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Pensées 2192 à 2196

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

2192

[Passage à la main Q] Je remarque
C’est une question, savoir, si les Gots vinrent de la Scandinavie au Palumeotide[1], comme dit Jornandes[2], ou si au contraire ils vinrent des Palusmeotides en Scandinavie. Quelques gens pretendent que ces nations qui etoient dans l’armée de Mithridate et avec lesquelles il vouloit penetrer à Rome {f.458v} furent chassés par les armes ou la crainte des Romains, et se refugierent en Scandinavie et cela rentre dans mon explication des peuplades immenses du Nord.

Passage de la main P à la main Q

2193

Valeriano et Gallieno imperantibus, Scythæ trajecto flumine Istro, Thraciam murum prædati Thessalonicam Illyorum urbem obsederunt[1], ils furent repoussés. Græci metu percussi, Thermopylas missâ custodia tutati sunt Athenienses ; murum a Sillæ temporibus dirutum reparaverunt ; Peloponesii a mare ad mare isthmum, muro constructo, muniverunt Sithæ incolis onusti domos se receperunt[2]. Le Sincelle p. 381[3] :

Main principale Q

2194

{f.459r} Romains

Les Romains avoient une maniere de penser qui distinguoit entierrement les esclaves des hommes. (Voyez les differens titres du code De auri et argenti fodinis[1]) ils les fesoient combatre contre les bêtes farouches. Ils s’en servoient come de gladiateurs et les obligeoient pour leurs plaisirs de s’entredetruire.
Ils les mettoient la nuit dans des fosses ou ils les faisoient descendre et ensuitte retiroient l’echelle qui les avoit descendus. Ils les mettoient a mort à leur fantaisie. Lorsque le maitre avoit eté tué dans la maison on menoit {f.459v} au suplice tous ses esclaves coupables ou non en quelque nombre qu’ils fussent[2].
Lorsqu’ils étoient malades ou vieux ils les abandonnoient et les faisoient porter au temple d’Esculape[3].
Ils les privoient de tous les sentiments naturels les plus chers, ils les privoient de la vertu de leurs femes de la chasteté de leurs filles, de la proprieté de leurs enfans.
Pourquoi degrader une partie de la nature humaine ? Pourquoi se faire des ennemis naturels[4] ? Pourquoi diminuer le nombre de ses citoyens ? Pourquoi en avoir qui ne seront retenus que par la crainte.
{f.460r} Guerre servile la plus juste qui ait jamais été entreprise parce qu’elle vouloit empecher le plus violent abus que l’on n’ait jamais fait de la nature humaine[5].
Malheur a tout legislateur
Malheur à tout etat
Multiplication d’esclaves, multiplication de luxe.
Il ne faut pas que dans un etat il y ait un corps de gens malheureux
Gladiateurs et esclaves - marques de fidelité qu’ils donnerent
Les Romains se croyoient dans un etat de grandeur où ils n’avoient plus {f.460v} rien a esperer ni à craindre lorsque trois choses inattendues les mirent en danger de perir
Les Cimbres et les Teutons ennemis inconnus parurent dans un moment et vinrent come Hannibal attaquer Rome dans l’Italie : ils étonnoient par leur nombre, leur ferocité, leurs cris ; enfin ils venoient pour detruire ou pour etre detruits. Marius et Silla eurent le bonheur de les exterminer et reculerent de plusieurs siecles la grande revolution que les nations du Nord devoient faire[6].
Bientôt une guerre s’alluma non moins dangereuse encore parce qu’elle tendoit à mettre en pieces le corps interieur {f.460bisr} de la republique d’ou dependoient toutes les conquêtes du dehors[7] ; on sait que les petites republiques qui étoient autour d’eux leur donnerent une part dans leur propre gouvernement suivant les conventions ou la faveur qu’ils avoient donnés aux colonies qu’ils y avoient envoyées.
Ainsi malgré la corruption generale il resta assez de force a la republique pour resister à trois echecs qui lui vinrent coup sur coup, la guerre des Cimbres et des Teutons, la guerre des esclaves, et celle des gladiateurs[8], et elle se tira de ces trois affaires d’autant plus heureusement qu’elle detruisit les Teutons presque sans resistance et se défit des deux autres sans alterer son {f.460bisv} gouvernement, au lieu que dans la guerre sociale[9] et dans la paix qui suivit elle l’altera entierrement.

