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Pensées 119 à 123

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

119

Nos

Opera

modernes sont inventeurs d’un certain genre de spectacle qui uniquement fait pour ravir les sens et pour enchanter l’imagination a eu besoin de ces ressorts etrangers que la tragedie rejette ; dans ce spectacle fait pour etre admiré et non pour etre examiné on s’est servi si heureusement des ressorts de la fable ancienne et moderne que la raison s’est indignée en vain que ceux qui ont echoüé a la simple {p.114} tragedie ou rien ne les aidoit a agiter le cœur ont excedllé dans ce nouveau spectacle ou tout sembloit leseur servir et tel en a eté le succés que l’esprit même y a gagné car tout ce que nous avons de plus tendre exquis et de plus ex delicat, tout ce que le coeur a de plus tendre se trouve dans les operas de Quinaut, Fontenelle, Lamotthe, Danchet, Roi &c[1]

Main principale D

120

On

Ancïenne poesie françoise

ne voit rien de si pitoyable que les poesies de cinq ou six siecles, cependant tout devoit contribuer a nous donner de bons ouvrages, le nombre des poëtes etoit inombrable, la noblesse faisoit profession du metier de poëte, on faisoit fortune par la poësie auprés des dames et auprés des princes ; l’Europe n’a pas pû manquer de genies il y avoit d’ailleurs de l’emulation[1], cependant on ne voit que de miserables ouvrages faits par des {p.115} gens

L’application unique de plusieurs moines a la lecture de l’Ecriture a fait fair [...]

qui n’avoient que des idées prises de l’Ecriture ste, mais dés que l’on commença a lire les anciens que l’on eut perdu un siecle a les commenter et a les traduire, on vit paroitre des auteurs et ce qui me semble faire la gloire

Voy p 118

des anciens, on peut put leur comparer les modernes

Main principale D

121

Il ne faut point entrer avec les anciens dans un detail qu’ils ne peuvent plus soutenir, et cela est encore plus vrai a l’egard des poëtes qui decrivent les moeurs et les coutumes[1] et dont les beautés même les moins fines dependent la plupart de circonstances oubliées ou qui ne touchent plus, ils sont comme ces palais antiques dont les marbres sont sous l’herbe et mais qui laissent encor voir toute la grandeur et la toute la magnificence du dessein.

- - - - -

Main principale D

122

{ p116}

Force du corps

Nous reprochons aux anciens d’avoir toujours relevé la force du corps des heros, mais parmi nous chés qui de nouvelles façons de combattre ont avili la force du co rendu vaine la force du corps nous representons encore dans les ouvrages faits pour exciter l’admiration les heros qui tuent tüent tout, qui renversent tout ce qui s’oppose a leur passage, tantôt ce sont des lits des geants, tantôt des lions, tantôt des torrens, et pour montrer du merveilleux on en revient toujours a cette force du corps que nos moeurs non pas la nature nous font paroitre meprisable[1].

Main principale D

123

Je

Epithetes
v. p. 120

suis porté a croire que les epitethes doivent etre frequentes dans la poësie, elles ajoutent toujours, ce sont les couleurs, les {p.117} images des objets. Le stile de Telemaque est enchantéeur quoique chargé d’autant d’epitethes que celui d’Homere[1].

- - - - -

Main principale D


119

n1.

Voir nº 118, note 1. Montesquieu possédait un recueil d’œuvres des auteurs français d’opéras mentionnés ici, à l’exception de Roy (Catalogue, nº 2106).

120

n1.

Réflexion très proche de celle de Dubos (Réflexions critiques sur la poésie et la peinture [1719], D. Désirat (éd.), Paris, École nationale des beaux-arts, 1993, II, section 13, p. 233) dont l’ouvrage est connu de Montesquieu depuis 1726 au moins (lettre à J.-J. Bel du 29 septembre 1726, Correspondance I). Sur le rôle des modèles grecs et latins et la rapidité prodigieuse du miracle grec, voir De la manière gothique, OC, t. 9, p. 99-100, l. 120-143, texte postérieur aux Voyages.

120

n2.

Sur la théologie chrétienne défavorable au sublime et à la poésie, cf. nº 112.

121

n1.

L’abbé Dubos définit ainsi la fonction spécifique du poète (Réflexions critiques sur la poésie et la peinture [1719], D. Désirat (éd.), Paris, École nationale des beaux-arts, 1993, II, section 37, p. 348) ; voir nº 120, note 1.

122

n1.

Cf. Romains, XV, p. 203. Les Modernes voyaient dans ce culte de la force physique le signe de la grossièreté des mœurs primitives (Fontenelle, De l’origine des fables [1714], dans Œuvres, Paris, M. Brunet, 1742, p. 277).

123

n1.

Cf. nº 134. Pope soulignait qu’Homère « mit en œuvre les épithètes comme des désignations plus poétiques » (Traduction de la première partie de la préface de l’Homère anglais de M. Pope [1re éd. fr. 1718-1719], dans La Querelle des Anciens et des Modernes, XVIIe-XVIIIe siècles, A.-M. Lecoq (éd.), Paris, Gallimard, 2001, p. 575). L’abus supposé d’épithètes dans la poésie d’Homère est un grief des Modernes (Charles Perrault, Parallèle des Anciens et des Modernes, Paris, J.-B. Coignard veuve et fils, 1693, t. 1, p. 77).