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Pensées 1179 à 1183

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1179

Je disois de la loy romeine qui permet aux péres de donner leur bien aux étrangers[1] c’est un canon qui n’est pas chargé

Canon qui n’est pas charge

. Brutum fulmen[2] :

- - - - -

Main principale M

1180

Dieu fait gronder le tonerre

Tonnerre

dit Seneque paucorum periculo, et multorum metau[1] le legislateur dans l’etablissement des peines

Peines

doit faire la meme chose

- - - - -

Main principale M

1181

L’extreme felicite Les gens extremement hureux et extremement malhureux sont egalement portes a la dureté

Pitié

temoin les moines et les conquerans il n’y a que la mediocrité ou le melange de la bonne et de la mauvaise fortune qui donnent de la pitie[1]

Mis dans les Loix

 :

- - - - -

Main principale M

1182

Je ne me consolerois pas de n’avoir point fait fortune si j’estois né en Angleterre je ne suis point du tout fâché de ne l’avoir pas faitte en France.

- - - - -

Main principale M

1183

{f.83r} [Passage à la main E] Je suis dans des circonstances les plus propres du monde pour ecrire l’histoire

p 75

. Je n’ay aucune vüe de fortune, j’ay un tel bien et ma naissance est telle que je n’ai ni a rougir de l’une ni a envier ou admirer l’autre[1]. Je n’ay point êté employé dans les affaires, et je n’ai a parler ni pour ma vanité ni pour ma justification. J’ay vecû dans le monde et j’ai eû des liaisons et même d’amitié avec des gens qui avoient vecû a la cour d’un du prince dont je decris la vie[2]. J’ay sçû quantité d’anecdotes dans le monde ou j’ay vecu une partie de ma vie, je ne suis ni trop éloigné du tems ou ce monarque a vecu pour ignorer bien des circonstances ni trop prés pour en être ébloüi. Je suis dans un tems ou l’on est beaucoup revenu de l’admiration du heroisme j’ay voyagé dans les pays étrangers ou j’ay recüeilli de bons memoires. Enfin le tems a fait sortir des cabinets tous les divers memoires que ceux de notre nation où l’on aime a parler de soy, ont ecrit en foule ; et de ces differents mémoires on tire la verité lorsqu’on n’en {f.83v} suit aucun et qu’on les suit tous ensemble, lorsqu’on les compare avec des monumens plus authentiques tels que sont les lettres des ministres des generaux, les instructions des ambassadeurs et les monumens qui sont comme les pierres principales de l’edifice entre lesquelles tout le reste s’enchasse enfin j’ay êté d’une profession ou j’ay acquis des connoissances du droit de mon pays et surtout du droit public

Droit public

, si l’on doit appeller ainsi ces foibles et miserables restes de nos loix que le pouvoir arbitraire a pu jusqu’icy cacher mais qu’il ne pourra jamais anéantir, qu’avec lui même.
Dans un siecle ou l’on donne tout a l’amusement et rien a l’instruction, il y a eû des ecrivains qui ont cherché a rendre leurs histoires uniquement agreables. Pour cela ils ont choisi un seul point d’histoire a traiter comme quelque revolution et ils ont écrit l’histoire comme on ecrit une tragedie avec une unité d’action qui plait au lecteur[3], parce qu’elle lui donne des mouvemens sans peine et qu’elle semble instruire sans besoin de memoire ni de jugement et cela a degouté de toute cette suitte de faits dont l’histoire est chargée et qui fatiguent la memoire et ne sont pas tous interessans.

Passage de la main M à la main E


1179

n1.

Cf. EL, XXVII : Derathé, t. II, p. 197.

1179

n2.

« Un coup de tonnerre qui frappe au hasard » (nous traduisons). Expression employée souvent dans un contexte juridique pour désigner une menace ou mesure sans effet.

1180

n1.

« Elle [la foudre] n’atteint que peu d’hommes et les fait tous trembler » (Sénèque, De la clémence, I, 8, 5, M. de Vatismenil (trad.), Paris, Panckoucke, 1832).

1181

n1.

Cf. EL, VI, 9 : Derathé, t. I, p. 92.

1183

n1.

Cf. nº 5.

1183

n2.

Louis XIV ; sur ce projet, voir nº 1111.

1183

n3.

Les Révolutions de Vertot, qui ont connu un grand succès, et que Montesquieu possédait (Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine, 2e éd., Paris, F. Barois, 1720 – Catalogue, nº 2886 ; Révolutions de Portugal, 2e éd., Paris, F. Barois, 1722 – Catalogue, nº 3182 ; Histoire des révolutions de Suède, 3e éd., Paris, F. Barois, 1722 – Catalogue, nº 3212), correspondent à une conception rhétorique de l’histoire, dont les tenants recommandaient l’unité d’action, sur le modèle soit de l’épopée, soit de la tragédie : le père Daniel, dans la préface de son Histoire de France [1696], estimait qu’il fallait « mettre dans l’Histoire une espèce d’unité, qui n’y est pas moins requise que dans un roman, dans une pièce de théâtre, et dans un poème épique » (Paris, D. Mariette, J.-B. Delespine et J.-B. Coignard, 1722, 7 vol., t. I, p. lxiij). Sur les réticences de Montesquieu envers l’histoire rhétorique, voir nº 1475.