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1 Grande initiale dans B : Or feron ci discression ; volon.
2 A : Veier ; B : le mont ; puis Veir en dire si con ie leis.
3 Dous cenz coutees i out de haut ; estreit.
4 ce mest.
5 En la fasson ; humeine.
6 mer ; est ; mout souent.
7 passans.
8 alaler ; peut ; nent.
9 nuit ; foiz ; respit.
10 A : de sic qual ; B : de si quau ; Aueit sies miles tot en roont.
11 plaine ; bosquage Qui or est greue et riuage.
12 Qui mout au loign dileuc estoient.
13 De la ensa aueit tel gerre ; delamer.
14 areigne.
15 Entre dous eues ie vous dis ; coignon.
16 see ; coinon.
17 A : le autres ; B : les autres ; Le mont i est.
18 Mout pres dileuc ; pour ce.
19 ileuc ; Quant le geant oueuc le geut.
20 hool ; En por gesant lo sist ahonte.
21 A : Anquanz ; B : Aucuns ; niesse ; Le roi artur quen print.
22 la mer parmi lareigne.
23 grans sabars.
24 A : congries ; B, v. 467 sq. : Plente i a de grans saumons Et de lampreies dautre poissons Nen i prent et muls et bars Bons esturions et grans sabars Torboz plais con gros (ou con gres ?) harens Porpais lites et gros guitens Reies tongars et maquereaus Et sors mulez grans et bieaus Et tans menus peissons de meir Que nes uous sey mie nonmer. Cf. Introduction.
25 A : Cil qui log ; le hesmeit ; B : Cil qui de loign ; lesment estre trestot ront.
26 liglese ; resemble A labeie tot en semble.
27 Es iors deste et en toz temps ; dous guez ; si comie pens.
28 cendra mer ; Vers ardeuon quant el.
29 el est ; El passe aurenches et pons.
30 eu mont ses pent.
31 seit.
32 lerey ; ou ie lesei.
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1 Deux cents coudées = 88 mètres.
2 Cf. Revelatio III, 1 : Hic igitur Tumba vocitatur ab incolis, qui in morem tumuli quasi ab arenis emergens in altum, in spatio ducentorum cubitorum porrigitur ; oceano undique cinctus, locus… À propos de Tombe, appellation originelle du Mont Saint-Michel, du gréco-latin tumba « monticule », et de son dérivé Tombelana (littéralement « petit mont », à l’aide du suffixe -ellu, suivi du suffixe -ana), cf. René Lepelley, Le Dicotentin, Cherbourg, Isoète, 2001, p. 15-18.
3 L’expression figure déjà dans la Chanson de Roland (éd. Ian Short, Paris, Le Livre de Poche [Lettres Gothiques ; n° 4524], 1990, v. 151-153), à la fin du XIe siècle : Quant vus serez el palais seignurill A la grant feste Seint Michel del Peril, Mis avoëz la vos sivrat, ço dit…
4 Le texte de la Revelatio III, 1 : … ab Abrincatensi urbe sex distans milibus… et celui du manuscrit B : Aveit sies miles tot en roont incitent à préférer la version sies à celle de A, seit. Six milles équivalent à 9 kilomètres. Dans ce même vers nous considérons a roont comme l’équivalent de la locution en roont « environ », attestée chez Wace, Conception N. D., W. R. Ashford (éd.), 571, également dans un décompte : treiz ans en reont : « trois ans environ », cité dans le TLF, rond, XIV, 1236 b. On notera aussi la leçon de B : tot en roont.
5 Plaine terreet boschage sont souvent associés comme deux configurations opposées du terrain : à une grande étendue de pays uni (pleine / plaine terre) s’oppose un lieu boisé (boschage). L’association des deux expressions est présente aussi dans Wace, Rou I, v. 39-40 (N’a baron en sa terre o si grant herbergage Qui ost le pais enfraindre em plein ne en boscage) et III, v. 820 (Cil del boschage et cil del plain), et v. 4800 (cels de boschage et cels de plain), cf. Glyn S. Burgess (trad.), Wace, The Roman de Rou, Jersey, Société Jersiaise, 2002 [éd. augmentée de notes historiques de E. Van Houts], p. 3 et 125 : « Those from woodlands and those from open country », puis la note 3 d’E. Van Houts, p. 357 indiquant qu’il pourrait éventuellement s’agir d’une allusion aux systèmes de culture en vigueur en Normandie, en openfield (plaineterre) et en champs clos de haies vives (boschage).
