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Pensées 1814 à 1818

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1814

De la nature des choses qui dependent du droit de gens[1].

Les choses qui dependent du droit des gens sont de nature à ne pouvoir etre reglées que par une force ou par une suspension de force, c’est à dire les traités
Elles se pouroient encore regler par une mechanseté superieure, mais comme il est aussi necesaire a l’univers que les nations se conservent, qu’il est necesaire a chaque nation que ses citoiens ne soient pas detruits, il à falu parmi les nations policées {f.83v} rejetter ces moyens, ainsi il est contre la nature du droit des gens d’empoisonner les puits et les fontaines, d’assasiner un monarque dans sa cour, enfin de faire toutes les choses qui ne dependent ny de la force ny des conventions[2].
La guerre suppose la deffense naturelle ainsi le droit des gens etablit qu’on declare la guerre avant que de la faire de la vient la seurté pour les heros qui sont les ministres du droit des gens en tems de guerre.
La guerre demande une convention qui la termine, pour faire cette convention il faut des ministres, ces ministres sont les embassadeurs.
L’objet de la guerre c’est la paix {f.84r} il faut donc qu’on puisse la faire, les ministres du droit des gens en tems de paix sont les embassadeurs
On ne connoissoit autrefois d’ambassadeurs que ceux qui etoient envoiés a quelques peuples par occasion, l’invention des postes, du change, l’extreme communication des peuples, la g grande connoissance qu’ils ont de leurs affaires les uns des autres ont fait qu’ils ont voulu les connaitre davantage, de la l’etablissement des ministres continuelement etablis dans les diverses cours[3].
Ces ministres sont des espions, mais ils le sont entre des amis, et ce qui exige les loix de l’amitié[4] entre des amis {f.84v} presens, se pleindre, s’eclaircir, se rasurer former ses soubçons, les quitter, se fait par le moyen des ambassadeurs, entre des amis eloignés.
Il n’est guêres d’usage aujourd’huy qu’un prince qui fait la paix demande des otages, c’etoit une pratique constante chez les Romains, ce qui venoit de ce qu’ils regardoient la victoire comme emportant avec elle un droit de sujestion, ce qui n’est point l’idée d’aujourd’huy.
Le droit des gens finit la guerre par des traités quand les grands princes les violent sans sujet, ils font voir qu’ils ne {f.85r} sont pas asses grands, et qu’ils ont beaucoup de choses à esperer et a craindre ; quand ils les observent, ils font voir qu’ils sont si grands qu’ils ne dependent que d’eux mêmes.

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Main principale P

1815

Des loix dans le raport qu’elles ont avec c cette partie de la police qui entre dans l’administration politique.

Nos etats mediocres font que les hommes se conservent malgré la vexation et passaeent d’un pays à un autre, au lieu que dans les grands etats les hommes et les peuples perisent sans resource, ils sont envelopés dans la tiranie.
De plus les princes ne croient {f.85v} rien perdre. Je citeray entre bien des exemples l’action d’Auguste qui donna a ses soldats tous les biens de dix huit ou vingt villes d’Italie dont il ne pouvoit pas même se plaindre[1]. Les Romains se jugeant etre le monde entier croioient ne rien perdre en detruisant des villes, ils pensoint ne faire autre chose qu’otter a leurs sujets pour donner à leurs sujets, sans se priver des uns ni des autres, aujourd’huy nous voions tres bien que quand nous ruinons une de nos villes, c’est comme si nous l’avilions batir chez nos enemis.

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Main principale P

1816

{f.86r} De la grandeur de la capitale

Une ville trop grande est extremement pernicieuse dans une republique, les moeurs s’y corompent toujours ; lorsque vous faites entrer un million d’hommes dans un même lieu on n’y peut plus exercer que cette police, qui donne du pain à un cytoi citoyen et qui l’empesche d’etre egorgé, metez les hommes ou est le travail, et non pas ou est la volupté
Dans les etats despotiques la capitale s’agrandit necesairement, le despotisme qui presse et pese plus dans les provinces determine tout vers la capitale, c’est en quelque facon le seul azille qu’il y ait contre la tiranie des gouverneurs, le prince y est {f.86v} un astre singulier, il echaufe de pres et brule de loin, le malheur est que tant de monde ne s’y assemble que pour perir tout a la fois par une guerre, des maladies, une famine, dans cet etat tous les princeip principes sont destructeurs et toutes les consequances.
La plus deplorable scituation est lorsque la capitale qui attire tout le monde des provinces se detruit de son coté. Constantinople

(Madrid [...]

