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Pensées 1882 à 1886

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1882

Sur les livres du climat[1]

* Voyez ce que c’etoit que les republiques des Indes lors de l’arrivée d’Alexandre
Voyez dans Diodore liv. 3 p. 296 les loix des Indiens qui ont beaucoup de raport avec ce qu’on nous en dît {f.121r} aujourd’huy, tant pour la difference des castes des conditions, la douceur de l’esclavage la proprieté des terres au souverain &c[2]. Voyez ce qu’il en dit aussi liv. 2e p 246. Ce qu’il dit qu’on n’y a jamais vû de famine[3] est bien changé, aussi n’y parle-t-on point de ris[4]
* Cela fait bien voir que ce que les Nouvelles Ecclesiastiques ont dit sur ce que j’ai dist contre la douceur du gouvernement des Indes forme une censure fort peu eclairée[5].

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Main principale Q

1883

{f.121v} Livre 20
Sur le commerce 
De la prohibition de certaines marchandises.

Lorsqu’une raison particulière engage un etat à deffendre l’entrée de quelque marchandise, il est ordinairement plus à propos d’y mettre un impôt considerable que de la prohiber  ; cela ôte une certaine idée d’inimitié, et avertit moins pour les represailles. L’etat remplit à peu prés son objet. Il augmente ou diminue l’impôt selon les circonstances et peut aisément revenir au point dont il est parti {f.122r} enfin l’etat trouve un avantage dans l’impôt
Il n’en est pas de même lorsqu’on juge à propos d’interdire la sortie d’une marchandise. Une chose pareille choque si fort les vües ordinaires et l’objet naturel du comerce, elle est en general si contraire à la prosperité de l’etat qu’elle ne peut avoir lieu que dans le cas où la raison qui y determine est d’une souveraine importance, et pour lors la prohibition entierre vaudra mieux qu’un impôt sur la marchandise. Il n’est point question de temperaments, c’est une affaire de rigueur.
Telles sont les loix d’Angleterre qui deffendent la sortie des laines des {f.122v} chevaux entiers, des beliers non coupés &c[1].
Voir si la deffense de ces deux articles est vraie ou exacte. Quelqu’un m’a dit que non pour les beliers et les chevaux.

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Main principale Q

1884

Commerce

Il est naturel a la France de souffrir plutôst le commerce en Hollande qu’ailleurs ; elle a un lien general avec la France qui est celui du commerce et les liens qu’elle a avec l’Angleterre sont des liens particuliers, telle que l’alliance du stathouder, l’argent {f.123r} qu’elle a dans les fonds publics &a. D’ailleurs il est de l’interest de la France de pouvoir dans de certaines occasions mettre sur pied une armée navale, elle trouve en un quart d’heure tout ce qu’il lui faut pour cela, parce que la Hollande est le magazin general. L’argent y est si commun que tout ce qu’on y porte est d’abord achepté, ainsi la France y trouve tout dans un moment et evite les longueurs d’aller chercher bien loin en Norwege et ailleurs, et d’ailleurs la France peut toujours faire la guerre deux ans avant que la Holande ne se declare

Main principale Q

1885

Il n’y a rien de si bête en fait de comerce que les Parisiens, ce sont des gens d’affaires {f.123v} qui enrichis tout a coup et aisement trouvent tout facile pour s’enrichir encore ils croyent même qu’ils doivent leurs richesses a leur esprit ; ils sont même incités a entreprendre le commerce par les marchands des villes maritimes, ceux ci leurs proposent de grands projets ou ils entrent pour tres peu, mais gagnent une commission tres forte sur le tout, et quand ils perdroient tout ce qu’ils y ont mis, ils gagneroient six ou sept fois plus pour la commission outre qu’ils disposent de tres gros fonds
La compagnie d’assurance à Paris en 1750[1] n’a pas le sens commun, il {f.124r} m’est visible qu’elle ne peut pas reussir. 1º Dans les ports de mer une societé de marchands se joint pour faire des assurances ils connoissent leur besogne et s’eclairent les uns les autres ils savent si le vaisseau sur lequel on assure est bon ou mauvais si l’equipage est bon ou mauvais, si le capitaine est experîmenté ou sage, s’il est un ignorant ou un étourdi, si les chargeurs sont suspects sont de bonne reputation ou peuvent etre soupconnés de fraude, si le voyage doit etre long, si la saison se presente bien ou non, ils savent tout parce que chacun s’instruit, a Paris on ne sait rien et pour que la compagnie {f.124v} y scût tout cela, elle perdroit autant pour les frais des lettres et des correspondances qu’elle gagneroit par la prime, d’ailleurs c’est une sottise de faire un fond de trois millions, il ne faut point de fond et meme il doit naturellement y avoir de l’argent dans la caisse puisque la prime entre d’abord, et que ce n’est que dans la suitte que les pertes et les avaries se payent[2]
3º Il arrivera que les bonnes assurances se feront dans les ports de mer et qu’on ne se pourvoira a Paris que pour les mauvaises, les marchands qui par leurs correspondances particulieres auront des nouvelles qui rendront l’affaire {f.125r} perilleuse se pourvoiront vers la compagnie qui ne les saura pas. Dans les ports de mer quoiqu’on ne mette point de fonds, la societé des assureurs assure sur son crédit et sachant que tous les assureurs ne manqueront pas a la fois, on est tranquille come s’il y avoit de l’argent dans la caisse, et l’argent dans la caisse ne tranquilise pas, car qui peut savoir l’etat particulier de cette caisse.

