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Pensées 1318 à 1322

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1318

{f.184r} [Passage à la main E] En env En considerant les hommes avant l’établissement des societés

Puissance paternelle

on trouve qu’ils êtoient soumis à une puissance  que la nature avoit etablie, car l’enfance etant l’êtat de la plus grande foiblesse qui se puisse concevoir, il a fallu que les enfans fussent dans la dependance de leurs peres qui leur avoient donné la vie et qui leur donnoient encore les moyens de la conserver[1].
Cette dépendance qui ayant precedé toutes les conventions sembloit n’avoir de bornes dans son origine que l’amour des peres, s’est limitée de deux manieres : 1º par la raison des peres lorsque dans l’etablissement des societés ils l’ont bornée par les loix civiles : 2º par la nature parce que a mesure que les enfans sortent {f.184v} de la jeunesse les peres entrent dans la vieillesse et que la force des enfans augmente à mesure que le pere s’affoiblit le même amour et la même reconnoissance reste mais le droit de protection change.
Les peres êtant morts ont laissé les collateraux independans il a fallu s’unir par des conventions et faire par les loix civiles ce que le droit naturel avoit fait d’abord.
Il a fallu aimer sa patrie comme on aimoit sa famille il a fallu cherir les loix comme on cherissoit la volonté de ses peres.

- - - - -

Passage de la main M à la main E

1319

[Passage à la main M] Ceux qui font ces pieces d’eloquence pour agrandir ou diminuer les choses, qui est ce qui voudroit avoir un

Eloquence

habit trop si grand ou trop si petit : ne vaudroit il pas mieux qu’il fut juste :

Passage de la main E à la main M

1320

{f.185r} Mairan[1] si superieur a tout dans les sciences et qui employe touts les petits ressorts pour se faire de touts côtes de la reputation je le compare a ce breton marquis de Comadeu[2] qui avoit cent mille livres de rente et demandoit l’aumone. Ceux qui creignent tant pour leur reputation et sont blesses des plus petites choses ils sont comme les corps de Mr de Neuton qui sont touches sur lesquels on agist in distans[3].

- - - - -

Main principale M

1321

On aime a lire les livres des anciens pour voir d’autres prejujes[1] :

- - - - -

Main principale M

1322

J’apelle le flatteur

Flateur

un esclave qui n’est bon pour aucun maitre :

- - - - -

Main principale M


1318

n1.

Cf. nº 1267.

1320

n1.

Jean-Jacques Dortous de Mairan (1678-1771), physicien originaire de Béziers, membre de l’académie de Bordeaux, fut élu à l’Académie des sciences en 1718, où il remplaça Fontenelle comme secrétaire perpétuel de 1740 à 1743. Montesquieu le connaissait depuis 1721 (lettre du 5-10 octobre 1721, Correspondance I, p. 41).

1320

n2.

La richesse d’un « Comadeu » (« Guémadeuc » dans l’édition de 1859) est évoquée dans une édition abrégée du Journal de Dangeau annotée par Madame de Genlis : Paris, Treuttel et Würz, 1817, t. IV, p. 82, 8 novembre 1718.

1320

n3.

L’expression in distans est employée dans la physique newtonienne (de « Neuton ») à propos de l’action à distance sans contact, à travers le vide. La comparaison de Montesquieu est sans doute ironique car Dortous de Mairan, comme Fontenelle, était un des membres de l’Académie des sciences qui doutaient de la théorie de l’attraction universelle et demeuraient cartésiens en matière de cosmologie : voir Simone Mazauric, Fontenelle et l’invention de l’histoire des sciences à l’aube des Lumières, Paris, Fayard, 2007, p. 329.

1321

n1.

Les « préjugés » sont ici valorisés dans la perspective d’une histoire des mentalités : il ne s’agit donc pas de célébrer (ni de condamner) les Anciens au nom de normes supposées inaltérables du beau et du bien ; voir Christophe Martin, « Une apologétique “moderne” des Anciens : la Querelle dans les Pensées », RM, nº 7, 2004, p. 80.