est dans ce cas. Les maladies epidemiques que l’on y neglige font perir le peuple, on a beau y amener des colonies la ville n’augmante pas[2].
Dans une monarchie la capitale peut augmanter de deux manieres, ou parce que les richesses des provinces y attire des {f.87r} habitans, c’est le cas ou est un certain royaume maritime[3], ou parce que la pauverté[4] des provinces les y envoie[5], dans ce dernier cas si l’on n’a l’oeil sur les provinces le tout sera egalement ruiné (voiez 1er vole Mes pensées p 223[6]. Les raisons pourquoy les villes d’Azie peuvent etre plus peuplées.)
Une monarchie qui a des regles et des loix n’est pas ruinée par la capitale, elle peut même en tirer sa splendeur. Le prince à mille moyens pour remettre l’equilibre et ramener le peuple dans les provinces et pour ne parler que de ceux qui viennent d’abord dans l’esprit, qu’il diminue dans les provinces ces imposts sur les denrées et qu’il les augmante dans la capitale, qu’il laisse finir les affaires dans les tribunaux des provinces {f.87v} sans les appeller sans cesse a ses conseils ou à des tribunaux particuliers, qu’il renvoie en leurs postes tous ceux qui ont des emplois et des titres de quelque espece qu’ils soient dans les provinces, et qu’il fasse cette reflexion que plus il y à de gens qui quittent un lieu, plus de gens encore desirent d’en sortir, parce que ce qui reste à moins d’agremens.
Il y a dans la ville de Naples cinquante mille hommes qui n’y font absolument rien, ces miserables ruinent les provinces parce qu’ils n’y sont pas, ils ruinent la ville capitale parce qu’ils y sont[7].
Souvent des etats qui paraisent tres florissans se sont trouvés tres foibles {f.88r} les hommes y etoient mal distribués, et pendant que les villes y regorgoint d’habitans inutiles la campagne manquoit de ceux qui sont necesaires, effet malheureux que la prosperit prosperité même produit.

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Main principale P

1817

Propagation de l’espece

Elien cite une loy des Thebains qua capitis poena sancitur civi infantem exponenti, aut in solitudinem abjicienti[1], et si un homme etoit si pauvre qu’il ne put nourir son enfant, il devoit des qu’il etoit né le porter aux magistrats qui le donnoient a nourir a un homme qui en devenoit le maitre.
* Cette loy à èté etablie en Ecosse.

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Main principale P

1818

{f.88v} Romains

On peut exterminer par les loix, comme on extermine par l’epée. En 150 ans de tems les empereurs romains detruisirent toutes les anciennes familles romaines. Une de leur plus grande tiranie fut celle de leurs loix[1].

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Main principale P


1814

n1.

L’Esprit des lois ne contient pas d’exposé systématique sur le droit des gens, défini au début de l’ouvrage (I, 3), et abordé à propos de la conquête (X, 1) et de l’esclavage (XV, 2) ; cet article appartient aux rejets du livre XXVI, « Des lois dans le rapport qu’elles doivent avoir avec l’ordre des choses sur lesquelles elles statuent », et concerne plus particulièrement les sujets abordés dans les chapitres 20 et 21.

1814

n2.

Selon Montesquieu, les peuples qui ne cultivent pas la terre sont moins régis par des lois civiles que par le droit des gens, qui consiste dans ce cas en l’usage de la force (EL, XVIII, 12 ; XXVI, 20), comme chez les Tartares (ibid., XVIII, 20) et chez les Germains (ibid., XVIII, 26 : Derathé, t. I, p. 322) ; continuellement « forcés » ou forçant, ils ont des traités plus contraignants que ceux passés de bon gré, mais cette force est bien distincte de la « mechanseté superieure » imaginée ici.

1814

n3.

Cf. nº 8.

1814

n4.

Ces « loix de l’amitié » suggèrent l’immunité diplomatique : voir nº 812 ; EL, XXVI, 21.

1815

n1.

En 43 av. J.-C., pour récompenser les vétérans de la victoire de Philippes, les triumvirs firent établir la liste de dix-huit villes italiennes à leur distribuer, dont deux furent épargnées par Octave (Appien, Les Guerres civiles, IV, 3, 86 ; V, 22) ; les drames provoqués par les expropriations et les expulsions des anciens propriétaires de Gaule cisalpine ont été évoqués par Virgile (Bucoliques, I et IX).

1816

n1.

Il s’agit de l’article nº 1679.

1816

n2.

Cf. LP, 110 (114), p. 441, l. 50-54 ; 117 (121), l. 16 ; manuscrit 2506/8 (4), « Du transport des peuples », f. 13, dans CM, nº 7, 2001, L’Atelier de Montesquieu. Manuscrits inédits de La Brède, C. Volpilhac-Auger (éd.), p. 100.

1816

n3.

L’Angleterre.

1816

n4.

Lire : pauvreté.

1816

n5.

C’est le cas d’une « monarchie qui conquiert autour d’elle » (EL, X, 9).

1816

n6.

Nº 300, p. 323 du manuscrit (et non 223).

1816

n7.

Voir Voyages, p 307, 312 ; Romains, XIV, p. 198.

1817

n1.

« Il est défendu chez eux sous peine de mort d’exposer les enfants, ou de les abandonner dans un désert » (Élien, Variétés historiques, II, 7). Le texte d’Élien ne mentionne pas la peine de mort. Sur la façon de « régler le nombre de citoyens » chez les Grecs, voir EL, XXIII, 17 ; voir aussi, sur l’exposition des enfants, ibid., XXIII, 22.

1818

n1.

Cf. Romains, XIV, p. 194, l. 16-18.