Afficher Masquer
Passages biffés :
Sauts de pages :
Changements de mains :
Mots clés en marge
(main T) :
DistinguerIntégrer
Corrections du transcripteur :

Fermer

Accueil|Présentation du projet|Abréviations|Introductions|Texte|Index

Français|English Contacts

Volume I|Volume II|Volume III|Citer le texte et les notes| Écritures|Affichage

Pensées 2242 à 2246

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

Fermer

M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

Fermer

Pensées, volume III

2242

Je n’ay plus que deux affaires l’une de scavoir estre malade l’autre de sçavoir mourir :

Main principale M

2243

Je disois de Voltaire gardes vous de mourir le martir de vos anecdotes ny le confesseur de vos poesies

- - - - -

Main principale M

2244

{f.467r} Continuation des materiaux des Romains
Voyes p 463 vº[1] :

[Passage à la main R] Il s’en faut bien que les triomphes où le peuple romain vit passer devant luy les images de tant de rois qu’ils ne connoissoient pas fut un spectacle si doux pour luy que ceux où avec ce plaisir que donne la haine il voyoit passer les troupeaux des Volsques et porter les armes brisées des Samnites.
[f.467v à f.471v] Neuf pages blanches

Passage de la main M à la main R

2245

{f.472r} [Passage à la main Q] Materiaux de dissertations pour l’academie de Bordeaux qui ne sont point dignes de paroitre

J’avois fait une dissertation à l’academie de Bordeaux sur les dieux animaux  ; elle ne valloit rien. Voici ce que j’en ai tiré[1].
Varron grand theologien admettoit trois sortes de divinités ; les dieux celestes, les dieux hommes et les dieux animaux[2].
Labeon, souvent cité par Macrobe, (il ne parloit gueres que des dieux penates et des dieux hommes) avoit fait plusieurs livres sur les dieux animaux[3]. Son systême etoit qu’il y avoit de certains sacrifices, par le moyen desquels les ames humaines étoient changées en dieux apellés animaux, parce qu’ils avoient été tels, voyez Lilius Giraldus p. 85[4] :
Duris Samien Tzetses et Pausanias fletrissent la reputation la mieux établie qui soit dans l’antiquité (c’est Penelope)
{f.472v} Mercure qui entra dans son palais sous la figure d’un bouc, la rendit mere de Pan[5].
Il etablit son empire dans les forets, ses sujets furent des bergers, qui se regardant eux mêmes comme les seuls hommes et leurs cabanes comme les seules villes du monde, le regarderent aussi comme le dieu de toute la nature.
Cette opinion choque beaucoup la chronologie ; ainsi n’ôtons point aux femmes un model qui leur fait honneur, les grands exemples doivent étre respectés. La naissance de Pan n’apartient point aux tems historiques et les dieux étoient tous faits du tems du siege de Troye.
Dans ma dissertation, je disois que toutes ces troupes de satires, que les premiers hommes prirent pour des dieux, et que les historiens prirent ensuitte pour des peuples, n’etoient que le singe-chevre, et je citois Nicephore livre 9e. et Philostorge liv. 3. qui nous aprennent qu’il y a plusieurs especes de {f.473r} singes dans l’Affrique et l’Arabie qui ont raport avec plusieurs animaux. Le singe-lion le singe-ours le singe-chevre, ægopileus[6] ;
Le culte de Pan diminua a mesure que les hommes se degouterent de la vie champetre. Il tomba avec ses adorateurs. Les Arcadiens confondoient Jupiter avec Pan. Pausanias dit que Licaon consacra les Lupercales à Jupiter[7] ; donc Jupiter et Pan étoient la même chose chez eux.
Pan, selon Ovide, baisa si brutalement Diane que de là vinrent les taches que l’on aperçoit dans la lune[8]. Les docteurs mahometans disent que l’ange Gabriel volant prés de la lune, la froissa si rudement d’une de ses aîles qu’il lui fit ces marques noires que nous y voions[9].
Les docteurs indiens qui poussent des cris horribles, lorsque la lune s’eclipse, afin d’epouvanter le dragon qui va la devorer s’imaginent, sans doute, que ces taches sont des coups de griffes de cet animal[10].
Evander porta en Italie le culte de Pan. Il étoit un berger, car il étoit arcadien. Les mythologistes composent tout comme deux {f.473v} sectes ; les uns plus attachés a la lettre distinguent toutes les divinités et les multiplient, les autres plus subtils les raprochent tous, et les simplifient ; ainsi quoique Faunus eut regné dans le Latium, que son pere y eut regné, que son ayeul Saturne eut transmis l’empire à ses descendans[11], une certaine conformité avec Pan, lui a fait perdre sa patrie, son royaume et il s’est trouvé aneanti dans les idées de gens qui ont voulu faire flechir l’histoire pour faire honneur à la fable : ainsi quoique dans la suitte ont leur ait décerné les mêmes fêtes, je croi que l’un étoit d’Arcadie et l’autre un prince ausonien[12]. Plutarque dit qu’Antoine se fit tirer dans un chariot tout nud par quarante dames aussi toutes nües[13]. Ces infames ceremonies ne furent abolies qu’en 496 : sous Theodoric en Italie, par le pape Gelase, même avec assez de peine selon Onufre et Baronius[14].
Je commencois ainsi ma dissertation comme il ne faut tromper personne, je suis obligé d’avertir qu’il n’y a peut être pas un mot de verité dans tout ce que je vais dire.
{f.474r} Il y a un vuide dans les premiers tems, que tout le monde est convenu de remplir. Esiode[15], Homere, Virgile, Ovide, auteurs les moins graves qu’il y ait sont dans leur territoire aussi écoutés que les autres ecrivains.
Les dieux penates ainsi apellés quand ils étoient de bons genies, et Lemures quand ils étoient de mauvais genies[16]. Peut être que le livre qu’Aristote avoit écrit, au raport de Servius, sur les dieux animaux, contenoit un systême semblable à celui de Labeon[17].
On croioit que ces dieux animaux avoient une grande connaissance de l’avenir et cela joint avec la puissance de nuire, faisoit toute leur divinité ; car d’ailleurs on [ne] les croioit pas immortels ; ils étoient sujets à la mort comme les hommes[18] ; ils avoient des ages ils vieillissoient. Les satires dans leur vieillesse étoient apelés Silenes, c’est Pausanias qui nous l’apprend[19].
Il n’y a point d’animal qui soit plus susceptible de varietés que le singe, et enim {f.474v} propter salacitatem omnia cujusvis speciei animalia appetunt[20].
Par un de ces points d’honneur fort en usage chez les dieux, il y eut une dispute entre Apollon et Pan sur le savoir faire en musique Midas fut choisi pour arbitre entre l’inventeur de la flute et l’inventeur de la lire[21].