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Main principale Q

2195

Denombrement des flottes de Licinius et de Constantin : celles de Licinius plus fortes possedant l’Egypte qui avoit 80 triremes, la Phenicie 80, l’Ionie, la Dorie 60, la Chypre 30, la Carie 20, la Bithinie 39. Zozime p. 114[1].

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Main principale Q

2196

Quand la loi atinienne permit selon Aulugele 14-18. aux senateurs d’etre {f.461r} tribuns, cet emploi etabli pour tenir en bride le senat, perdit son utilité[1].

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Main principale Q


2192

n1.

Le Palus-Méotide, nom donné depuis l’Antiquité à l’actuelle mer d’Azov (Olfert Dapper, Description exacte des îles de l’Archipel et de quelques autres adjacentes […], Amsterdam, G. Gallet, 1703, p. 519).

2192

n2.

Jornandès, Histoire des Goths, IV. Sur l’édition possédée par Montesquieu, voir nº 1727, note 2.

2193

n1.

« Sous l’empire de Valérien et de Gallien, les Scythes traversèrent le fleuve Ister, pillèrent à nouveau la Thrace et assiégèrent Thessalonique, la cité des Illyens » (nous traduisons en rétablissant le texte car la citation est fautive : « Thraciam rursum » et non « murum ».).

2193

n2.

« Frappés de crainte, les Grecs protégèrent les Thermopyles en envoyant un corps de garde ; les Athéniens restaurèrent le mur démoli depuis l’époque de Sylla ; les Péloponnésiens fortifièrent l’Isthme en construisant un mur de la mer jusqu’à la mer ; les Scythes, chargés de butin, se replièrent chez eux » (nous traduisons en rétablissant le texte car la citation est fautive : « temporibus dirutum restauraverunt » et non « dircitum reparaverunt », « Scythæ vero spoliis onusti » et non « Sithæ incolis onusti »).

2193

n3.

La pagination correspond à l’édition de la Chronographia ab Adamo usque ad Diocletianum de Georges le Moine ou Syncelle, version grec-latin, J. Goar (éd.), Paris, Imprimerie royale, 1652) ; sur cette période, voir Romains, XVI, p. 221-222.

2194

n1.

« Des mines d’or et d’argent » (nous traduisons).

2194

n2.

Voir Tacite, Annales, XIV, 42-45 ; cf. EL, XV, 16 ; nº 643, 1838.

2194

n3.

Suétone, Vie de Claude, XXV, 4.

2194

n4.

L’expression « ennemis naturels » à propos des esclaves est employée dans L’Esprit des lois (XV, 13).

2194

n5.

Sur la légitimité de la révolte de Spartacus, voir nº 174 (in fine).

2194

n6.

Le passage « Les Romains se croyoient […] devoient faire » reprend le nº 605, qui cependant ne mentionnait pas Sylla (« Silla »).

2194

n7.

Il s’agit de la guerre marsique ou guerre sociale (voir ci-après).

2194

n8.

La guerre des gladiateurs (Appien, Les Guerres civiles, I, 18) désigne la troisième guerre servile menée par Spartacus (73-71 av. J.-C.).

2194

n9.

L’expression guerre sociale, employée et commentée par Florus (XIX), désigne la guerre marsique qui opposa Rome à ses alliés italiens (91-89 ou 88 av. J.-C.).

2195

n1.

Le texte de Zosime parle de 30 trirèmes pour la Bythinie et non de 39. La pagination (p. 114) ne correspond à aucune de celles des éditions possédées par Montesquieu (Zosimi comitis et exaduocati fisci Historiæ novæ libri sex […], Bâle, [P. Pernæ], [1576], liv. II, p. 28 – Catalogue, nº 2732 ; Herodiani Historiæ libri VIII, […] adjecti sunt etiam Zosimi comitis Historiarum Herodianicas libri duo […], Lyon, P. Ravaud, 1624, p. 424 – Catalogue, nº 2841 ; année 316 apr. J.-C.)

2196

n1.

L’instauration du plébiscite atinien (du nom du tribun Atinius Labeo) est située en 131 av. J.-C. ; il est mentionné par Aulu-Gelle (Nuits attiques, XIV, 8) et s’il a donné lieu à des interprétations différentes (par ce plébiscite les tribuns de la plèbe auraient dû être d’abord sénateurs ou auraient joui des droits des sénateurs), aucune ne correspond à celle de Montesquieu ; voir Robert Develin, « The Atinian Plebiscite, Tribunes and the Senate », The Classical Quaterly, vol. 28, nº 1, 1978, p. 141-144.