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Pensées 154 à 158

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

154

L’Angleterre

Etablissemens de compagnies angloises & hollandoises

et la Hollande ont fait un tres mauvais usage de leur credit, ces mêmes etablissemens et compagnies qui en ont fait la force la ruineront quelque jour
{p.133} C’est que les hommes abusent de tout, il n’y a que cent ans que ces compagnies sont etablies

Mis dans les loix

et deja leurs dettes en sont immenses et augmentent tous les jours ; dans un pays ou il y a du credit tous les projets qui viennent dans la tête du ministre sont executés, da ils restent dans les autres[1]

- - - - -

Main principale D

155

Nos refugiés sont tous wichs[1] et si le trone d’Angleterre est jamais renversé il le sera par ces gens la comme il le fut du tems de Charles 1er par les refugiés françois de ce tems la.

- - - - -

Main principale D

156

[Passage à la main M]

Accident
Individu
Genre
Espece

Substance accident individu genre espece ne sont qu’[u]ne maniere de concevoir les choses selon le different raport qu’elles ont entre elles[1] par ex. la rondeur qui est un accident du corps devient l’essence d’un cercle et la rougeur qui sert de coloris a un cercle materiel devient l’essence d’un cercle rouge idem l’idée du genre qui n’est rien en elle meme, n’estant que celle d’un individu en tant que je ne le {p134} determine pas, et que je le garde dans mon esprit sans l’appliquer a un sujet plutost qu’a un autre. L’idée de l’infini a qui le pere Malbranche trouve tant de realité qu’il croit que les idées particulieres viennent de celle la

Malebranche

, en faisant une espece de soustraction arithmetique[2], si j’ose me servir de ce terme au lieu que ce n’est qu’en adjoutant sans cesse au fini sans trouver de bornes que je fais l’idée de l’infini. C’est ainsi que je pense a une etendue ou j’adjoute toujours a un estre dont je borneray si peu les perfections que je pourray toujours par ma pensée en adjouter de nouvelles. Mais je n’ay l’idée d’une matiere ny d’un estre aux quels je ne puisse rien adjouter non plus que d’un temps ny d’un nombre il est bien vray que Dieu a esté de toutte æternité car aucune chose ne peut estre faite de rien de maniere qu’il y a eu une durée infinie mais je n’ay pas pour cela d’idée de cette durée et je ne la voy que par des consequances que je tire de certeins principes[3]

Passage de la main D à la main M

157

{p.135} [Passage à la main D]

Voir en Dieu

Quand le P. Malbranche dit, nous ne voyons point les objets dans eux mêmes, car ceux qui dorment les voyent sans qu’ils soyent presens, ni dans nous, car nous avons l’idée de l’infini, nous les voyons donc dans Dieu[1], on peut lui repondre que nous voyons les objets comme nous sentons la douleur ; tout cela dans nous mêmes. Nous sentons même notre ame qui se reflechit sur elle même[2] et qui s’aperçoit qu’elle pense sans doute dans elle. Remarqués que l’argument du P. M. ne prouve autre chose, si ce n’est que nous ne sçavons pas comment nous apercevons les objets[3].

- - - - -

Passage de la main M à la main D

158

Un

Expérience a faire

prince pourroit faire une belle experience nourrir trois ou quatre enfans comme des bêtes avec des chevres ou des nourrices sourdes et muettes, ils se feroient une langue[1] ; examiner cette langue, voir la nature en elle même et degagée des prejugés de l’education, scavoir d’eux aprés leur instruction ce qu’ils auroient pensé, exercer leur esprit {p.136} en leur donnant toutes les choses necessaires pour inventer, enfin en faire l’histoire.

- - - - -

Main principale D


154

n1.

La création de compagnies de commerce à monopole, de bourses de valeur et de banques de change, a favorisé, dès la première décennie du XVIIe siècle, l’essor des commerces hollandais et anglais. Dans L’Esprit des lois, Montesquieu soulignera le danger, particulièrement dans les monarchies, de séparer les capacités financières du pouvoir politique (XX, 10).

155

n1.

« Nos réfugiés » désignent les Français exilés en Angleterre, protestants et hostiles à l’absolutisme comme les whigs (« whichs »). Sous Charles Ier, les calvinistes français refusant de se soumettre au rite anglican renforcèrent l’opposition au pouvoir du roi et des évêques.

156

n1.

Montesquieu paraît suivre ici un mouvement nominaliste moderne, de Occam à Hobbes en passant par Gassendi, qui critique toute interprétation ontologique des prédicables aristotéliciens. Pour Descartes, les universaux (genre, espèce, différence, propre et accident) « se font de cela seul que nous nous servons d’une même idée pour penser à plusieurs choses particulières qui ont entre elles un certain rapport » (Principes, I, 59). Dans la critique du mauvais usage des abstractions, contre le réalisme des universaux, Montesquieu rejoint Locke soutenant que les notions de substance et d’accident sont peu utiles en philosophie (Essai philosophique sur l’entendement humain, J.-M. Vienne (éd.), Paris, J. Vrin, 2001, II, chap. 13, § 19, p. 128). Voir aussi Gassendi (François Bernier, Abrégé de la philosophie de Gassendi, Lyon, Anisson, Posuel et Rigaud, 1684, t. I, règle IV – Catalogue, nº 1461) et de nombreux adversaires modernes de la scolastique.

156

n2.

Malebranche, De la recherche de la vérité, liv. III, 2e partie, chap. 6, dans Œuvres, G. Rodis-Lewis (éd.), Paris, Gallimard, 1979, t. I, p. 341. Montesquieu récuse la conception malebranchiste qui refuse de penser l’infini à partir du fini et superpose l’infini en puissance à l’infini en acte ; cf. nº 1946.

156

n3.

Cf. John Locke, Essai philosophique sur l’entendement humain, J.-M. Vienne (éd.), Paris, J. Vrin, 2001, II, 17, § 5, p. 161.

157

n1.

Cf. Malebranche, De la recherche de la vérité, liv. III, 2e partie, chap. 1 et 6, dans Œuvres, G. Rodis-Lewis (éd.), Paris, Gallimard, 1979, t. I, p. 320-321 et 338-346.

157

n2.

Locke avait proposé une théorie des idées issues de la réflexion (Essai philosophique sur l’entendement humain, J.-M. Vienne (éd.), Paris, J. Vrin, 2001, II, 1, § 1-4).

157

n3.

Cf. nº 1195. La thèse de la vision en Dieu a fait l’objet de nombreuses critiques. Le texte canonique de Malebranche se trouve dans le Xe Éclaircissement de De la recherche de la vérité (Paris, M. David, 1712, t. IV, p. 231-232 – Catalogue, nº 1495 ; Œuvres, G. Rodis-Lewis (éd.), Paris, Gallimard, 1979, t. I, p. 902-904). Voir également Claude Buffier, Observations sur la métaphysique du P. Malebranche, dans son livre « De la recherche de la vérité » (Paris, 1712, § 586), repris dans son Cours de sciences (Paris, P.-F. Giffart, 1732, p. 738).

158

n1.

Hérodote rapporte l’expérience du pharaon Psammétique, désireux de savoir quel idiome parleraient spontanément des enfants élevés à l’écart de la société : les nouveau-nés furent nourris par des chèvres ou placés, selon une autre version, auprès de femmes dont on avait coupé la langue (II, 2).