Main principale Q

1886

J’ai oui dire que dans nos isles de l’Amerique on comencoit à employer plus de chevaux et de mulets qu’on ne faisoit autrefois, au moins à St Domingue, et il y a des terres qui ont assez de profondeur pour souffrir le labour, les mulets mangent moins {f.125v} que les chevaux et travaillent plus.
Les negres sont si naturellement paresseux que ceux qui sont libres ne font rien et la plus part sont entretenus ou nouris par ceux qui sont serfs, ou demandent l’aumone ou sont miserables, on employe d’ailleurs les chevaux a porter le sucre au port.
On espere toujours un meilleur commerce aprés la paix ; mais l’année aprés la paix les denrées baissent ordinairement parce que le commerce devenant libre, personne ne se presse d’achetter[1].

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Main principale Q


1882

n1.

Les livres XIV à XVII de L’Esprit des lois sont consacrés à l’influence du climat ; sur l’Inde, voir en particulier EL, XIV, 3 et 5.

1882

n2.

Diodore de Sicile, II (et non III), 39-41. La pagination à laquelle renvoie cet article est celle du tome I de l’édition de 1737, dans la traduction de l’abbé Terrasson, possédée par Montesquieu (Histoire universelle de Diodore de Sicile, Paris, de Bure l’Aîné – Catalogue, nº 2671) ; sur l’Inde moderne, Montesquieu tire ses informations des Voyages de François Bernier et des Lettres édifiantes : voir Geographica, p. 325-345 et p. 355-413.

1882

n3.

Diodore de Sicile, II, 36.

1882

n4.

La culture du riz permet de nourrir la Chine (voir nº 234) ; sa présence dans l’Inde moderne est attestée par les Voyages de Bernier et les Lettres édifiantes (Geographica, p. 342 et 380), dans l’Inde ancienne, par Diodore de Sicile, II, 36 (Histoire universelle de Diodore de Sicile, abbé Terrasson (trad.), Paris, de Bure l’Aîné, 1737, t. I, p. 289).

1882

n5.

Dans la Suite des Nouvelles ecclésiastiques du 9 octobre 1749, le rédacteur critiqua Montesquieu pour imputer la douceur et les bonnes mœurs des Indiens au climat et s’insurgea qu’on puisse faire l’éloge d’un peuple idolâtre, dissolu et qui engage les veuves à se donner la mort (DEL, p. 29) ; Montesquieu répondit à l’objection dans sa Défense de l’Esprit des lois en 1750 (ibid., p. 95).

1883

n1.

Cf. EL, XX, 12.

1885

n1.

La « Chambre d’Assurances & Grosses Avantures dans la Ville de Paris & les Places Maritimes » fut établie au début de l’année 1750, avec un capital de quatre millions cinq cent mille livres. Les membres se déclarèrent par souscription jusqu’à la fin de l’année 1749 (Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, Copenhague, C. Philibert, 1765, t. V, p. 1698).

1885

n2.

Écrit au crayon, sous la ligne : « (Usage contraire) ».

1886

n1.

La guerre dite « de l’oreille de Jenkins », front antillais de la guerre de Succession d’Autriche, prit fin en 1748. Entre 1750 et 1755, le port de Bordeaux expédiait en moyenne cent soixante-deux navires par an dont 50 à 60 % pour Saint-Domingue. Montesquieu pouvait avoir obtenu ces informations de relations bordelaises ; voir Philippe Chassaigne, « L’économie des îles sucrières dans les conflits maritimes de la seconde moitié du XVIIIe siècle », Histoire, économie et société, vol. 7, nº 1, 1988, p. 93-105.