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Pensées 1274 à 1278

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1274

{f.130v} De la raillerie[1]

Raillerie

Tout homme qui raille veut avoir de l’esprit ; il veut même en avoir plus que celui qu’il plaisante. La preuve en est que si ce dernier repond il est deconcerté.
Sur ce pied là il n’y a rien de si mince que ce qui sépare un railleur de profession d’un sot ou d’un impertinent.
Cependant il y a de certaines regles que l’on peut observer dans la raillerie qui bien loin de rendre le personnage d’un railleur odieux peuvent le rendre trés aimable.
Il ne faut toucher que certains defauts que l’on n’est pas faché d’avoir ou qui sont recompensés par de plus grandes vertus.
On doit repandre la raillerie egalement sur tout {f.131r} le monde pour faire sentir qu’elle n’est que l’effet de la gayeté ou nous sommes et non d’un dessein formé d’attaquer quelqu’un en particulier.
Il ne faut point faire de raillerie trop longue et qui revienne tous les jours ; car on est censé mepriser un homme de cela seul qu’on lui a donné sur tous les autres la preference continuelle de recevoir les saillies qui viennent.
Enfin il faut avoir pour but de faire rire celui qu’on raille et non pas un tiers.
Il ne faut pas se refuser a la plaisanterie car souvent elle egaye la conversation ; mais aussi il ne faut pas avoir la bassesse de s’y livrer trop et être comme le but ou tout le monde tire.

Main principale E

1275

La ga
{f.131v} La galanterie[1]

Galanterie

La bienseance manquée aux femmes a toujours êté la marque la plus certaine de la corruption des mœurs.
Il faut avoir bien de l’esprit pour de la galanterie et pour leur aprêter des conversations qu’elles puissent soutenir.
Les nations qui ont le plus abusé de ce sexe sont celles qui lui ont le plus epargné la peine de se deffendre.
Elles sont exposées a des insultes dont elles ne peuvent se garantir.

Main principale E

1276

A l’egart des grands autrefois, on n’avoit qu’a conserver la liberté ; aujourd’huy il est difficile d’allier la familiarité ou tout le monde vit avec les egards qu’il faut faire sortir de cette familiarité :

Main principale E

1277

Des conversations[1]

Les inconveniens dans lesquels on a coutume de tomber {f.132r} dans les conversations

Conversations

sont sentis de presque tout le monde je diray seulement que nous devons nous mettre dans l’esprit trois choses.
La 1ere que nous parlons devant des gens qui ont de la vanité tout comme nous et que la leur souffre à mesure que la nôtre se satisfait.
La seconde qu’il y a peu de verités assés importantes pour qu’il vaille la peine de mortifier quelqu’un et le reprendre pour ne les avoir pas connues.
Et enfin que tout homme qui s’empare de toutes les conversations est un sot, ou un homme qui seroit heureux de l’être.

Main principale E

1278

Genereuse action faite de nos jours.

Un roi du Nord[1]

Le pere du roy de Pruse

ayant donné un coup de canne a un officier de ses troupes cet homme desesperé se retira sans rien dire ; une demie heure aprés il revint avec un pistolet ; le presenta contre le prince ; et soudain le tourna contre lui. Quelle leçon ?

Main principale E


1274

n1.

Si l’article nº 309 affirme la malveillance de la raillerie, Montesquieu définit ici, comme dans les traités et les romans du XVIIe siècle, un bon usage de cette pratique, conçue comme un agrément de la conversation ; sur cet article et son contexte, voir Carole Dornier, « Des dangers de la raillerie et de la corruption des mœurs », dans Le Rire ou le Modèle ? Le dilemme du moraliste, J. Dagen et A.-S. Barrovecchio, Paris, H. Champion, 2010, p. 521-537.

1275

n1.

Dans L’Esprit des lois, Montesquieu analysera le phénomène à la lumière de la typologie des gouvernements et de la notion de mœurs et d’esprit général : la galanterie caractérise l’éducation des monarchies (IV, 2) ; elle est corruptrice dans les républiques (VII, 8) ; composante de l’esprit de la nation française, elle est source de richesses (XIX, 5) ; son origine en souligne l’aspect civilisateur (XXVIII, 22) ; voir Carole Dornier, « Montesquieu et l’esthétique galante », RM, nº 5, 2001, p. 5-21 [en ligne à l’adresse suivante : http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?article327].

1277

n1.

Cf. nº 1014 et 1285. Théorisé avec brio par Madeleine de Scudéry (voir « De la conversation », Conversations sur divers sujets [1680], dans L’Art de la conversation, J. Hellegouarch (éd.), Paris, Garnier, 1997, p. 103-114), topos des traités relatifs à l’art de plaire (voir nº 1270, note 2), objet d’attention des moralistes comme La Rochefoucauld (« Réflexions diverses », IV, dans Maximes, J. Truchet (éd.), Paris, Garnier frères, 1967, p. 191-194) et La Bruyère (« De la société et de la conversation », dans Les Caractères, R. Garapon (éd.), Paris, Garnier frères, 1962, p. 152-179), l’art de la conversation détermine la qualité des cercles intellectuels et mondains du temps, comme celui de Mme de Lambert ou de Mme de Tencin, fréquentés par Montesquieu : voir Benedetta Craveri, L’Âge de la conversation [1re éd. en italien 2001], Paris, Gallimard, 2002, p. 276-308.

1278

n1.

Frédéric-Guillaume Ier, père de Frédéric II de Prusse ; sur ce personnage, voir nº 635, 701.