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Pensées 1189 à 1193

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1189

Les landes

Dans la carte de l’empire de Charlemagne on ne trouve rien si ce n’est Ager Syrticus depuis Bordeaux jusqu’à l’Adour[1], si ce n’est Basato[2] a l’ouëst et Aire[3] fleuve qui va de l’ouëst au nord dans l’océan coulant paralellement à la Garonne, s’embouchant dans le Medoc est et dans la carte de De L’isle passe a Belin et se jette dans le bassin d’Arcachon[4].
Dans la carte des conciles[5] on trouve dans ces cartiers [plusieurs mots biffés non déchiffrés] une ville Nugariolum[6].

- - - - -

Main principale E

1190

Un ministre de l’Evangile qui est actuellement a Berlin[1] n’avoit jamais êté poëte, il tombe dans une fievre chaude il ne parle plus qu’en vers

Poete par maladie

 ; cette fievre guerie cachoit une bonne sante eut caché ses talens
{f.89v} Donnés lui tel sujét que vous voudrés il le dictera aussitôt viste qu’on pourroit lire. Il y a un volume de ses œuvres impromptues imprimées.
Il falloit qu’il fut autrefois né poëte sans s’en apercevoir, et cette fievre lui ayant donné de la hardiesse a decouvert le talent et l’homme l’a fait valoir ; car on aime a faire une chose extraordinaire et le ministre a attribué a la fievre ce qui n’êtoit que l’effet de la nature. Car la chose en elle même n’est pas extraordinaire temoins les [Passage à la main M] improviseurs [Passage à la main E] d’Italie[2]

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Passage de la main E à la main M

1191

Ceci n’a pu entrer dans la dissertation sur la difference des genies[1] :

Un auteur espagnol qui ne sera peut être pas plus connu quand je l’aurai cite c’est Huarte fait un conte de François 1er qui etant dangereusement malade, rebuté des médecins chretiens et de l’impuissance de leurs remedes envoya demander a Charles Quint un medecin qui fut juif, le bon Espagnol cherche la raison pourquoy {f.90r} les juifs ont l’esprit plus propre à la medecine

Juifs portés a la medecine

que les chretiens, et il croit fortement que cela vient de la grande quantité de manne que les Israelites mangerent dans le desert[2], il se fait ensuitte une objection trés forte qui est que les descendans de ceux qui ont mangé de la manne ont dû perdre peu à peu depuis le tems les dispositions que cette nourriture avoit introduites chés eux, et il se répond qu’il paroit par l’Ecriture que la manne avoit tellement dégouté les Israelites que pour détruire l’alteration qu’elle avoit faitte en un jour, il êtoit besoin de manquger un mois entier des nourritures contraires ; sur quoy il fait ce calcul que pour détruire les qualités que la manne avoit imprimées dans le corps des Israelites dans quarante ans, il falloit quatre mille ans et davantage ; ce qui fait que ceux de cette nation ont encore par quelque tems une disposition particuliere pour la medecine.

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Main principale E

1192

{f.90v} Comment veut on que l’esprit d’un chartreux[1]

Chartreux

soit fait comme celui des autres hommes on lui fait précisément mener la vie athletique on ne lui donne d’autre fonction que de se nourrir tous les plaisirs du corps toutes les actions de l’esprit dont on le prive sont autant de distractions ôtées qui pourroient l’empêcher de manger. L’ame se trouve tourne toute entiere du côté de l’unique plaisir qui lui reste. C’est a l’age de 16 ans qu’on les prend le choisit pour lce genre de vie[2].
Pendant que d’un côté l’on grossit et épaissit ses fibres, on les laisse de l’autre dans un perpetuel engourdissement[3], et on fait rever mon homme à l’etre en general pendant toute sa vie.
Ce n’est pas tout, on lui relache ces mêmes fibres en frappant son cerveau d’une crainte continuelle. {f.91r} Car tantost il est intimidé par un superieur bizarre et impitoyable, tantôt par les scrupules vains que le monachisme traîne toujours aprés soy. Or le relâchement des fibres dans la crainte est sensible, car lorsqu’elle est immoderée les bras tombent, les genoux manquent, la voix est mal articulée les muscles appellés sphincters se detendent, enfin toutes les parties du corps perdent leurs fonctions.
Pendant qu’on lui ôte tous les mouvemens moderés on y en substitue par intervalle des mouvemens de violens[4] tels que sont ceux que la continence et les disciplines produisent [une lettre biffée non déchiffrée] pendant ces accés les esprits sont portés au cerveau ils y tiraillent les fibres et y excitent plutôt un sentiment confus qu’ils n’y reveillent sdes idées.

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Main principale E

1193

[Passage à la main M] Come les princes sont des gens dont la reputation est Il faut beaucoup d’esprit pour les conversations avec les princes.

