pour le v. 323.
24 Plutôt que la correction en aoré suggérée par R. Graham Birrell (Le Roman du Mont-Saint-Michel by Guillaume de Saint-Pair, p. 137), de aorer « prier, adorer », nous proposons areé ou aroé « aménagé », l’erreur du copiste s’expliquant soit par la succession du r et du e, confondus avec un o dans une forme originelle aree, soit par une omission du r, peu lisible, dans aroe. A et B proposent la même leçon : soit B copie A, soit tous deux reproduisent un même manuscrit où figure cette forme aoe.
25 Feu : forme de fief, « domaine noble relevant d’un suzerain », attestée également chez Wace, du germanique fehu « bétail » (FEW XV, 117 a) ; franchir, du germanique franc « qui appartient au peuple franc », puis « libre », « noble », signifie « donner en franche possession » (Godefroy IV, 126 a, franchir) ; il est dit, dans la Revelatio, à propos de Bain : magnum inter suos tenebat dignitatis locum : « il occupait parmi les siens un rang important ».
26 Ou que… a le plus souvent le sens de « quel que soit le lieu où », mais peut aussi, en ancien français et encore en français classique, avoir pour référent un nom de personne. Cf. Philippe Ménard, Syntaxe de l’ancien français, 3e éd., Bordeaux, Éditions Bière, 1988, p. 87-88. Ici, ou qu’il le sout, « quel que soit celui à qui il s’en acquitte », précise que même si le
seigneur dont dépend le fief change, l’avantage reste acquis à Bain et à ses descendants.
27 En échange traduit l’enclise sinn pour si en : « et ainsi il en aurait… » ; à l’oral, en atone subit une élision de sa voyelle initiale, que Guillaume de Saint-Pair a prise en compte dans la métrique et dont le Roman présente plusieurs autres exemples. Pour Philippe Ménard (Syntaxe de l’ancien français, p. 66), cette enclise « semble surtout une facilité métrique », et pour Gaston Zink (Morphologie du français médiéval, Paris, PUF, 1989, p. 89), « la crase de en ne dépasse pas le XIIe siècle ».
28 La leçon du manuscrit A, deniers, présente l’inconvénient d’être dissyllabique, là où la métrique réclame un trisyllabe. Graham R. Birrell ( Le Roman du Mont-Saint-Michel by Guillaume de Saint-Pair, p. LVII) lit dans B un substantif inconnu, dorines, qu’il analyse comme un dérivé de or (latin aurum ) et qu’il rapproche de doree, « tartine de pain peu épaisse sur laquelle on a étendu une légère couche de beurre ». Mais on constate que l’auteur, dans son énumération, cite ensuite le pain comme étant fourni à Bain et à sa descendance. Graham R. Birrell ( ibid ., p. 97) avance aussi l’hypothèse que dorines soit le nom d’un poisson local ; mais les poissons sont également mentionnés dans le vers. Nous suggérons la forme donnes (que nous corrigeons en donnees ) à relier, au vers précédent, au verbe areit : « et sin areit ses livraisons Donnees ». Le manuscrit d’origine devait pour cette forme présenter une graphie peu lisible, dont chacun des copistes a proposé une interprétation différente.
29 Beauvoir, canton de Pontorson, Manche, « lieu d’où l’on découvre une belle vue », ou peut-être plus simplement « beau à voir » (François de Beaurepaire, Les Noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, p. 77). Le lieu est souvent assimilé à Astré ou Astériac. Cf. v. 81, 919 et 937.
30 TL II, 121 donnent cerche avec le sens de « déambulatoire dans le chœur de l’église » et proposent pour étymon le latin tardif *cirticem, altération par métathèse de circitem ; le FEW II, 1, 708 a, présente cherche sous l’étymon circus avec le sens d’« abside de l’église », en datant le terme des XIVe-XVIe siècles. Mais dom Joseph Lemarié (« La vie liturgique au Mont d’après les ordinaires et le cérémonial de l’abbaye », p. 317) indique que dans l’axe du chœur de l’abbatiale « s’ouvrait une chapelle absidale nommée Sancta Maria de circa, “Notre-dame-du-Circuit” – le terme circa désignant le déambulatoire ». Il ajoute en note : « Le terme circata, cercata est courant en Basse-Normandie (Avranches, Coutances) pour désigner la chapelle principale du chevet ». René Lepelley nous a confirmé l’emploi de ce substantif dans la Manche avec le sens de « chapelle du chevet, dédiée à Marie ». Nous avons donc considéré cerche / cherche comme la francisation du latin circa sur le modèle de circare devenu cerchier, puis cherchier, par assimilation du [s] de la première syllabe au [∫] de la seconde.