Passage de la main R à la main Q

2246

{f.475r} Materiaux divers

[Passage à la main V] Monsr Rollin m’avoit prié de luy faire une epitre dedicatoire pour Mr le Duc de Richelieu[1], je fis celle cy mais comme elle n’etoit pas assés respectueuse je ne la luy donnay pas.
Je voudrois dedier mon ouvrage a un grand homme, ce n’est point a celuy qui scut assurer la liberté d’une republique alliée[2], ny a celuy qui rappella a Fontenoy la victoire, qui alloit s’egarer, ny a celuy, qui envoyé dans le Languedoc fut le conciliateur de tous les esprits ; encore moins a celuy [à] qui comme on l’a dit dans nos provinces une fée qui presidoit [une lettre biffée non déchiffrée] a sa naissance defendit d’aimer et ordonna de plaire mais a celuy qui connoit et protége les sciences et les arts[3] et qui accorde au mien[4] une faveur particuliere. Puisse-t-il jetter sur moy quelque regard favorable. Je lisois dans les poëtes que les dieux quelquefois descendoient sur la terre et se communiquoient aux mortels.

Passage de la main Q à la main V


2244

n1.

Suite des rejets des Romains, annoncée au début du nº 2203.

2245

n1.

La Dissertation sur les dieux animaux, dont l’idée avait été suggérée à Montesquieu par un article du recueil que lui confia le père Desmolets (Spicilège, nº 164), fut lue sous le titre Dissertation sur les satyres à l’académie de Bordeaux, vers 1724-1727, d’après Salvatore Rotta (« Montesquieu et le paganisme ancien », CM, nº 1, 1993, Lectures de Montesquieu, p. 152). Nous renvoyons à son commentaire de ce texte (ibid., p. 156-164).

2245

n2.