Converser avec les princes

Come ce sont des gens dont la reputation est
toujours faitte, il ne faut leur dire quand on les loüe que des choses qu’un autre peut penser come vous que ceux qui écoutent peuvent penser come celui qui les dit :

Passage de la main E à la main M


1189

n1.

L’appellation Ager Syrticus figure sur la carte intitulée Imperium Caroli magni, éditée à Amsterdam chez Jean Janson entre 1600 et 1699, pour désigner le territoire du littoral atlantique situé entre l’embouchure de la Garonne au nord (« Garumna fl. ») et celle de l’Adour (« Atirus fl. ») [carte en ligne à l’adresse suivante : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b5963712v/f1.zoom.r=imperium+caroli+magni.langFR].

1189

n2.

« Basate » sur la carte Imperium Caroli magni (Amsterdam, J. Janson, 1600-1699), c’est-à-dire Bazas, ville de Gascogne, limite occidentale des petites Landes.

1189

n3.

L’Aire ou Eyre, rivière de Gascogne.

1189

n4.

Voir la ville de Belin, au bord de l’Eyre, sur la carte de Guillaume Delisle (1672-1726) (Carte du Bordelais, du Périgord et des provinces voisines, Paris, chez l’auteur, 1714 [carte en ligne à l’adresse suivante : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b77106035/f1.item.r=guillaume+Del%27Isle.langFR]).

1189

n5.

Voir Guillaume Sanson, Geographia synodica, Paris, Mariette, 1667 [carte en ligne à l’adresse suivante : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b5963605c/f1.zoom.r=.langFR].

1189

n6.

Nom latin, qui figure sur la carte mentionnée ci-dessus, de Nogaro, en Armagnac, où eurent lieu trois conciles (Moreri, 1732, art. « Nogaro »).

1190

n1.

Personnage non identifié.

1190

n2.

Le président de Brosses, qui a assisté à Sienne, en 1739, à la performance de Bernardino Perfetti, l’un des plus célèbres de ces improvisateurs italiens, les définit comme des « poètes qui se font un jeu de composer sur le champ un poème impromptu, sur un sujet quodlibétique qu’on leur propose » (Charles de Brosses, Lettres d’Italie, F. d’Agay (éd.), Paris, Mercure de France, 1986, t. I, p. 363).

1191

n1.

La première partie de cette anecdote, sans l’objection et sa réponse, prévue pour la dissertation Sur la différence des génies (présentée à l’académie de Bordeaux en 1717 ; BM Bordeaux, ms 2514 ; Catherine Volpilhac-Auger, « La dissertation Sur la différence des génies, essai de reconstitution », RM, nº 4, 2000, p. 231 [en ligne à l’adresse suivante : http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?article326]), est insérée dans l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères (env. 1734-1736), jusqu’à « mangerent dans le desert » (OC, t. 9, p. 245-246, l. 463-468).

1191

n2.

Montesquieu suit Jean de Huarte, dans le chapitre XV de son célèbre Examen des esprits pour les sciences [1re éd. en espagnol 1575] (Catalogue, nº 1474 : C. Vion d’Alibray (trad.), Lyon, G. Blanc, 1668, p. 346-368) ; sur l’influence de ce médecin et philosophe espagnol (1529 ?-1588), voir l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères, OC, t. 9, p. 246, note 100.

1192

n1.

L’austérité, la solitude, le silence (LP, 80 [82], p. 357) et la clôture perpétuelle caractérisent cet ordre religieux, emblématique de la rigueur monacale. Si Montesquieu critique ailleurs, pour sa nocivité sociale, le monachisme qui « dépeuple » et favorise la concentration de richesses par des oisifs (nº 180, 181 ; EL, XIV, 7 ; XXIII, 29 ; XXIV, 11), c’est l’atteinte aux besoins physiques et naturels de l’homme, les dérèglements résultant d’une perte de la mesure et entraînant un dysfonctionnement d’ensemble qui, comme dans l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères, sont visés ici (OC, t. 9, p. 244 ; voir Denis de Casabianca, Montesquieu. De l’étude des sciences à l’esprit des lois, Paris, H. Champion, 2008, p. 772-775 ; voir aussi Spicilège, nº 21 [rédacteur anonyme]).

1192

n2.

Montesquieu a imaginé, à l’article nº 180, de retarder par la loi l’âge des vœux, contractés trop légèrement à la suite du « premier quart d’heure de chagrin, de caprice ou de dévotion » d’un enfant (nº 182).

1192

n3.

Sur cet engourdissement, voir l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères, OC, t. 9, p. 228.

1192

n4.

La violence des mouvements donnés aux fibres du cerveau provoque l’abrutissement et l’épuisement (Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères, OC, t. 9, p. 242-243).