6 Eve, forme de l’Ouest d’oïl pour eau (eaue en ancien français), désigne ici non pas le liquide en général mais une masse de liquide dans la nature, une rivière.
7 Dans Si est le mont je n’en dout mie, si représente la contraction de si i (« s’y ») : « et ainsi, le Mont s’y trouve, j’en suis certain ».
8 Porjesir / porgesir, « faire violence à une femme », fréquent chez Wace (Rou II 1064, 4198, 4251, III 4865), appartient au lexique de l’Ouest, c’est-à-dire aux parlers normand, anglo-normand, tourangeau, angevin. Cf. sur ce point Gilles Roques « Les régionalismes dans la Vie de saint Thomas Becket de Guernes de Pont Saint-Maxence », in Catherine Bougy, Pierre Boissel, Stéphane Laîné (dir.), À l’ouest d’oïl, des mots et des choses [actes du 7e colloque de dialectologie et de littérature du domaine d’oïl occidental, 1999], Caen, Presses universitaires de Caen, 2003, p. 191.
9 v. 457-465 : le récit de l’enlèvement, du viol et du meurtre, au sommet du Mont Saint-Michel, d’Hélène, nièce du duc Hoel, par un géant venu d’Espagne est dans l’Historia Regum Britannie de Geoffroy de Monmouth (entre 1135 et 1138), de même que l’étymologie du toponyme et le détail de la vengeance du roi Arthur. Cf. Histoire des rois de Bretagne de Geoffroy de Monmouth, Paris, Les Belles Lettres, 1993, traduction et commentaire de Laurence Mathey-Maille, § 164-165, p. 230-235.
10 Le nom de ce poisson est inconnu. Cf. Godefroy VII, 270 a (qui cite ce vers du Roman) : « sabar : espèce de poisson ». Le FEW XXI, 257 b fait figurer sabar parmi les « noms de poissons qu’il est impossible d’identifier avec précision ». On avancera l’hypothèse d’une dérivation à partir de bar, que le FEW XV, 71 rattache au moyen néerlandais barse, « bar ». Ce poisson, le dicentrarchus labrax, est ainsi défini par le Larousse (Paris, Larousse, 1996, t. I p. 3046) : « poisson osseux des estuaires, voisin de la perche, apprécié pour sa chair ». Or l’anglais bass (basse / barse) comme l’allemand Barsch désignent à la fois la perche et le bar. Le terme est qualifié de « common Teut » (« germanique commun ») par l’Oxford English Dictionary (J. A. Simpson et E. S. C. Weiner (dir.), Oxford, Clarendon Press, 1989, 2e éd.) et attesté en anglais vers l’an mil (« Ælfric Gloss. in Wülcker / 180, lupus vel scardo, baers » [Anglo-Saxon and Old English Vocabularies, éd. R. P. Wülcker, 2e éd., 1884]). Guillaume de Saint-Pair, désireux de trouver une rime à bars, a-t-il eu recours à un terme spécialisé, peu répandu, dérivé de ce même substantif, opposant ainsi le bar de rivière au bar de mer ? Notons qu’en néerlandais et en allemand coexistent baers, Barsch « perche » et zeebars, Seebarsch, « bar commun ». Quant aux esturgeons, « ils étaient capturés au Moyen Âge dans les pêcheries des estuaires de la Vire et de l’Aure et dans la baie du Mont Saint-Michel », selon Vincent Carpentier, « Aspects de l’exploitation du littoral à l’embouchure de la Dives au Moyen Âge », in Éric Barré, Élisabeth Ridel et André Zysberg (dir.), Ils vivent avec le rivage, Pêche côtière et exploitation du littoral [actes du colloque du musée maritime de Tatihou, 2000], Caen, Centre de recherche d’histoire quantitative, (Histoire maritime, n° 2), 2005, p. 96.