Varron est l’auteur des Antiquités divines, connues par Tertullien, Augustin, Macrobe, qui présentaient une théologie romaine tripartite mais pas cette classification des dieux ; voir saint Augustin, La Cité de Dieu, VI, 3 – Catalogue, nº 300 ; Tertullien, Aux nations, II, 3 ; Jean Pépin, « La théologie tripartite de Varron », Revue des études augustiniennes, t. II, nº 2, 1956, p. 266-294 et Salvatore Rotta, « Montesquieu et le paganisme ancien », CM, nº 1, 1993, Lectures de Montesquieu, p. 163-164.

2245

n3.

Cornelius Labeon est mentionné par Macrobe comme auteur d’un De oraculo Apollinis Clarii et de Fastes (Saturnales, I, 18 et 16), mais c’est Giraldi qui lui attribue des livres sur les dieux animaux (De deis gentium varia et multiplex historia, Bâle, J. Oporinum, 1548, p. 607B). Sur Giraldi, voir nº 860, note 1.

2245

n4.

Pagination de l’extrait et non de l’édition utilisée par Montesquieu. Celui-ci traduit Giraldi résumant la thèse de Labeon (De deis gentium varia et multiplex historia, Bâle, J. Oporinum, 1548, p. 607B).

2245

n5.

Les sources de cette légende, parmi lesquelles Douris de Samos (« Duris Samien »), l’érudit byzantin Jean Tzétzès et Pausanias, sont mentionnées dans une addition consacrée aux Lupercales et à Pan, de Thomas Dempster, addition à l’ouvrage de Johann Rossfeld possédé par Montesquieu (Johannis Rosini Antiquitatum Romanorum, Utrecht, G. Vande Water, 1701, p. 192-193 – Catalogue, nº 2869 pour l’édition de Paris, 1613). Bayle s’y référait dans la note (F) de l’article « Penelope » du Dictionnaire historique et critique (1re éd., Rotterdam, Reinier Leers, 1697) mais pour souligner le peu de fiabilité des auteurs allégués et il relevait que Tzétzès attribuait à une autre Pénélope qu’à la femme d’Ulysse l’origine de Pan. Sur la polémique autour de la vertu de Pénélope, voir Salvatore Rotta, « Montesquieu et le paganisme ancien », CM, nº 1, 1993, Lectures de Montesquieu, p. 156-157 et note 36.

2245

n6.

Comme l’a souligné Salvatore Rotta (« Montesquieu et le paganisme ancien », CM, nº 1, 1993, Lectures de Montesquieu, p. 160), Montesquieu a pu utiliser une seule et même source, l’édition de Philostorge par Jacques Godefroy qui se réfère à Nicéphore dans son commentaire (Philostorgii Cappadocis […], Historiæ ecclesiasticæ libri XII, Lyon, J. Chouët, 1643, 2 t. en 1 vol., avec 2 paginations : voir en particulier « Dissertationes in Philostorgium », p. 134 et 136 – Catalogue, nº 254, pour l’édition de Genève de 1642). Le terme ægopileus est la transcription fautive de la traduction latine du grec Αιγοπιθηκον (aegopithecus, le singe-chèvre ; ibid., liv. III, § 11, p. 40) ; voir Spicilège, nº 164.

2245

n7.

Sur le mont Lycée en Arcadie se trouvait un sanctuaire de Pan où l’on célébrait les fêtes dites Lykaia (Pausanias, Description de la Grèce, VIII, 38, 5). Le fils de Pélage, Lycaon, roi d’Arcadie, consacra à Jupiter ces fêtes (ibid., VIII, 2, 1), assimilées ensuite aux Lupercales des Romains : voir Giraldi, De deis gentium varia et multiplex historia, Bâle, J. Oporinum, 1548, p. 682.

2245

n8.

Source non identifiée. Bayle attribue cette légende, non à Ovide, mais à Marino, le « Cavalier Marin », auteur de L’Adone (Dictionnaire historique et critique, 1re éd., Rotterdam, Reinier Leers, 1697, article « Adonis », note (D)).

2245

n9.

Cette croyance est mentionnée par Marana dans L’Espion dans les Cours des princes chrétiens, Cologne, E. Kinkius, 1700, t. II, p. 30 – Catalogue, nº 672, éd. de 1717.

2245

n10.

Ces superstitions sont évoquées par François Bernier (Voyages de François Bernier, contenant la description des États du Grand Mogol, de l’Hindoustan, du royaume de Cachemire, Amsterdam, P. Marret, 1710, t. II, p. 100 et 154 – Catalogue, nº 2735 ; extrait dans Geographica, p. 325-345) ; voir aussi Fontenelle dans ses Entretiens sur la pluralité des mondes [1686], dans Œuvres, Paris, M. Brunet, 1742, t. II, p. 59-60.

