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Pensées 1276 à 1280

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1276

A l’egart des grands autrefois, on n’avoit qu’a conserver la liberté ; aujourd’huy il est difficile d’allier la familiarité ou tout le monde vit avec les egards qu’il faut faire sortir de cette familiarité :

Main principale E

1277

Des conversations[1]

Les inconveniens dans lesquels on a coutume de tomber {f.132r} dans les conversations

Conversations

sont sentis de presque tout le monde je diray seulement que nous devons nous mettre dans l’esprit trois choses.
La 1ere que nous parlons devant des gens qui ont de la vanité tout comme nous et que la leur souffre à mesure que la nôtre se satisfait.
La seconde qu’il y a peu de verités assés importantes pour qu’il vaille la peine de mortifier quelqu’un et le reprendre pour ne les avoir pas connues.
Et enfin que tout homme qui s’empare de toutes les conversations est un sot, ou un homme qui seroit heureux de l’être.

Main principale E

1278

Genereuse action faite de nos jours.

Un roi du Nord[1]

Le pere du roy de Pruse

ayant donné un coup de canne a un officier de ses troupes cet homme desesperé se retira sans rien dire ; une demie heure aprés il revint avec un pistolet ; le presenta contre le prince ; et soudain le tourna contre lui. Quelle leçon ?

Main principale E

1279

{f.132v} De la fortune.

Il ne faut point decourager ce but ; il ne faut que décourager la plupart des moyens

Fortune

.
Je supose qu’il y eut sur la terre un moyen païs si heureux, que les charges les employs et les graces ne s’y donnassent qu’à la vertu et que les brigues et les voyes sourdes y fussent inconnues et qu’il y naquit un homme artificieux qui vint mettre en usage pour sa fortune de ces maneges qui nous paroissent si innocens ; cet homme ne seroit il pas regardé par tous les gens sensés comme un perturbateur de bonheur public, et comme l’homme le plus dangereux que cette terre eut pu produire.
En effet quelle satisfaction pour les gens de bien que de n’avoir à songer qu’à mériter, et d’être delivrés de l’embaras d’obtenir.
Ce qui fait que les gens de merite font plus rarement {f.133r} fortune que ceux qui en ont peu, c’est qu’ils s’en soucient moins

Gens de mérite

. Les gens de merite vont a la consideration independamment de la fortune ils sont aimés et estimés. La fortune ne leur paroit donc pas une chose si considerable qu’à ceux qui ne peuvent obtenir l’estime que dans un certain poste et qu’a force d’honneurs et de biens.

Main principale E

1280

Des affaires.

La

Affaires

veritable maniere de reussir dans ses affaires c’est de chercher aussfaire aussi celles de ceux avec qui l’on contracte afin d’agir de concert au bien de la chose.
Enfin il faut beaucoup de simplicité dans les conventions et y aporter beaucoup de facilité ; par là on engage les honnêtes gens à contracter avec nous ce qui est le plus grand avantage de la vie civile.
Nous devons a la memoire de nos ayeux de {f.133v} conserver autant que nous le pouvons les maisons qu’ils ont conservées possedées et cheries, car par le soin qu’ils en ont eu par les depenses qu’ils ont faites à les batir et à les embellir, on peut juger avec grande aparence que leur intention a êté de les faire passer à leur posterité[1].
Or il n’y a rien qui doive être plus sacré pour les enfans que cet esprit des peres et l’on peut dicroire si ce n’est pas pour la verité au moins pour notre propre satisfaction qu’ils prennent part là haut aux affaires d’icy bas.
[Passage à la main M] Fin des morceaux sur les devoirs :

- - - - -

Passage de la main E à la main M


1277

n1.

Cf. nº 1014 et 1285. Théorisé avec brio par Madeleine de Scudéry (voir « De la conversation », Conversations sur divers sujets [1680], dans L’Art de la conversation, J. Hellegouarch (éd.), Paris, Garnier, 1997, p. 103-114), topos des traités relatifs à l’art de plaire (voir nº 1270, note 2), objet d’attention des moralistes comme La Rochefoucauld (« Réflexions diverses », IV, dans Maximes, J. Truchet (éd.), Paris, Garnier frères, 1967, p. 191-194) et La Bruyère (« De la société et de la conversation », dans Les Caractères, R. Garapon (éd.), Paris, Garnier frères, 1962, p. 152-179), l’art de la conversation détermine la qualité des cercles intellectuels et mondains du temps, comme celui de Mme de Lambert ou de Mme de Tencin, fréquentés par Montesquieu : voir Benedetta Craveri, L’Âge de la conversation [1re éd. en italien 2001], Paris, Gallimard, 2002, p. 276-308.

1278

n1.

Frédéric-Guillaume Ier, père de Frédéric II de Prusse ; sur ce personnage, voir nº 635, 701.

1280

n1.

Cf. nº 213 : « Quoy que mon nom ne soit ny bon ny mauvais n’ayant guere que 350 ans de petite noblesse prouvée cependant j’i suis tres attaché et je serois home a faire des substitutions ».