11 Porpeis « marsouin », du latin tardif *porcum-piscem, littéralement « porc-poisson » ; cf. le latin médiéval porpesium et l’anglais porpoise ; le scandinave marsouin, « porc de mer », repose sur la même comparaison ; craspeis « baleine » a pour étymon *crassum piscem, « poisson gras » ; cf. le latin médiéval graspetium. Lucien Musset « Quelques notes sur les baleiniers normands du Xe au XIIIe siècle », in Nordica et Normannica, Paris, Société des études nordiques, 1997, p. 307-321 et particulièrement p. 317, signale qu’« En Avranchin, le premier document disponible est […] de la fin du XIIe siècle. À cette époque, un certain Thomas Hoel reconnut aux moines du Mont-Saint-Michel, après une longue controverse, la possession des pisces silvestres, utpote balenam et graspetium, porpesium, lutam, espaart et alia genera piscium silvestrium qui vulgo dicuntur pisces ad lardum… » et p. 321 : « … l’exploitation des richesses de la Manche en cétacés tint certainement jusque vers le XIIIe siècle une place notable. Ses racines plongent sans doute par plus d’un côté, dans le passé carolingien, mais la conquête scandinave vint la transformer, la vivifier et la généraliser. Son apogée semble se placer au XIe siècle et dans les premières années du XIIe ». Cf. aussi Jean Renaud, « L’héritage maritime norrois en Normandie », in Catherine Bougy, Pierre Boissel et Bernard Garnier (dir.), Mélanges René Lepelley, Caen, Musée de Normandie, (Cahier des Annales de Normandie, n° 26), 1995, p. 23-24 : « … Le craspois ou poisson à lard désigne toutes sortes de gros animaux, du marsouin à la baleine […]. La Manche, jusqu’au XIIIe siècle, recevait la visite de cétacés de façon assez fréquente pour justifier non seulement qu’ils fassent partie des épaves intéressantes s’ils échouaient, mais aussi que s’installent des baleiniers sur les côtes normandes […]. Il est vrai qu’on chassait la baleine avant l’arrivée des Vikings : des textes carolingiens et même mérovingiens en parlent, aussi bien pour la Baie de Seine que pour le Cotentin, et c’est sans doute pourquoi le mot latin qui désigne le cétacé n’a pas été détrôné en Normandie par le mot norrois hvalr ».
12 Cf. Catherine Bougy, « Le langage ordinaire dans la baie du Mont Saint-Michel » (2e partie), Bulletin des Amis du Mont-Saint-Michel, n° 104, année 1999, p. 29-47. Le manuscrit B comporte l’ajout de quelques noms à cette énumération, mais leur métrique imparfaite permet de formuler l’hypothèse d’une modification du texte effectuée par le copiste (cf. Introduction). Cette liste de poissons n’est pas sans rappeler celle de l’Estorie des Engles de Gaimar (1147-1151) : Peison eumes a manger, Turbuz, salmons e mulvels, Graspeis, porpeis e makerels, v. 445-446 (Thomas Wright (éd.), The Anglo-Norman metrical chronicle of Geoffrey Gaimar, New York, Burt Franklin, 1850 [réédition 1967]).
13 ou l’abeïe : « avec l’abbaye » : ou = o, od, du latin apud, « à côté de », « avec ».
14 L’été, les rivières, moins hautes qu’en hiver, peuvent plus facilement être passées à gué.
15 L’adjectif morte qualifie une marée de faible amplitude, en français moderne, marée de morte-eau.
16 Ardevon, Manche, canton de Pontorson.
17 Poindre : « piquer », « éperonner (son cheval) », d’où « galoper » ; poignant, gérondif de ce verbe, a le sens d’« à toute vitesse, au galop » ; substantivé et précédé de la préposition de, il entre dans une locution qui signifie : « au grand galop » et désigne la forte amplitude de la marée montante, ce que le français moderne appelle une marée de vive-eau. Le substantif poignant est toujours attesté dans le patois normand de l’île de Jersey, sous la forme pouongnant : cf. Frank Le Maistre, Dictionnaire jersiais-français, Jersey, Don Balleine Trust, 1966, p. 424 : « pouongnant, s.m. Avance journalière ou accroissement diurne de la marée ; A[nglais] tide gain. On dira que la marée point, après la morte-eau. Ch’est l’deuxième, traîsième, quatrième jour du pouongnant… ». Frank Le Maistre (ibid., p. 417) donne pour poindre et repoindre le sens d’« avancer, après la morte-eau : se dit de la marée ». Cf. à ce propos de grant repoint, au v. 3859, commenté par Graham R. Birrell, « Regional vocabulary in Le Roman du Mont-Saint-Michel », Romania, t. 100, 1979, p. 260-270 : « Repoint is evidently the past participe of this verb, used as a noun meaning exactly the same as poignant… ». Cf. également notre introduction.
18 Ponts-sous-Avranches, Manche, canton d’Avranches.