2245

n11.

Virgile, Énéide, VII, 48-49.

2245

n12.

Ausonien est employé pour italien dans la langue poétique ; voir Virgile, Énéide, IV, 346 et VII, 233.

2245

n13.

Plutarque évoque l’entrée d’Antoine à Éphèse, précédé par des femmes habillées en bacchantes mais sans référence à leur nombre ni à leur nudité (Vie d’Antoine, XXIV, 4).

2245

n14.

Gélase Ier, pape de 492 à 496, interdit la fête des Lupercales et rencontra, selon Baronius, une résistance, y compris de la part de chrétiens (Annales ecclesiastici ex XII tomis […] in epitomen redacti, opera Henrici Spondani, Paris, D. de la Nouë, 1613, p. 609-610 ; Montesquieu possède l’édition de 1722 de l’épitomé de Jean de Sponde) ; « Onufre » désigne Onofrio Panvinio, l’auteur des Fastorum libri V (Heidelberg, 1588 – Catalogue, nº 2860).

2245

n15.

Lire : Hésiode.

2245

n16.

Montesquieu suit Giraldi (De deis gentium varia et multiplex historia, Bâle, J. Oporinum, 1548, p. 295A – Catalogue, nº 2245-2245 bis pour les Opera omnia, Bâle, T. Guerinus, 1580).

2245

n17.

Montesquieu emprunte à Giraldi la référence à cet ouvrage attribué par Servius à Aristote (De deis gentium varia et multiplex historia, Bâle, J. Oporinum, 1548, p. 607B – Catalogue, nº 2245-2245 bis pour les Opera omnia, Bâle, T. Guerinus, 1580) ; sur Servius, voir nº 866.

2245

n18.

Montesquieu suit Giraldi (De deis gentium varia et multiplex historia, Bâle, J. Oporinum, 1548, p. 608B).

2245

n19.

Pausanias, Description de la Grèce, I, 23, § 5.

2245

n20.

« En effet, par lascivité, [les singes] désirent tous les animaux, quelle que soit l’espèce » (nous traduisons). Comme l’a souligné Salvatore Rotta, Montesquieu pense ici à l’hybridation pour rendre compte de ces dieux animaux, comme plus haut il assimilait les satyres à la variété des singes-chèvres, identifiée par Philostorge (Salvatore Rotta, « Montesquieu et le paganisme ancien », CM, nº 1, 1993, Lectures de Montesquieu, p. 161-162).

2245

n21.

Ovide, Métamorphoses, XI, 150-165.

2246

n1.

Sur Joseph Raulin, voir nº 2091. L’épître dédicatoire adressée à « Monseigneur le duc de Richelieu et de Fronsac, pair et maréchal de France » en tête de ses Observations de médecine (Paris, Moreau et Delaguette, 1754, p. iii-iv) faisait allusion aux mêmes titres de gloire du dédicataire que dans cette ébauche mais elle était plus « respectueuse », en omettant d’évoquer ses talents de séducteur (« defendit d’aimer et ordonna de plaire »). En effet, ce mécène, soutien de Voltaire, était surnommé « l’Alcibiade français » pour sa réputation d’homme à bonnes fortunes, qui alimentera des mémoires apocryphes : voir l’introduction de Benedetta Craveri à la Vie privée du maréchal de Richelieu, Paris, Desjonquères, 1993, p. 7-14. Cette épître dédicatoire se trouve dans des Pièces variées contenues dans le carton VI des manuscrits conservés à La Brède (BM Bordeaux, ms 2506/1) ; voir CM, nº 7, 2001, L’Atelier de Montesquieu. Manuscrits inédits de La Brède, C. Volpilhac-Auger (éd.), p.  150-151.

2246

n2.

Gênes, que le maréchal délivre de l’occupation autrichienne en 1747.

2246

n3.

Lieutenant général et commandant du Languedoc, il fut chargé par le roi, en 1752, d’engager les évêques de la province à adopter une attitude modérée à l’égard des protestants nouvellement convertis (John Pappas, « La répression contre les protestants dans la seconde moitié du siècle », Dix-huitième siècle, nº 17, 1985, p. 111-128).

2246

n4.

La médecine.