M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Q : | 1750-1751. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
Pensées, volume III
2036
{f.334r} * Je remarque que quand les Barbares inonderent l’empire romain, ils n’exercerent point de cruauté particuliere contre les ecclesiastiques, et ne firent pas paroitre de zele de relligion, uniquement curieux du butin et de la subsistance ; mais les mêmes Barbares qui inonderent l’empire de Charlemagne exercerent d’etranges barbaries contre les ecclesiastiques, l’eglise les monasteres[1].
Quand les Romains chasserent les Barbares et les obligerent par fraieur de refouler vers la Scandinavie, ils ne leur parlerent point de relligion, mais de prendre les mœurs romaines, de payer des tributs, d’obeir. Quand les Francs rentrerent dans la Germanie, ils ne leur parlerent que de baptême, d’eglises de monasteres, de prêtres, de sorte que les Saxons et autres peuples, qui refluerent, se retirerent enragés contre la relligion chretienne et s’attacherent d’autant plus à leur culte qu’on avoit voulu les faire changer, et ils {f.334v} établirent une rude inquisition parmi eux ; ainsi quand ils sortirent, ils sortirent avec leur haine et leurs prejugés ; ainsi les mêmes peuples differerent de conduite et de fureur dans leurs invasions.
On ne peut douter que les Germains n’ayent été se mêler avec les Scandinaviens. Tacite parle des Suions[2] l’ancienne langue suedoise et l’ancienne langue danoise ont de la conformité avec l’ancienne langue germaine, soit que ce fut le même peuple qui se fut grossi par les raisons susdittes, soit qu’en se retirant en foule dans le fond du Nord, ils soient devenus la principale partie de la nation.
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Main principale Q |
2037
{f.335r} Mr de Forcalquier m’a si bien tourné la tête sur l’aprobation que Votre Excellence[1] a donné à mon gros livre, que je prend la liberté de l’en remercier. Il faut bien qu’elle nous encourage par ses louanges, elle nous decourageroit trop par ses écrits. Mr de Forcalquier m’a montré une petite relation des beautés de Rome qui étoient dans une lettre de V. E.[2] qui me fit voir en un moment ce que j’avois vû à Rome pendant huit mois, et me donna des idées justes de ce que je ne connoissois plus que confusément. J’avoüe que l’Apollon m’auroit seduit à Rome[3] si je n’avois eu le bonheur de passer par Florence, où je jurai une fidelité eternelle à la Venus de Medicis[4], que je regarde comme le meilleur predicateur qu’ayent jamais eu les Florentins, quoique je n’en connoisse pas bien le succés. Tout ceci ne m’empêche pas de faire un grand saut pour arriver à l’eglise de St Pierre et passer du merveilleux {f.335v} qui plaist au merveilleux qui étonne[5]. J’envie fort à Mr l’ambassadeur de Malthe[6] le plaisir qu’il a de vous voir, et je voudrois bien etre aussi à portée de vous faire ma cour. J’ai l’honneur d’etre avec un respect infini de V. E.[7] le tres humble et tres obeisst serviteur.
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Main principale Q |
2038 Un homme de basse naissance se tourmente bien fort pour faire fortune, c’est à dire pour etre dans cet état où il rougira toute sa vie de sa naissance et du tourment de cette idée.
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Main principale Q |
2039 Lorsque le feu roi voulut obliger Philippe cinq de chasser la princesse des Ursins, ayant longtems tenté et jamais reussi, il chargea Mr de Bervick d’en parler. Il y avoit dans la lettre : dittes-lui qu’il me doit cela non seulement parce qu’il est mon petit fils, mais aussi parce que je lui ai mis la couronne sur la tête ; dittes-lui {f.335bisr} tout ; mais ne lui dittes pas que je l’abandonnerai car il ne le croiroit jamais[1]
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Main principale Q |
2040 Personne n’aime a etre compté pour rien dans la societé
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Main principale Q |
2036 |
n1. |
Montesquieu attribue aux envahisseurs normands ce désir de se venger des violences perpétrées par Charlemagne au nom de la religion : EL, XXXI, 10 ; voir aussi nº 198. |
2036 |
n2. |
Tacite, La Germanie, XLIV. |
2037 |
n1. |
Transcription d’une lettre adressée le 24 octobre 1749 à Louis-Jules Barbon Mancini-Mazarin, duc de Nivernais (1716-1798), élu à l’Académie française en 1742, alors ambassadeur à Rome (Masson, t. III, p. 1261-1262). Le destinataire y répond le 30 novembre (ibid., p. 1270-1271). Montesquieu fait allusion à l’éloge de L’Esprit des lois (« mon gros livre ») par son correspondant, contenu dans une lettre que celui-ci avait adressée au comte de Forcalquier ; voir la lettre de Montesquieu du 22 juillet 1749 à l’abbé Venuti (ibid., p. 1248). Sur le comte de Forcalquier, voir nº 1377, note 1. |
2037 |
n2. |
Abréviation pour : Votre Excellence. |
2037 |
n3. |
Voir nº 402. |
2037 |
n4. |
La statue est décrite dans les notes sur la galerie du Grand-Duc (Voyages, p. 570-572). |
2037 |
n5. |
Voir l’Essai sur le goût, OC, t. 9, p. 504-505. |
2037 |
n6. |
Voir nº 1064, note 2. Le bailli de Solar était alors ambassadeur de Malte à Rome où il fréquentait de duc de Nivernais. Voir la correspondance de Montesquieu de l’année 1749 (Masson, t. III, p. 1250-1254, 1263-1264). |
2037 |
n7. |
Abréviation pour : Votre Excellence. |
2039 |
n1. |
Cf. l’Ébauche de l’éloge historique du maréchal de Berwick (env. 1753 ; OC, t. 9, p. 446, l. 100-104) ; Spicilège, nº 433. Louis XIV demanda à son petit-fils Philippe V le renvoi de Marie-Anne de La Trémoille, princesse des Ursins (1642-1722), veuve du duc de Bracciano, très influente à la cour d’Espagne, le 19 mars 1704 (Saint Simon, t. II, p. 447 et note 1, 499) ; sur James Stuart Fitz-James, 1er duc de Berwick (1670-1734), fils naturel de Jacques II d’Angleterre, envoyé comme général des armées françaises en Espagne en 1704, voir Correspondance I, p. 436-438 ; sur la princesse des Ursins, voir Spicilège, nº 432, note 2. |